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France

Evasion spectaculaire à la prison de Fresnes

Un commando armé jusqu’aux dents a attaqué, ce mercredi matin, la prison de Fresnes, près de Paris, pour faire évader Antonio Ferrara fiché au grand banditisme. C’est la troisième évasion spectaculaire depuis le début de l’année. Le ministre de la Justice s’est immédiatement rendu sur place et a annoncé une adaptation du plan de sécurisation des établissements pénitentiaires.
Il est 4 heures du matin lorsqu’un groupe de trois, quatre, cinq ou six personnes -le chiffre varie selon les témoignages- vêtues d’uniformes de policiers, attaquent la prison de Fresnes, tirent à l’aide de lance-roquettes sur les deux miradors et font sauter au bazooka des portes du centre pénitentiaire. Le but de cette attaque à l’arme lourde : faire évader Antonio Ferrara, 29 ans, d’origine italienne, fiché au grand banditisme et connu des services de police pour «homicide», «vols à main armée» et «évasion». Cet homme surnommé le «roi de l'évasion», alors qu'il s'était déjà fait la belle en 1998 et d'une autre tentative il y a quelques semaines, a été condamné en janvier dernier à huit ans de prison pour braquages de banques. Après avoir mis le feu à un restaurant proche de la prison, pour faire diversion et attirer les forces de police, «un commando a mitraillé la prison et fait sauter quelques portes», a déclaré un représentant FO des gardiens de prisons avant d’ajouter : «le commando est entré dans le quartier disciplinaire et à fourni à Antonio Ferrara des explosifs qui lui ont permis de faire sauter les barreaux de la fenêtre de sa cellule».

Antonio Ferrara est déjà connu pour avoir tenté de s’évader de la prison de la Santé, où des explosifs avaient été découverts avant son transfert à la prison de Fresnes. «Nous l’avions sorti de la Santé, il y a quelques mois parce que nous avions des doutes sur son profil, sur ses intentions. Il était donc à Fresnes, surveillé de près», a souligné le Garde des Sceaux, arrivé rapidement sur les lieux. Détenu initialement dans le quartier d’isolement de la maison d’arrêt de Fresnes, celui que l’on surnomme «Succo» a sciemment provoqué, en début de semaine, un incident pour se faire transférer dans le quartier disciplinaire. Quartier proche du lieu de l’attaque de ce matin. Aucun blessé ne serait à déplorer, ni du côté des policiers, ni du côté des malfaiteurs après les échanges de coups de feu.

Evasion à la prison de Borgo le 7 mars dernier

Venu prendre connaissance des circonstances de cette évasion, Dominique Perben a indiqué, lors d’une conférence de presse improvisée sur place, qu’au cours de «cette opération de type militaire», les malfaiteurs avaient fait usage «d’armes de guerre» mais a aussi déploré une montée du «niveau de violence des bandits qui attaquent à l’arme lourde les transporteurs de fonds et les prisons». Par ailleurs, il a annoncé qu’il allait réunir, dès la fin de la semaine, les directeurs des établissements pénitentiaires pour adapter «le plan de sécurisation des établissement qui est en train de se mettre en place». Alliance, l’un des principaux syndicats des gardiens de la paix, a de nouveau, tiré la sonnette d’alarme en alertant «une nouvelle fois les autorités de tutelle de cette nouvelle forme de guérilla où des individus n’hésitent plus avec des armes de guerre à s’attaquer à l’institution».

Antonio Ferrara n’est pas le premier à avoir pris la clé des champs, depuis le début de l’année. Ainsi, le 7 mars, Joseph Menconi - soupçonné d’assassinats - qui serait un proche de Ferrara, s’est évadé de la prison de Borgo en Corse, dans des conditions similaires, quelques semaines à peine après avoir été repris au terme de quatre années de cavale. «Ils se connaissent et sont très liés», a affirmé une source policière avant d’ajouter : «la police les soupçonne d’avoir fait au moins un coup ensemble». Cette évasion est la troisième répertoriée depuis le début de l’année. En fait, depuis plus de dix ans, elles ne cessent de décroître : en 1990, 68 prisonniers ont faussé compagnie à leurs geôliers, 34 en 2000, 31 en 2001 et 15 en 2002.

D’autre part, deux détenus poursuivis pour de nombreux braquages se sont également évadés, le 11 mars au soir, des locaux du service départemental de la Police judiciaire de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Seul l’un d’entre eux a pu être rattrapé.

A écouter :
Eric Young
Rédacteur en chef et chroniqueur à Radio France, spécialiste des affaires de police et de justice. (Invité de Christophe Jousset, le 12/03/2003).



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 12/03/2003