Côte d''Ivoire
Le gouvernement sans les rebelles
Le gouvernement de réconciliation nationale n’est toujours pas au complet. Les mouvements rebelles refusent toujours de siéger, posant de nombreux préalables à leur participation. Les deux postes ministériels, Défense et Intérieur, objets de litige sont maintenant pourvus, mais les rebelles restent fermes sur leurs positions.
Le président Laurent Gbagbo vient de signer un décret nommant à «titre intérimaire» Adou Assoa, ministre de la Défense et Fofana Zémogo ministre de l’Intérieur. L’originalité dans ces nominations est que ces deux hommes sont déjà membres du gouvernement de réconciliation. Adou Assoa membre du FPI, parti au pouvoir, est déjà ministre des Eaux et forêts, alors que Fofana Zémogo du RDR occupe celui de l’Enseignement supérieur. C’est pourquoi le décret présidentiel précise que l’attribution de ces postes se fait à «titre intérimaire». Ces ministres ne quittent pas leurs fonctions premières en attendant que des nominations définitives n’interviennent.
Laurent Gbagbo a pris cette décision pour plusieurs raisons. D’abord, faire sauter l’argument des mouvements rebelles qui refusent de participer à un gouvernement où des postes aussi importants ne sont pas pourvus. Par ailleurs, le choix dans les rangs du RDR et du FPI est motivé par le souci de calmer quelques protestations et mouvements d’humeur. Dans les instances dirigeantes du RDR, on commençait par ne plus supporter le veto du président à la nomination de Kandia Camara, au poste de ministre de la Famille, de la femme et de l’enfant. L’intransigeance du président de la République a rencontré celle du RDR qui se réfère aux dispositions de l’accord de Marcoussis complété par Accra pour dénier à Laurent Gbagbo le pouvoir de s’opposer au choix d’un parti participant à une coalition gouvernementale. La nomination de Fofana Zémogo a donc valeur de compromis. Du coup, les revendications du RDR ne se font plus aussi insistantes. Du côté du FPI, les jeunes dits «patriotes», reprochent aux leaders du parti de faire trop de concessions aux rebelles. L’auto attribution d’un nouveau ministère, celui de la Défense, baptisé «ministère de souveraineté», est un signal de maîtrise de la situation lancé vers la base.
Le président a repris la main
Sur le plan politique, ces nominations confortent le pouvoir du président. Face à l’incapacité du Premier ministre Seydou Diarra à proposer deux personnes issues des rangs du Conseil national de sécurité pour les postes de ministre de l’Intérieur et de la Défense, le président de la République a repris la main. Il veut imposer ses choix, lui qui a de plus en plus l’impression de perdre les rênes du pouvoir. Mais ces nominations par décret sont contraires à l’esprit de l’accord de Marcoussis complété par Accra, qui fait du consensus le principe de conduite du gouvernement de réconciliation nationale et de transition. Par ailleurs, ces mêmes accords ont attribué un nombre fixe de fauteuils ministériels à chaque parti politique. Or, les nominations par décret pour des postes même à «titre intérimaire» déséquilibrent le gouvernement et le rapport des forces négocié.
Les différents mouvements rebelles, MPCI, MJP et MPIGO ont rejeté en bloc les décrets présidentiels et refusent de participer au troisième conseil des ministres du gouvernement Seydou Diarra. Les leaders rebelles ont même refusé de faire le voyage de Yamoussoukro, préférant animer des meetings d’explication dans les zones sous leur contrôle. C’est pourquoi le président du comité de suivi, Albert Tévoédjrè, a décidé de se rendre à Bouaké, fief des rebelles, puis à Ouagadougou, à Accra et à Cotonou pour une tournée d’explication et de recherche de solutions de compromis.
Les mouvement rebelles de l’ouest, MJP et MPIGO, lui adressent également une invitation à se rendre à Man ou encore à Toulépleu «où les Fanci (Forces armées nationales de Côte d’Ivoire) violent quotidiennement tous les accords de cessation des hostilités» affirment Félix Doh, le leader du MPIGO. Du côté du pouvoir on évoque plutôt l’incapacité des mouvements rebelles à contrôler leurs troupes qui se «livrent à des exactions toutes sortes».
Laurent Gbagbo a pris cette décision pour plusieurs raisons. D’abord, faire sauter l’argument des mouvements rebelles qui refusent de participer à un gouvernement où des postes aussi importants ne sont pas pourvus. Par ailleurs, le choix dans les rangs du RDR et du FPI est motivé par le souci de calmer quelques protestations et mouvements d’humeur. Dans les instances dirigeantes du RDR, on commençait par ne plus supporter le veto du président à la nomination de Kandia Camara, au poste de ministre de la Famille, de la femme et de l’enfant. L’intransigeance du président de la République a rencontré celle du RDR qui se réfère aux dispositions de l’accord de Marcoussis complété par Accra pour dénier à Laurent Gbagbo le pouvoir de s’opposer au choix d’un parti participant à une coalition gouvernementale. La nomination de Fofana Zémogo a donc valeur de compromis. Du coup, les revendications du RDR ne se font plus aussi insistantes. Du côté du FPI, les jeunes dits «patriotes», reprochent aux leaders du parti de faire trop de concessions aux rebelles. L’auto attribution d’un nouveau ministère, celui de la Défense, baptisé «ministère de souveraineté», est un signal de maîtrise de la situation lancé vers la base.
Le président a repris la main
Sur le plan politique, ces nominations confortent le pouvoir du président. Face à l’incapacité du Premier ministre Seydou Diarra à proposer deux personnes issues des rangs du Conseil national de sécurité pour les postes de ministre de l’Intérieur et de la Défense, le président de la République a repris la main. Il veut imposer ses choix, lui qui a de plus en plus l’impression de perdre les rênes du pouvoir. Mais ces nominations par décret sont contraires à l’esprit de l’accord de Marcoussis complété par Accra, qui fait du consensus le principe de conduite du gouvernement de réconciliation nationale et de transition. Par ailleurs, ces mêmes accords ont attribué un nombre fixe de fauteuils ministériels à chaque parti politique. Or, les nominations par décret pour des postes même à «titre intérimaire» déséquilibrent le gouvernement et le rapport des forces négocié.
Les différents mouvements rebelles, MPCI, MJP et MPIGO ont rejeté en bloc les décrets présidentiels et refusent de participer au troisième conseil des ministres du gouvernement Seydou Diarra. Les leaders rebelles ont même refusé de faire le voyage de Yamoussoukro, préférant animer des meetings d’explication dans les zones sous leur contrôle. C’est pourquoi le président du comité de suivi, Albert Tévoédjrè, a décidé de se rendre à Bouaké, fief des rebelles, puis à Ouagadougou, à Accra et à Cotonou pour une tournée d’explication et de recherche de solutions de compromis.
Les mouvement rebelles de l’ouest, MJP et MPIGO, lui adressent également une invitation à se rendre à Man ou encore à Toulépleu «où les Fanci (Forces armées nationales de Côte d’Ivoire) violent quotidiennement tous les accords de cessation des hostilités» affirment Félix Doh, le leader du MPIGO. Du côté du pouvoir on évoque plutôt l’incapacité des mouvements rebelles à contrôler leurs troupes qui se «livrent à des exactions toutes sortes».
par Didier Samson
Article publié le 26/03/2003