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Guerre en Irak

La pression s'accentue autour de Bagdad

Les patrouilles aériennes au-dessus de Bagdad ont dorénavant lieu en permanence. Tout comme les bombardements qui secouent la ville de jour comme de nuit. Les forces de la coalition accentuent désormais leur pression sur la capitale irakienne. L’objectif est d’essayer de faire céder le régime et de montrer aux populations civiles que le temps de Saddam Hussein est compté. Les Américains et les Britanniques utilisent à la fois la puissance militaire et la guerre psychologique.
«Les combats sont loin d’être terminés dans plusieurs parties du pays où nous n’avons pas encore pris le contrôle des forces ennemies. Et les combats sont loin d’être finis à Bagdad», a estimé le général Victor Renuart, du commandement central américain (Centcom). Malgré tout, l’attaque éclair menée à l’aube dans les quartiers sud-ouest de la capitale irakienne a été envisagée par les responsables militaires américains et britanniques comme un véritable succès. «Cela démontre la capacité des forces de la coalition à entrer [dans Bagdad] au moment et dans les lieux qu’elles choisissent et à établir leur présence dans la ville là où elles en ont besoin».

Cette première incursion dans le cœur de Bagdad, qui a eu lieu de jour, semble avoir été particulièrement violente. Les Américains ont estimé qu’un millier de soldats irakiens avaient été tués au cours des combats déclarant même qu’il y avait des «corps partout dans les rues». La troisième division d’infanterie américaine est arrivée par l’autoroute de l’aéroport et a pénétré dans Bagdad par les quartiers de Mansour et Dora. Les blindés sont entrés en action avec l’aide des avions d’attaque au sol de type A-10 «tueurs de chars» et de chasseurs F-18 Hornet qui ont détruit les batteries d’artillerie dont disposaient les forces irakiennes de la Garde républicaine. Le général T. Michael Moseley a même déclaré samedi que l’armée irakienne «n’existait plus en tant que force de combat». Dans la journée de samedi, les chars américains se sont déplacés dans les quartiers sud-ouest de Bagdad sans rencontrer de résistance.

Tenaille et pression psychologique

L’objectif officiel de cette attaque n’était pas simplement, selon le commandement central, de s’emparer d’un quartier de Bagdad mais plutôt de faire une démonstration de force à destination à la fois des dirigeants irakiens mais aussi de la population civile de la ville. Le commandement central a ainsi déclaré qu’il s’agissait «d’un message» au régime et que «les habitants de Bagdad se sont clairement rendus compte que les forces de la coalition sont dans la ville», ajoutant que «l’image est importante». L'image a d’ailleurs été très vite relayée par le discours. Dès samedi matin, le porte-parole du Premier ministre britannique Tony Blair a déclaré que le régime irakien «était confondu par la rapidité de la progression» des troupes de la coalition et qu’il y avait des «signes réels d’une tension croissante au sein de la direction irakienne». George W. Bush, le président américain, a de son côté de nouveau estimé que «l’étau se resserre autour du régime irakien», ajoutant que «village après village, ville après ville, la libération est en marche».

La stratégie de la tenaille autour de Bagdad et la pression psychologique se conjuguent avec la relance des offensives sur les principales villes du sud qui résistent toujours, pour essayer de sécuriser la route vers Bagdad. Des combats très violents ont encore lieu dans certaines de ces zones dont les forces de la coalition n’ont pas pu entièrement prendre le contrôle pour le moment. La 101ème division aéroportée a ainsi lancé, samedi, un assaut sur la ville chiite de Kerbala, dans le centre du pays. Des militaires ont été acheminés sur place par hélicoptère. L’objectif des troupes est de débusquer les soldats irakiens sans endommager ou détruire les édifices religieux de cette ville où certains d’entre eux se seraient réfugiés.

Dans Bassorah, la deuxième ville du pays autour de laquelle les soldats britanniques sont positionnés depuis une dizaine de jours, les forces irakiennes continuent de résister. Et les militaires de la coalition procèdent à des tirs de mortiers et des incursions ponctuelles qui leur permettent de gagner peu à peu du terrain. Mais pour le moment, ils n’ont pas été en mesure d’atteindre le centre-ville. Dans une caserne au sud-ouest de Bassorah près d’Al-Zoubeir, les forces de la coalition ont annoncé qu’elles avaient découvert les restes de 200 corps dans des cercueils. Aucune identification des cadavres n’a été possible pour le moment. Les raids aériens sur la région de Bassorah ont aussi pris pour cible une résidence symbolique, celle d’Ali Hassan Al-Majid ou «Ali le chimique», un cousin et proche collaborateur de Saddam Hussein, qui est responsable de l’utilisation des armes chimiques contre les Kurdes en 1988.

Dans le nord de l’Irak, les combattants kurdes et les forces spéciales américaines auraient coupé les sorties de la ville pétrolière de Kirkouk à l’intérieur de laquelle les unités irakiennes auraient été obligées de se replier. Selon un commandant de l’Union patriotique du Kurdistan, alliée des Etats-Unis, «les forces irakiennes sont encerclées». Par contre, les soldats irakiens auraient mené une contre-attaque pour reprendre leurs positions dans le district de Khazer, sur la route de Mossoul. L’enjeu se situe au niveau d’un pont pris auparavant par les combattants kurdes avec l’aide de l’aviation américaine.

La réaction irakienne a eu lieu par le canal de la télévision nationale. Le ministre de l’Information, Mohamed Saïd al-Sahhaf a délivré un message de Saddam Hussein à son peuple dans lequel le raïs appelle les Irakiens «à frapper davantage» et à «augmenter le niveau des attaques en dehors de Bagdad» en expliquant que les Américains et les Britanniques ont concentré toutes leurs forces sur la capitale et qu’elles sont donc affaiblies dans le reste du pays. Il a aussi affirmé que les troupes «ennemies» ont dû se retirer de Bagdad et que les soldats irakiens les ont poursuivies «faisant des centaines de morts».



par Valérie  Gas

Article publié le 05/04/2003