Union européenne
Un sommet dominé par la guerre en Irak
Le sommet européen des chefs d’Etat et de gouvernement des Quinze, qui doit débuter ce jeudi soir pour se poursuivre demain à Bruxelles, risque fort d’être perturbé par la guerre. Les sujets normalement à l’ordre du jour - le devenir économique et social de l’Union européenne, notamment - devraient être éclipsés et les divergences et rancoeurs des Quinze ressurgir au grand jour.
Alors qu’un sommet des Quinze doit commencer en fin de journée à Bruxelles, des cabinets de crise ont eu lieu dans plusieurs villes européennes, notamment à Madrid, Londres et Paris, après le début des frappes américano-britanniques en Irak. Ainsi lors d’une intervention télévisée (10h15 TU), Jacques Chirac a fait connaître la position de la France : «La France regrette la guerre engagée sans l’aval des Nations unies», a-t-il déclaré, avant de juger que «quelle que soit la durée de ce conflit, il sera lourd de conséquences pour l’avenir». Le président français a également rappelé, avant de se rendre à Bruxelles, ce soir, que «l’Europe doit prendre conscience de la nécessité d’exprimer sa propre vision des problèmes du monde et de soutenir cette vision par une défense commune crédible». Par ailleurs, il a demandé à son Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, de réunir le gouvernement dans la journée.
A Londres, Tony Blair, principal allié européen du président américain George W. Bush, a convoqué ses principaux ministres (8H30 TU) mais n’a toutefois pas prévu de modifier son emploi du temps pour le reste de la journée et il devrait toujours se rendre à Bruxelles pour participer au sommet de l’Union européenne. Le porte-parole de Downing Street a précisé que le Premier ministre s’exprimerait «en temps utile» sur la participation des forces britanniques. D'autre part, Jack Straw, le ministre des Affaires étrangères a accusé la France d'avoir pris «la décision stratégique de ne pas mettre en oeuvre la résolution 1441» de l'Onu sur le désarmement de l'Irak.
Deux camps face-à-face
Les dirigeants européens, plus que jamais divisés par ce conflit, vont donc, une fois encore, confronter leurs points de vue et leurs divergences. La France qui a été le chef de file des pays hostiles à un conflit va sans doute s’opposer à la Grande Bretagne qui a participé, aux côtés des Américains, aux premières opérations militaires. Georges Papandréou, le ministre grec des Affaires étrangères dont le pays assure la présidence de l’UE a affirmé que le «monde vit un moment très triste et décevant» et a ajouté que «l’Union européenne devait rapidement faire le bilan de ses divisions si elle voulait pouvoir un jour parler d’une seule voix».
Prévu de longue date, ce sommet devait, à l’origine être consacré aux réformes engagées, il y a trois ans, pour faire de l’UE «l’économie la plus compétitive du monde» à l’horizon 2010. Un objectif qui paraît aujourd’hui relever de l’utopie au vu de la situation économique actuelle. La guerre en Irak est venue subitement bouleverser le programme initial. Les Quinze vont devoir, une fois de plus, tenter d’éviter un affrontement trop flagrant qui réduirait inévitablement leurs chances de réconciliation. Les rancoeurs accumulées depuis des semaines entre Jacques Chirac et Tony Blair sont telles qu’elles pourraient provoquer un choc frontal assez violent.
Au-delà de cette opposition franco-britannique, les Européens seront à nouveau divisés en deux camps : celui des partisans de la paix emmené par la France et l’Allemagne et celui des alliés indéfectibles des Etats-Unis conduit par la Grande Bretagne et l’Espagne. Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, après avoir aborder la crise irakienne, devraient évoquer l’aide aux populations, quitte à réduire le rôle de l’Union européenne à celui d’une agence humanitaire mais aussi de la reconstruction.
Lire également :
Irak : Europe-Amérique, même combat
(L'éditorial économique de Norbert Navarro)
Un sommet sur l'Irak
(La chronique Europe de Valérie Lainé)
Ecouter aussi :
Pascal Lamy, commissaire européen au Commerce
au micro de Vincent Roux et de Valérie Lainé, 20/03/2003, 2'14
A Londres, Tony Blair, principal allié européen du président américain George W. Bush, a convoqué ses principaux ministres (8H30 TU) mais n’a toutefois pas prévu de modifier son emploi du temps pour le reste de la journée et il devrait toujours se rendre à Bruxelles pour participer au sommet de l’Union européenne. Le porte-parole de Downing Street a précisé que le Premier ministre s’exprimerait «en temps utile» sur la participation des forces britanniques. D'autre part, Jack Straw, le ministre des Affaires étrangères a accusé la France d'avoir pris «la décision stratégique de ne pas mettre en oeuvre la résolution 1441» de l'Onu sur le désarmement de l'Irak.
Deux camps face-à-face
Les dirigeants européens, plus que jamais divisés par ce conflit, vont donc, une fois encore, confronter leurs points de vue et leurs divergences. La France qui a été le chef de file des pays hostiles à un conflit va sans doute s’opposer à la Grande Bretagne qui a participé, aux côtés des Américains, aux premières opérations militaires. Georges Papandréou, le ministre grec des Affaires étrangères dont le pays assure la présidence de l’UE a affirmé que le «monde vit un moment très triste et décevant» et a ajouté que «l’Union européenne devait rapidement faire le bilan de ses divisions si elle voulait pouvoir un jour parler d’une seule voix».
Prévu de longue date, ce sommet devait, à l’origine être consacré aux réformes engagées, il y a trois ans, pour faire de l’UE «l’économie la plus compétitive du monde» à l’horizon 2010. Un objectif qui paraît aujourd’hui relever de l’utopie au vu de la situation économique actuelle. La guerre en Irak est venue subitement bouleverser le programme initial. Les Quinze vont devoir, une fois de plus, tenter d’éviter un affrontement trop flagrant qui réduirait inévitablement leurs chances de réconciliation. Les rancoeurs accumulées depuis des semaines entre Jacques Chirac et Tony Blair sont telles qu’elles pourraient provoquer un choc frontal assez violent.
Au-delà de cette opposition franco-britannique, les Européens seront à nouveau divisés en deux camps : celui des partisans de la paix emmené par la France et l’Allemagne et celui des alliés indéfectibles des Etats-Unis conduit par la Grande Bretagne et l’Espagne. Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, après avoir aborder la crise irakienne, devraient évoquer l’aide aux populations, quitte à réduire le rôle de l’Union européenne à celui d’une agence humanitaire mais aussi de la reconstruction.
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(L'éditorial économique de Norbert Navarro)
Un sommet sur l'Irak
(La chronique Europe de Valérie Lainé)
Ecouter aussi :
Pascal Lamy, commissaire européen au Commerce
au micro de Vincent Roux et de Valérie Lainé, 20/03/2003, 2'14
par Clarisse Vernhes
Article publié le 20/03/2003