Guerre en Irak
Nouvelle attaque «visant» Saddam Hussein
Les Américains ont tenté une nouvelle fois d’atteindre la tête du régime irakien, le raïs et ses deux fils, en bombardant un bâtiment où ils étaient censés se trouver. Nul ne peut savoir si ces frappes ont obtenu l’effet escompté et si Saddam Hussein a été touché. Mais comme au premier jour de la guerre, la rumeur enfle. Les Américains ont, par contre, annoncé la mort d’Ali Hassan al-Majid, «Ali le chimique», l’un des proches de Saddam Hussein, responsable du gazage des Kurdes en 1988. Les combats dans Bagdad sont, quant à eux, de plus en plus intenses et continus. Après l’entrée des troupes anglo-américaines dans le Palais de la République, principal complexe présidentiel de la ville, les Irakiens contre-attaquent depuis mardi matin pour essayer de reprendre ce bâtiment emblématique. Deux tirs américains ont d’autre part frappé le bureau d’Al Jazira à Bagdad et l’hôtel Palestine faisant trois morts et plusieurs blessés parmi les journalistes.
La guerre s’accélère depuis quelques jours. Les forces de la coalition anglo-américaine ont enregistré plusieurs avancées significatives. La prise de l’aéroport de Bagdad, vendredi, a ouvert la voie à des incursions de plus en plus audacieuses au coeur de la capitale, où la résistance irakienne semble avoir du mal à s’organiser. Les troupes américaines ont pénétré notamment sur le site du Palais de la République, l’énorme complexe situé sur la rive ouest du Tigre à l’intérieur duquel résidait Saddam Hussein et les principaux dirigeants irakiens, qui symbolise la puissance du régime.
Les soldats irakiens ont engagé, mardi matin, une contre-attaque pour tenter de déloger leurs adversaires de ce bâtiment. Des combats très violents se sont déroulés à la fois à l’intérieur du site mais aussi aux alentours. Tout le quartier des ministères a résonné des bruits des tirs d’artillerie et des armes automatiques. Les soldats américains ont même reçu l’appui de leur aviation. Un avion de type A 10 «tueur de char» est entré en action au-dessus du Palais et a mené plusieurs attaques à basse altitude. Dans le courant de la matinée, les bombardements se sont amplifiés et le ministère du Plan a été lui aussi pris pour cible. Peu après, deux chars Abrams se sont engagés sur le pont de la République, qui permet la traversée du Tigre, pour poursuivre leur avancée au coeur de Bagdad en direction du ministère de l’Information.
La chaîne du Qatar Al Jazira a annoncé que son bureau de Bagdad, proche du ministère du Plan, avait été touché par une bombe et que l’un de ses correspondants avait été tué. Un peu plus tard, un char américain a aussi tiré sur l’hôtel Palestine dans le centre de Bagdad, où résident tous les représentants de la presse internationale. Le commandement central a reconnu cette attaque. Un caméraman de l’agence Reuters et un caméraman de la chaîne de télévision espagnole Telecinco ont été tués. Juste après cet événement, le ministre irakien de l’Information Mohamed Saïd al-Sahhaf qui était sur les lieux a accusé les Américains d’avoir «bombardé le bureau d’Al Jazira, celui de la télévision d’Abou Dhabi» et d’être ensuite venus «frapper ici» [sur l’hôtel Palestine]. Il a estimé qu’il s’agissait «d’actes hystériques» et a déclaré que l’Irak ne se rendrait jamais.
Devant la violence des bombardements et des combats qui se déroulent actuellement dans Bagdad, des centaines d’habitants ont pris la fuite. Des journalistes présents dans la capitale irakienne ont vu mardi de nombreuses voitures dans lesquelles se trouvaient des familles entières, chargées de tout ce qu’elles avaient pu prendre avec elles (matelas, nourriture), quitter la ville en direction de l’est du pays.
«La victoire n’est pas acquise»
Dans la nuit, l’aviation américaine a mené ce que le Pentagone appelle une «attaque d’opportunité» sur un bâtiment du quartier al Mansour dans lequel Saddam Hussein et ses deux fils, Oudaï et Qoussaï, étaient censés se trouver. Les appareils qui survolaient la zone ont reçu l’ordre d’intervenir après que Washington a reçu des renseignements, en provenance du terrain, selon lesquels des hauts responsables irakiens et des dirigeants du parti Baas étaient présents dans cet édifice.
Quatre très puissantes bombes JDAM, à guidage satellitaire, ont été larguées sur la cible qui semble avoir été entièrement détruite. Quatorze civils sont décédés. Rien ne permet, par contre, de savoir si Saddam Hussein ou ses proches étaient encore à ce moment-là présents sur le site. Le Pentagone a d’ailleurs pris la précaution de préciser que les «évaluations» pour tenter de confirmer ou non cette information seront longues et difficiles. Même si Donald Rumsfeld, le secrétaire à la Défense, a déclaré que «la victoire ne dépendra pas nécessairement de Saddam Hussein» qui, selon lui, «ne gouverne plus le pays», les Américains n’en demeurent pas moins résolus à saisir toutes les opportunités d’atteindre le dirigeant irakien ou les principaux responsables du régime.
L’annonce de la mort de d’Ali Hassan al-Majid, tristement surnommé «Ali le chimique» depuis le gazage des populations kurdes d’Irak qu’il avait préparé en 1998, confirme ainsi que la stratégie américaine est bien aussi de décapiter le régime en éliminant ses principaux responsables et peut-être de provoquer le déclic psychologique tant attendu dans l’esprit de la population irakienne. «Ali le chimique» faisait, en effet, partie du cercle rapproché de Saddam Hussein. Il aurait été tué lors des bombardements effectués samedi contre sa résidence de Bassorah. Mais Washington a attendu lundi soir pour confirmer sa mort.
Les Américains se montrent aussi prudents concernant la découverte possible d’armes chimiques dont la présence en Irak a été l’une des justifications avancées pour engager une intervention militaire dans le pays. Washington a néanmoins annoncé que des tests effectués sur des barils, qui se trouvaient dans une installation militaire du centre de l’Irak, contenaient «des traces d’agents chimiques». Mais Donald Rumsfeld lui-même a préféré relativiser l’impact de cette annonce en déclarant : «Nous devons reconnaître que presque tous les tests positifs se sont ensuite avérés faux. Par conséquent nous devons prendre notre temps». Les vérifications effectuées depuis ont d’ailleurs montré que le secrétaire à la Défense avait raison d’être prudent puisqu’elles ont établi qu’il n’ y avait pas de substances chimiques sur les barils en question. La thèse de l’intoxication au gaz moutarde dont auraient été victimes 5 soldats américains a elle aussi été infirmée mardi.
Malgré les progrès réalisés ces derniers jours sur le terrain, parmi lesquels l’entrée des troupes britanniques à Bassorah, la deuxième ville du pays encerclée depuis plus de dix jours, les Américains et les Britanniques se gardent bien de faire preuve d’un quelconque triomphalisme. Le porte-parole du Premier ministre britannique Tony Blair a ainsi précisé que les forces de la coalition «ne doivent pas tenir la victoire pour acquise». Malgré tout, cette prudence quant à l’issue finale de l’offensive ne les empêche pas d’envisager dès maintenant l’avenir de l’Irak après la guerre. George W. Bush, le président américain, est arrivé lundi soir à Belfast pour se concerter avec Tony Blair sur l’organisation de la reconstruction du pays et surtout sur le rôle éventuel de l’Organisation des Nations unies dans ce processus.
Les soldats irakiens ont engagé, mardi matin, une contre-attaque pour tenter de déloger leurs adversaires de ce bâtiment. Des combats très violents se sont déroulés à la fois à l’intérieur du site mais aussi aux alentours. Tout le quartier des ministères a résonné des bruits des tirs d’artillerie et des armes automatiques. Les soldats américains ont même reçu l’appui de leur aviation. Un avion de type A 10 «tueur de char» est entré en action au-dessus du Palais et a mené plusieurs attaques à basse altitude. Dans le courant de la matinée, les bombardements se sont amplifiés et le ministère du Plan a été lui aussi pris pour cible. Peu après, deux chars Abrams se sont engagés sur le pont de la République, qui permet la traversée du Tigre, pour poursuivre leur avancée au coeur de Bagdad en direction du ministère de l’Information.
La chaîne du Qatar Al Jazira a annoncé que son bureau de Bagdad, proche du ministère du Plan, avait été touché par une bombe et que l’un de ses correspondants avait été tué. Un peu plus tard, un char américain a aussi tiré sur l’hôtel Palestine dans le centre de Bagdad, où résident tous les représentants de la presse internationale. Le commandement central a reconnu cette attaque. Un caméraman de l’agence Reuters et un caméraman de la chaîne de télévision espagnole Telecinco ont été tués. Juste après cet événement, le ministre irakien de l’Information Mohamed Saïd al-Sahhaf qui était sur les lieux a accusé les Américains d’avoir «bombardé le bureau d’Al Jazira, celui de la télévision d’Abou Dhabi» et d’être ensuite venus «frapper ici» [sur l’hôtel Palestine]. Il a estimé qu’il s’agissait «d’actes hystériques» et a déclaré que l’Irak ne se rendrait jamais.
Devant la violence des bombardements et des combats qui se déroulent actuellement dans Bagdad, des centaines d’habitants ont pris la fuite. Des journalistes présents dans la capitale irakienne ont vu mardi de nombreuses voitures dans lesquelles se trouvaient des familles entières, chargées de tout ce qu’elles avaient pu prendre avec elles (matelas, nourriture), quitter la ville en direction de l’est du pays.
«La victoire n’est pas acquise»
Dans la nuit, l’aviation américaine a mené ce que le Pentagone appelle une «attaque d’opportunité» sur un bâtiment du quartier al Mansour dans lequel Saddam Hussein et ses deux fils, Oudaï et Qoussaï, étaient censés se trouver. Les appareils qui survolaient la zone ont reçu l’ordre d’intervenir après que Washington a reçu des renseignements, en provenance du terrain, selon lesquels des hauts responsables irakiens et des dirigeants du parti Baas étaient présents dans cet édifice.
Quatre très puissantes bombes JDAM, à guidage satellitaire, ont été larguées sur la cible qui semble avoir été entièrement détruite. Quatorze civils sont décédés. Rien ne permet, par contre, de savoir si Saddam Hussein ou ses proches étaient encore à ce moment-là présents sur le site. Le Pentagone a d’ailleurs pris la précaution de préciser que les «évaluations» pour tenter de confirmer ou non cette information seront longues et difficiles. Même si Donald Rumsfeld, le secrétaire à la Défense, a déclaré que «la victoire ne dépendra pas nécessairement de Saddam Hussein» qui, selon lui, «ne gouverne plus le pays», les Américains n’en demeurent pas moins résolus à saisir toutes les opportunités d’atteindre le dirigeant irakien ou les principaux responsables du régime.
L’annonce de la mort de d’Ali Hassan al-Majid, tristement surnommé «Ali le chimique» depuis le gazage des populations kurdes d’Irak qu’il avait préparé en 1998, confirme ainsi que la stratégie américaine est bien aussi de décapiter le régime en éliminant ses principaux responsables et peut-être de provoquer le déclic psychologique tant attendu dans l’esprit de la population irakienne. «Ali le chimique» faisait, en effet, partie du cercle rapproché de Saddam Hussein. Il aurait été tué lors des bombardements effectués samedi contre sa résidence de Bassorah. Mais Washington a attendu lundi soir pour confirmer sa mort.
Les Américains se montrent aussi prudents concernant la découverte possible d’armes chimiques dont la présence en Irak a été l’une des justifications avancées pour engager une intervention militaire dans le pays. Washington a néanmoins annoncé que des tests effectués sur des barils, qui se trouvaient dans une installation militaire du centre de l’Irak, contenaient «des traces d’agents chimiques». Mais Donald Rumsfeld lui-même a préféré relativiser l’impact de cette annonce en déclarant : «Nous devons reconnaître que presque tous les tests positifs se sont ensuite avérés faux. Par conséquent nous devons prendre notre temps». Les vérifications effectuées depuis ont d’ailleurs montré que le secrétaire à la Défense avait raison d’être prudent puisqu’elles ont établi qu’il n’ y avait pas de substances chimiques sur les barils en question. La thèse de l’intoxication au gaz moutarde dont auraient été victimes 5 soldats américains a elle aussi été infirmée mardi.
Malgré les progrès réalisés ces derniers jours sur le terrain, parmi lesquels l’entrée des troupes britanniques à Bassorah, la deuxième ville du pays encerclée depuis plus de dix jours, les Américains et les Britanniques se gardent bien de faire preuve d’un quelconque triomphalisme. Le porte-parole du Premier ministre britannique Tony Blair a ainsi précisé que les forces de la coalition «ne doivent pas tenir la victoire pour acquise». Malgré tout, cette prudence quant à l’issue finale de l’offensive ne les empêche pas d’envisager dès maintenant l’avenir de l’Irak après la guerre. George W. Bush, le président américain, est arrivé lundi soir à Belfast pour se concerter avec Tony Blair sur l’organisation de la reconstruction du pays et surtout sur le rôle éventuel de l’Organisation des Nations unies dans ce processus.
par Valérie Gas
Article publié le 08/04/2003