Côte d''Ivoire
Un gouvernement pléthorique
Le Premier ministre Seydou Diarra a pris officiellement ses fonctions lors d’une brève passation des pouvoirs avec Pascal Affi N’Guessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI). Le nouveau Premier ministre a prévu d’annoncer la composition de la nouvelle équipe le 13 mars à Yamoussoukro, la capitale administrative et politique du pays.
Seydou Diarra et Pascal Affi N’Guessan sont deux Premiers ministres qui se connaissent bien. Aujourd’hui Pascal Affi N’Guessan rend les clefs de la primature à Seydou Diarra qui les avaient déjà transmises en 2000. Le nouveau Premier ministre s’est amusé du jeu de «ping-pong» qui s’est instauré malgré eux. Au bord de l’épuisement, il y a quelques jours, Seydou Diarra a retrouvé le souffle et la force de conduire une équipe de réconciliation nationale en Côte d’Ivoire. L’ultime étape d’Accra qu’il s’était fixée lui a été bénéfique. Tous les protagonistes s’étaient retrouvés dans la capitale ghanéenne à l’invitation du président John Kufuor, pour parler du respect de l’esprit de l’accord de Marcoussis et des entendus du mini sommet de la rue Kléber à Paris. Finalement opposants et partisans desdits accords repartent d’Accra tous aussi satisfaits les uns que les autres.
Enfin, les représentants des partis politiques et des mouvements rebelles de Côte d’Ivoire ont fini par trouver un terrain d’entente. Le projet de gouvernement du président Laurent Gbagbo qui prévoyait 46 postes ministériels a été rejeté et une nouvelle mouture a fixé le nombre à 41. Les politiciens ivoiriens ont probablement tous en mémoire le gouvernement de quarante membres, dans les années quatre-vingts, sous Félix Houphouët-Boigny, qualifié de «Ali Baba et les quarante voleurs». La réaction du président avait été prompte. Il a sacrifié un ministère pour stopper les railleries de la rue d’Abidjan. En tout cas ce chiffre fait de l’actuel gouvernement à nommer, l’équipe la plus pléthorique qu’ait connu la Côte d’Ivoire.
Marcoussis revu et corrigé
Tous les participants aux rencontres d’Accra, se sont persuadés de ne jamais renégocier Marcoussis, ni Kléber et pourtant c’est bien ce qui s’est passé. Certes, les motivations des uns et des autres étaient opposées, mais le résultat reste bien la redistribution des cartes et la création d’un nouvel organe que l’accord de Marcoussis n’avait pas prévue: le Conseil national de sécurité (CNS). Ce supplétif de l’accord de Marcoussis a eu le mérite de débloquer une situation figée depuis la fin janvier et qui empêchait l’installation d’un gouvernement de réconciliation nationale. Laurent Gbagbo et ses partisans se sont opposés à l’attribution des ministères de l’Intérieur et de la Défense aux rebelles du MPCI qui, eux, les réclamaient comme une promesse et un dû.
La proposition d’un Conseil national de sécurité, une super structure au dessus des ministères de l’Intérieur et de la Défense, a calmé les toutes les ardeurs. Le MPCI n’enlève pas ces deux ministères, le FPI non plus. Le CNS gérera ces deux ministères dits de souveraineté et sera composé de quinze membres: dix représentants des forces politiques signataires de l’accord de Marcoussis, trois cadres des forces de défense et de sécurité, une personnalité désignée par le président de la République et une autre par le Premier ministre. De cette équipe émergeront deux personnes qui occuperont les fauteuils des ministères de l’Intérieur et de la Défense. Les textes ne disent pas leur mode de désignation. Mais en revanche, ils prévoient la présidence par intérim du CNS, confiée au chef de l’Etat qui s’est engagé à son tour, à signer par décret la délégation de ses pouvoirs au Premier ministre. Le président Laurent Gbagbo vient d’ailleurs de déléguer par décret de larges pouvoirs au Premier ministre qui nommera son gouvernement dès le 13 mars et s'attaquera immédiatement à sa première priorité: la sécurité intérieure.
En attendant de mettre des noms sur des postes ministériels, la répartition suivante a été faite. Le FPI détient dix ministères dont deux d’Etat, Economie et Finances et Mines et énergie; le PDCI enlève sept ministères dont deux d’Etat, Affaires étrangères et Infrastructures économiques; le RDR, sept également dont deux d’Etat, la Justice et l’Agriculture; le MPCI, sept ministères dont deux d’Etat, l’Administration territoriale, la Communication; l’UDPCI remporte deux ministères dont un d’Etat, Santé et population, le PIT deux ministères dont un d’Etat, celui de l’Environnement; le MFA remporte le ministère des Transports, ministère d’Etat; l’UDCY, un ministère d’Etat, celui de l’Intégration régionale et de l’Union africaine; le MJP le ministère de l’enseignement technique et la Formation professionnelle, et le MPIGO le ministère des petites et moyennes entreprises.
A la lecture des nouveaux départements créés, il apparaît évident que certains postes n’ont de raison d’être que contenter les partis politiques. Par exemple un ministère de Lutte contre le sida (FPI) existe indépendamment de celui de la Santé (UDPCI), pour ne citer que ce cas. Mais si la réconciliation est à ce prix, l’aventure mérite peut-être d’être engagée.
Enfin, les représentants des partis politiques et des mouvements rebelles de Côte d’Ivoire ont fini par trouver un terrain d’entente. Le projet de gouvernement du président Laurent Gbagbo qui prévoyait 46 postes ministériels a été rejeté et une nouvelle mouture a fixé le nombre à 41. Les politiciens ivoiriens ont probablement tous en mémoire le gouvernement de quarante membres, dans les années quatre-vingts, sous Félix Houphouët-Boigny, qualifié de «Ali Baba et les quarante voleurs». La réaction du président avait été prompte. Il a sacrifié un ministère pour stopper les railleries de la rue d’Abidjan. En tout cas ce chiffre fait de l’actuel gouvernement à nommer, l’équipe la plus pléthorique qu’ait connu la Côte d’Ivoire.
Marcoussis revu et corrigé
Tous les participants aux rencontres d’Accra, se sont persuadés de ne jamais renégocier Marcoussis, ni Kléber et pourtant c’est bien ce qui s’est passé. Certes, les motivations des uns et des autres étaient opposées, mais le résultat reste bien la redistribution des cartes et la création d’un nouvel organe que l’accord de Marcoussis n’avait pas prévue: le Conseil national de sécurité (CNS). Ce supplétif de l’accord de Marcoussis a eu le mérite de débloquer une situation figée depuis la fin janvier et qui empêchait l’installation d’un gouvernement de réconciliation nationale. Laurent Gbagbo et ses partisans se sont opposés à l’attribution des ministères de l’Intérieur et de la Défense aux rebelles du MPCI qui, eux, les réclamaient comme une promesse et un dû.
La proposition d’un Conseil national de sécurité, une super structure au dessus des ministères de l’Intérieur et de la Défense, a calmé les toutes les ardeurs. Le MPCI n’enlève pas ces deux ministères, le FPI non plus. Le CNS gérera ces deux ministères dits de souveraineté et sera composé de quinze membres: dix représentants des forces politiques signataires de l’accord de Marcoussis, trois cadres des forces de défense et de sécurité, une personnalité désignée par le président de la République et une autre par le Premier ministre. De cette équipe émergeront deux personnes qui occuperont les fauteuils des ministères de l’Intérieur et de la Défense. Les textes ne disent pas leur mode de désignation. Mais en revanche, ils prévoient la présidence par intérim du CNS, confiée au chef de l’Etat qui s’est engagé à son tour, à signer par décret la délégation de ses pouvoirs au Premier ministre. Le président Laurent Gbagbo vient d’ailleurs de déléguer par décret de larges pouvoirs au Premier ministre qui nommera son gouvernement dès le 13 mars et s'attaquera immédiatement à sa première priorité: la sécurité intérieure.
En attendant de mettre des noms sur des postes ministériels, la répartition suivante a été faite. Le FPI détient dix ministères dont deux d’Etat, Economie et Finances et Mines et énergie; le PDCI enlève sept ministères dont deux d’Etat, Affaires étrangères et Infrastructures économiques; le RDR, sept également dont deux d’Etat, la Justice et l’Agriculture; le MPCI, sept ministères dont deux d’Etat, l’Administration territoriale, la Communication; l’UDPCI remporte deux ministères dont un d’Etat, Santé et population, le PIT deux ministères dont un d’Etat, celui de l’Environnement; le MFA remporte le ministère des Transports, ministère d’Etat; l’UDCY, un ministère d’Etat, celui de l’Intégration régionale et de l’Union africaine; le MJP le ministère de l’enseignement technique et la Formation professionnelle, et le MPIGO le ministère des petites et moyennes entreprises.
A la lecture des nouveaux départements créés, il apparaît évident que certains postes n’ont de raison d’être que contenter les partis politiques. Par exemple un ministère de Lutte contre le sida (FPI) existe indépendamment de celui de la Santé (UDPCI), pour ne citer que ce cas. Mais si la réconciliation est à ce prix, l’aventure mérite peut-être d’être engagée.
par Didier Samson
Article publié le 11/03/2003