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L''affaire Elf

Les aveux de l’ancien PDG

L’ancien PDG du groupe pétrolier français Elf, Loïk Le Floch-Prigent a affirmé devant le Tribunal que des «candidats à la présidence de la République» en France avaient profité des fonds issus de la caisse noire de l’entreprise.
Loïk Le Floch-Prigent avait laissé le Tribunal sur sa faim mercredi dernier. En fin d’audience, l’ancien PDG d’Elf avait évoqué des financements de la vie politique française par la caisse noire du groupe pétrolier. Comme le procès de l’affaire Elf se tient du lundi au mercredi, il a fallu attendre l’audience de lundi pour que le président Desplan demande à Loïk Le Floch-Prigent de préciser sur ses aveux.

L’ancien patron du groupe pétrolier est venu à la barre expliquer que le système en place au sein du groupe pétrolier existait «avant [son] arrivée» et qu’à l’époque «beaucoup profitaient» de la caisse noire de l’entreprise et notamment «les candidats à la présidence de la République».

Loïk Le Floch-Prigent n’a cité aucun nom, mais les accusations qu’il porte se précisent. Il déclare que lorsqu’il a pris ses fonctions, les fonds de la caisse noire profitaient «essentiellement au parti gaulliste, le RPR». L’ancien PDG d’Elf ajoute que François Mitterrand, alors qu’il était président de la République, lui a demandé «de rééquilibrer les choses au profit d’autres partis», sans pour autant cesser d’alimenter le RPR. Le prévenu s’est refusé à être plus précis pour désigner les bénéficiaires des largesses d’Elf.

5 millions de dollars par an

Le montant qui était consacré à ces opérations de financement politique est estimé à environ «5 millions de dollars par an» par Loïk Le Floch-Prigent qui laisse entendre que cette somme était gérée par ses deux «adjoints», André Tarallo qui avait en charge les partis de droite tandis qu’Alfred Sirven s’occupait des partis de gauche.

A la question du président du Tribunal sur l’intérêt que trouvait l’entreprise à ces financements occultes de la vie politique française, l’ancien patron d’Elf explique que l’entreprise cherchait à se prémunir contre «certaines manifestations d’hommes politiques français de nature à déstabiliser Elf».

Après l’ex-PDG de la compagnie pétrolière, c’est Alfred Sirven, ancien directeur des affaires générales, qui est appelé à la barre. Il corrobore les déclarations de son ancien patron en déclarant: «je me suis personnellement occupé de ces choses».

Tonalité toute différente, pour André Tarallo invité à s’expliquer ensuite. L’ex-«Monsieur Afrique» de la compagnie se retranche derrière les chefs d’Etat africains et déclare: «je ne me suis jamais occupé de financer des hommes politiques français». Il ajoute toutefois: «Ce que les hommes politiques africains ont pu faire à l’occasion des élections en France, c’est leur affaire. Ils ont eu des moyens, ils en ont disposé, notamment pour tel ou tel ami politique français, mais je ne m’en suis pas occupé».



par Philippe  Couve

Article publié le 01/04/2003