Guerre en Irak
La guerre aux portes de Bagdad
Les forces américaines étaient parvenues jeudi soir aux portes de Bagdad et se sont emparées de l’aéroport international Saddam, selon un reporter de la chaîne de télévision américaine ABC News. Un peu plus tôt dans la soirée, un caméraman de la télévision irakienne affirmait que l’aéroport avait été soumis à un feu d’artillerie qui a fait des dizaines de morts et de blessés. L’aéroport international est situé à une vingtaine de kilomètres du cœur de la capitale, au sud-ouest de la ville.
Par ailleurs, depuis 16 heures, heures locales, Bagdad est sévèrement bombardée et, pour la première fois depuis le début du conflit, plongée dans le noir. Car la capitale est désormais aussi à portée de canons : aux moyens aériens s’ajoutent désormais les tirs de l’artillerie américaine, concentrés tout d’abord sur le palais présidentiel, selon les envoyés spéciaux des médias internationaux. Le commandement central américain se déclare satisfait de la conduite des opérations et affirme avoir des «preuves que le régime ne peut plus contrôler ses forces» et se déclare être prêt à aller de l’avant. Plus que jamais, les forces coalisées se trouvent confrontées à la question de leurs moyens et de leur succès : elles semblent avoir pris nettement l’avantage sur le terrain mais faute de renforts suffisants, et en raison de l’étendue du territoire et de la guerre des villes toujours en cours, l’opération peut aussi tourner à l’aventure. Lors de son point de presse, à la mi-journée à Bagdad, le ministre irakien de l’Information a indiqué que les bombardements de jeudi avaient fait 27 tués parmi les civils et 193 blessés.
Par ailleurs, depuis 16 heures, heures locales, Bagdad est sévèrement bombardée et, pour la première fois depuis le début du conflit, plongée dans le noir. Car la capitale est désormais aussi à portée de canons : aux moyens aériens s’ajoutent désormais les tirs de l’artillerie américaine, concentrés tout d’abord sur le palais présidentiel, selon les envoyés spéciaux des médias internationaux. Le commandement central américain se déclare satisfait de la conduite des opérations et affirme avoir des «preuves que le régime ne peut plus contrôler ses forces» et se déclare être prêt à aller de l’avant. Plus que jamais, les forces coalisées se trouvent confrontées à la question de leurs moyens et de leur succès : elles semblent avoir pris nettement l’avantage sur le terrain mais faute de renforts suffisants, et en raison de l’étendue du territoire et de la guerre des villes toujours en cours, l’opération peut aussi tourner à l’aventure. Lors de son point de presse, à la mi-journée à Bagdad, le ministre irakien de l’Information a indiqué que les bombardements de jeudi avaient fait 27 tués parmi les civils et 193 blessés.
Ces dernières vingt-quatre heures ont incontestablement marqué une très nette avancée des forces coalisées américano-britanniques. Elles ont progressé sur les deux fronts, symbolisés par les deux fleuves Euphrate et Tigre qui traversent le pays de part en part (selon un axe nord-ouest/sud-est) et étaient véritablement jeudi soir aux portes de Bagdad où l’artillerie américaine entretenait un feu nourri sur l’aéroport. Lors des différents épisodes qui ont marqué l’activité militaire au cours de ces dernières heures, il semble que les forces coalisées ont pu faire la démonstration de leur supériorité en affrontant hors des villes l’armée irakienne. Jeudi, le commandement central américain estimait que le régime irakien ne contrôlait plus ses forces. Toutefois le général Vincent Brook, porte-parole du commandement central américain, n’a pas été en mesure d’interpréter les mouvements en cours parmi les troupes irakiennes. Pour le capitaine Frank Thorp, les deux divisions de la Garde républicaine «Bagdad» et «Medina» ne sont plus des forces crédibles. Les effectifs de la Garde républicaine irakienne sont estimées à six divisions.
Outre le bombardement de jeudi soir pour le contrôle de l’aéroport international de Bagdad, la progression enregistrée dans la journée a été marquée par des tentatives de contre-attaques irakiennes très coûteuses en vies humaines. Les combats pour la conquête d’un pont sur l’Euphrate, au nord de Kerbala, par les soldats américains et la contre-attaque irakienne auraient fait cinq cents morts parmi les troupes irakiennes, dans la nuit de mercredi à jeudi. Sur l’autre front, même scénario sur le Tigre où, au niveau d’Al Kout, l’armée américaine s’est emparée d’un pont et a pu dépasser ce verrou pour poursuivre sa course vers la capitale.
La question de la guerre dans les villes continue néanmoins de peser lourdement sur la poursuite du conflit. Le régime en a fait la colonne vertébrale de sa stratégie et espère entraîner les forces coalisées dans des sièges long et coûteux, tant en homme qu’en discrédit. Celles-ci ont laissé derrière elles des villes non-conquises et qui forment autant de poches de résistance qui, bien que circonscrites, constituent toujours une menace potentielle tant qu’elles ne sont pas complètement sécurisées. Et elles ne le sont pas : on continuait à se battre, jeudi, pour le contrôle de Najaf et Kerbala, sur l’Euphrate, et Bassorah (bombardée depuis plus de dix jours) et Al Kout, sur le Tigre. Et il reste au moins quatre divisions irakiennes, vraisemblablement en état de se battre et peut-être déterminée à engager le feu non pas en raz campagne, là où les troupes américano-britanniques sont assurées de leur immense supériorité technologique, mais en ville.
Viser la tête du régime
Les stratèges de la coalition manifestent néanmoins un nette volonté de porter la guerre aussi vite que possible au cœur du pays en exerçant l’essentiel de leur puissance sur la capitale, là où réside le pouvoir. Ils n’ont apparemment pas renoncé à l’idée de décapiter le régime afin de provoquer en aval, selon eux, l’effondrement en cascade de son appareil militaire et répressif et de rendre possible redditions et ralliements. Reste à savoir si cet empressement est judicieux. Les troupes américano-britanniques mènent en effet une double-guerre, classique et de guérilla. Et c’est naturellement vers la seconde que veut les entraîner l’adversaire, avec un certains succès jusqu’à présent.
Quant à la crainte de l’utilisation d’armes de destruction massive, ce soir, près de Nadjaf, un officier de renseignement américain a estimé «négligeable» le risque d’avoir à en affronter.
Pour le moment, au Koweït, un responsable américain de la logistique affirme que les combattants ne manquent ni d’eau, ni de vivres, ni de munitions, ni de carburant. Mais les troupes américaines qui auraient dû prendre Bagdad à revers, si la Turquie avait autorisée l’ouverture d’un front nord, ne seront opérationnelles qu’aux environs du 10 ou 12 avril.
«L’étau est en train de se resserrer autour de Saddam Hussein», a déclaré jeudi le président des Etats-Unis, alors qu’à Bagdad la télévision montrait des images du chef de l’Etat irakien souriant et entouré de ses ministres.
Outre le bombardement de jeudi soir pour le contrôle de l’aéroport international de Bagdad, la progression enregistrée dans la journée a été marquée par des tentatives de contre-attaques irakiennes très coûteuses en vies humaines. Les combats pour la conquête d’un pont sur l’Euphrate, au nord de Kerbala, par les soldats américains et la contre-attaque irakienne auraient fait cinq cents morts parmi les troupes irakiennes, dans la nuit de mercredi à jeudi. Sur l’autre front, même scénario sur le Tigre où, au niveau d’Al Kout, l’armée américaine s’est emparée d’un pont et a pu dépasser ce verrou pour poursuivre sa course vers la capitale.
La question de la guerre dans les villes continue néanmoins de peser lourdement sur la poursuite du conflit. Le régime en a fait la colonne vertébrale de sa stratégie et espère entraîner les forces coalisées dans des sièges long et coûteux, tant en homme qu’en discrédit. Celles-ci ont laissé derrière elles des villes non-conquises et qui forment autant de poches de résistance qui, bien que circonscrites, constituent toujours une menace potentielle tant qu’elles ne sont pas complètement sécurisées. Et elles ne le sont pas : on continuait à se battre, jeudi, pour le contrôle de Najaf et Kerbala, sur l’Euphrate, et Bassorah (bombardée depuis plus de dix jours) et Al Kout, sur le Tigre. Et il reste au moins quatre divisions irakiennes, vraisemblablement en état de se battre et peut-être déterminée à engager le feu non pas en raz campagne, là où les troupes américano-britanniques sont assurées de leur immense supériorité technologique, mais en ville.
Viser la tête du régime
Les stratèges de la coalition manifestent néanmoins un nette volonté de porter la guerre aussi vite que possible au cœur du pays en exerçant l’essentiel de leur puissance sur la capitale, là où réside le pouvoir. Ils n’ont apparemment pas renoncé à l’idée de décapiter le régime afin de provoquer en aval, selon eux, l’effondrement en cascade de son appareil militaire et répressif et de rendre possible redditions et ralliements. Reste à savoir si cet empressement est judicieux. Les troupes américano-britanniques mènent en effet une double-guerre, classique et de guérilla. Et c’est naturellement vers la seconde que veut les entraîner l’adversaire, avec un certains succès jusqu’à présent.
Quant à la crainte de l’utilisation d’armes de destruction massive, ce soir, près de Nadjaf, un officier de renseignement américain a estimé «négligeable» le risque d’avoir à en affronter.
Pour le moment, au Koweït, un responsable américain de la logistique affirme que les combattants ne manquent ni d’eau, ni de vivres, ni de munitions, ni de carburant. Mais les troupes américaines qui auraient dû prendre Bagdad à revers, si la Turquie avait autorisée l’ouverture d’un front nord, ne seront opérationnelles qu’aux environs du 10 ou 12 avril.
«L’étau est en train de se resserrer autour de Saddam Hussein», a déclaré jeudi le président des Etats-Unis, alors qu’à Bagdad la télévision montrait des images du chef de l’Etat irakien souriant et entouré de ses ministres.
par Georges Abou
Article publié le 03/04/2003