Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Guerre en Irak

Après Kerbala, cap sur Bagdad

Au quatorzième jour de la guerre, les forces américano-britanniques annoncent leur inexorable avancée vers Bagdad. Kerbala et Al-Kout respectivement au sud-est et au sud-ouest de Bagdad sont le théâtre de violents combats au sol. Les alliés ont affronté des unités de la garde républicaine irakienne, mais les informations les plus significatives concernent les bombardements qui auraient massivement touché des populations civiles et que les représentants de la Croix rouge qualifient «d’horreur».
La capitale irakienne a connu une nouvelle nuit de bombardements intensifs de l’aviation américaine, pendant qu’au sol, les soldats de la 3ème division d’infanterie des Etats-Unis ont livré des combats de «grande ampleur» à Kerbala à 80 km au sud de Bagdad, selon l’état-major des armées américaines à Washington. Selon certains observateurs les forces américaines auraient contourné «le verrou de Kerbala». Le colonel Will Grimsley, commandant une brigade de la 3ème division d’infanterie américaine, rapporte l’AFP, a annoncé que ses troupes ont conquis une bande de terre «d’une demi-douzaine de kilomètre entre Kerbala et le lac Razzazah, en contournant une résistance désorganisée», précise t-il. Du côté britannique le général Brian Burridge parle de «phase décisive», mais tempère immédiatement ses propos en évoquant la grande offensive sur Bagdad «qui peut prendre du temps», ajoute t-il.

La stratégie des forces alliées seraient d’éviter, à ce point, des confrontations directes avec les unités d’élite de l’armée irakienne. En prévision dans la grande offensive sur et dans Bagdad, l’état-major des forces alliées privilégie les frappes aériennes. Les leçons de la guerre du Kosovo, au printemps 1999, semblent aujourd’hui être prises en compte par la coalition américano-britannique. Elle évoque les 72 jours de bombardements dont la Force multinationale, dominée par l’OTAN (Kfor), a eu besoin pour obtenir la capitulation du président yougoslave, Slobodan Milosevic. Selon le commandement de la Kfor 70% des capacités de l’armée yougoslave avait été détruite. Aujourd’hui un autre parallèle est établi avec la guerre du Kosovo : l’utilisation des bombes à graphite (BLU-114B). Cette arme avait paralysé les communications de l’armée yougoslave et effrayé les populations.

Dans la région de Najaf ce sont des hélicoptères qui ont appuyé des troupes d’infanterie qui tentent toujours d’occuper cette ville. Les forces américaines se donnent quelques jours pour arriver à bout de la résistance irakienne. L’armée irakienne tient Najaf par une division blindée. Un peu plus au sud, à Bassorah les bombardements des alliés s’intensifient, avec le largage de 16 bombes de 900 kg chacune, pour la seule journée du 1er avril. Les Américains ont perdu un avion de combat mais affirment avoir récupéré leurs deux pilotes. A 170 km au sud-est de Bagdad, les troupes américaines se sont emparées d’un pont dit «stratégique» sur le Tigre, à Al-Kout, sur l’autoroute qui mène à Bagdad.

Les renforts arrivent

Le déploiement de forces supplémentaires apparaît aujourd’hui comme une nécessité pour la coalition américano-britannique. La 4ème division d’infanterie de l’armée américaine, à qui le parlement turc a refusé le transit par la Turquie débarque depuis le 1er avril au Koweit et devrait être rapidement opérationnelle selon un porte-parole de l’armée américaine. Aucune précision de date n’a été évoquée, mais le chef des forces britanniques, le général Brian Burridge, estime «qu’en termes de puissance de feu il n’est pas nécessaire d’attendre que la 4ème division d’infanterie américaine soit opérationnelle pour lancer une offensive sur Bagdad». Le chef militaire britannique affirme par ailleurs que «sur les 1 700 missions par jour au dessus de l’Irak, 200 sont assurées par la Royal air force».

La résistance sur le terrain ne correspondant plus aux simulations des états-majors, avant le l’ouverture des hostilités, l’option des frappes aériennes a été choisie. Elles se sont intensifiées au nord et au sud de l’Irak faisant de nombreuses victimes civiles. Les bombardements sur Bagdad et sa périphérie ont essentiellement visé les palais présidentiels et les sites militaires mais les représentants de la Croix rouge ont qualifié le résultat de ces actions militaires «d’horreur», au vu du nombre des victimes civiles. La presse américaine pour la première fois fait état de ces «dégâts collatéraux», et une certaine indignation naît dans les consciences obligeant le président George Bush à présenter «ses excuses» aux familles éplorées, mais en prenant soin de préciser que «le premier responsable est bien Saddam Hussein».



par Didier  Samson

Article publié le 02/04/2003