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Epidémie

Alerte à la pneumonie

Malgré les recherches engagées, l’origine de la pneumonie atypique qui a vraisemblablement déjà atteint environ 190 personnes en Asie mais aussi maintenant en Europe et au Canada, n’a pas encore été découverte. Le seul indice vient du fait que l’ensemble des malades ont transité par la Chine, Hong Kong, ou le Vietnam où sont apparus les premiers cas. Les autorités sanitaires des pays concernés mais aussi les compagnies aériennes ont donc pris des mesures de précaution pour limiter autant que possible la propagation incontrôlée de cette épidémie.
Au départ, les symptômes de ce que les spécialistes appellent le syndrome respiratoire aigu sévère (SARS), sont très proches de ceux de la grippe : forte fièvre, toux, difficultés respiratoires, souffle court. Mais chez certains malades, la maladie se transforme en quelques jours en véritable pneumonie, nécessite une mise sous assistance respiratoire et provoque parfois la mort. Il s’agit d’une forme sévère et virulente de pneumopathie dont l’origine n’a pas encore été identifiée malgré les efforts de nombreuses équipes de chercheurs à travers le monde. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui a lancé une alerte depuis la semaine dernière, a annoncé que les laboratoires les plus performants pratiquaient des tests mais n’avaient, pour le moment, pas réussi à identifier l’origine de cette maladie.

Durant le week-end, le bilan de l’épidémie s’est alourdi. On annonce aujourd’hui au moins neuf décès et la contamination d’environ 190 personnes. Mais surtout, des cas ont été identifiés dans de nouveaux pays asiatiques (Singapour, Philippines, Thaïlande, Taiwan), en Europe et au Canada. Dans ce dernier pays, deux malades d’une même famille sont morts des suites du syndrome de détresse respiratoire aigu et six autres cas ont été diagnostiqués. L’une des personnes contaminées avait fait un séjour récent à Hong Kong. A Francfort, en Allemagne, un médecin singapourien qui avait traité des patients atteints de cette forme de pneumonie et en présentait les symptômes a été hospitalisé. Ses proches ont été examinés mais les passagers de son vol en provenance de New York ont pu poursuivre leur trajet jusqu’à Singapour, où ils doivent être placés en quarantaine. Les autorités suisses ont annoncé lundi que deux personnes, qui revenaient d’un voyage en Asie du Sud-Est, présentaient les mêmes symptômes et avaient été hospitalisées.

Le nombre de cas a doublé à Hong Kong

A Hong Kong, le nombre de cas diagnostiqués a doublé en l’espace de trois jours. Il est passé de 42 à 83. Les autorités ont estimé que ce chiffre est «alarmant» même si pour le moment, ce sont surtout des proches des malades et des membres du personnel hospitalier qui ont été contaminés. Malgré tout, le secrétaire à la Santé a rappelé qu’il n’y avait à l’heure actuelle aucun signe d’une propagation de l’épidémie au sein de la population.

A Hanoï, des équipes médicales internationales formées de médecins et de biologistes sont arrivées pour soutenir le personnel des hôpitaux dont une cinquantaine de membres ont été infectés. Une infirmière qui avait été en contact avec le premier malade décédé, un homme d’affaires américain de 48 ans, est morte à son tour. La fermeture de l’hôpital français de Hanoï, qui est le plus touché, est même envisagée.

Pour éviter la propagation de l’épidémie, les voyageurs ont été appelés à limiter leurs déplacements vers les zones à risque (Hong Kong, Chine, Vietnam), lorsqu’ils ne sont pas indispensables, et les personnes qui y ont fait des séjours sont incitées à se faire examiner dès l’apparition du moindre symptôme. Certaines compagnies aériennes, comme Cathay Pacific, ont aussi pris des mesures sanitaires. Les passagers souffrant d’une maladie contagieuse peuvent ainsi être interdits d’embarquement. Et les filtres à air des avions sont vérifiés pour éviter une contamination par la poussière ou les gouttes de condensation.

L’OMS estime qu’à ce stade la gestion de l’épidémie est satisfaisante tant sur le plan du contrôle de la maladie que sur celui du suivi des malades. D’autre part, l’Organisation a envoyé une équipe d’experts en Chine, dans la province de Canton, où les premiers foyers de cette forme atypique de pneumopathie ont été détectés au mois de février. Pékin a, en effet, demandé le 10 mars une assistance pour gérer la flambée épidémique, essayer d’identifier sa cause et éventuellement faire le rapprochement avec les cas diagnostiqués dans les autres pays.



par Valérie  Gas

Article publié le 17/03/2003