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Côte d''Ivoire

De Marcoussis à Accra, toujours l’impasse

Le président John Kufuor du Ghana, en sa qualité de président en exercice de la CEDEAO, profite de la fête nationale de son pays, le 6 mars, pour associer à son invité spécial, le président ivoirien Laurent Gbagbo, tous les participants de la table ronde de Marcoussis sur la crise ivoirienne. Le président du Comité de suivi pour l’application de l’accord de Marcoussis, Albert Tévoédjrè participe également aux rencontres.
Accra ne sera pas un autre Marcoussis, puisqu’on n’en tirera aucun accord. Tous les invités à Accra en conviennent et même si Accra n’est pas un Marcoussis bis, il y ressemble. Les mêmes protagonistes se retrouvent, mais cette fois pour aborder les points de blocage qui retardent la formation d’un gouvernement de transition et de réconciliation nationale. Pour Albert Tévoédjrè, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU et président du comité de suivi, et qui revendique l’initiative de la rencontre d’Accra, ces retrouvailles permettront «par une lecture différenciée des accords d’harmoniser la perception des accords ; elles seront aussi une belle occasion pour le Premier ministre de consensus de poursuivre ses contacts pour mettre la dernière main à son gouvernement qu’il devra proposer à la signature du président Laurent Gbagbo», affirme-t-il. Mais cet optimisme affiché n’est pas partagé par tous les protagonistes.

Et puisque Accra ne sera pas un autre Marcoussis, «rien n’est à négocier» laissent entendre les représentants des rebelles du MPCI, du MPIGO et du MJP. Ils avaient partager les mêmes opinions avec le RDR au sujet du projet de gouvernement proposé la semaine dernière par le président Gbagbo. Les rebelles et tous les autres partis politique de l’opposition avaient jugé le projet en contradiction avec l’esprit de l’accord de Marcoussis. Pour le FPI au pouvoir, le parti du président, «il est hors de question de confier les ministères de l’Intérieur et de la Défense à des représentants de Forces nouvelles», l’association des mouvements rebelles. Or ces derniers estiment avoir fait la démonstration que le pouvoir d’Abidjan ne maîtrisait pas la situation liée à l’administration territoriale ni les questions militaires du pays.

Mais, selon Hackman Awusu-Agyemang, le ministre ghanéen des Affaires étrangères, les rebelles auraient accepté de renoncer aux portefeuilles de la Défense et de l’Intérieur, «en échange de quelque chose de raisonnable», annonce-t-il. Mais les documents qui ont fondé la conviction du ministre ghanéen ont rencontré «de nouvelles difficultés avant la signature avec un groupe en particulier», déclare le ministre ghanéen sans autres précisions. Et le président John Kufuor de rappeler ses hôtes à leurs responsabilités. «Si rien ne sort d’ici, vous en serez accusés par l’histoire», a-t-il dit. Tant l’essoufflement du Premier ministre, Seydou Diarra est flagrant. Sur le même ton Albert Tévoédjrè avertit : «A Accra, personne n’aura intérêt que la consensus fait autour de sa personne (Seydou Diarra), se rompe parce qu’il faudra tout reprendre à zéro».

Les rebelles accusent le pouvoir FPI d’entraver l’application «simple de l’accord de Marcoussis». Félix Doh du MPIGO se plaint des attaques quotidiennes des forces gouvernementales dont les villages sous contrôle des forces rebelles seraient victimes. «Nous préparons à l’endroit de la communauté internationale, des rapports sur la violation du cessez-le-feu avant de prendre nos responsabilités», dit-il. Par ailleurs, il affirme ne rien retenir de la rencontre d’Accra, si ce n’est la «confirmation que Gbagbo et le FPI rejettent en bloc tout ce à quoi ils se sont engagés en France». En effet, la création d’un Conseil de sécurité national, la super-structure qui coifferait les ministères de la Défense et de l’Intérieur, proposée par le FPI, n’emporte pas les faveurs des mouvements rebelles et des autres partis politiques. Ils jugent la proposition en contradiction avec l’accord de Marcoussis, si cet organe n’est pas sous la responsabilité directe du Premier ministre. Or, le pouvoir invoque la Constitution pour placer ce Conseil de sécurité sous l’autorité du président de la République.

A Accra, et malgré les avertissements sous forme d’obligation, les autorités ghanéennes et le président du Comité de suivi n’ont obtenu des Ivoiriens que de maigres avancées, qui se résument finalement à leurs dispositions à se rendre aux convocations des différents parrains du règlement du conflit.



par Didier  Samson

Article publié le 07/03/2003