Guerre en Irak
La Garde républicaine dans la ligne de mire
Les forces anglo-américaines ont enregistré ce lundi leur premier contact militaire terrestre d’envergure contre des unités de la Garde républicaine irakienne dans la région de Najaf, au centre du pays. Parallèlement, l’aviation a poursuivi ses raids aériens contre Bagdad, en particulier contre les présumés centres nerveux de la Garde républicaine dans la capitale. Le palais de la République a été la cible des bombes dans l’après-midi et peu après, Saddam Hussein a fait une apparition télévisée en compagnie de ses fils Oudaï et Qoussaï. Pendant ce temps la Syrie déclarait que son «intérêt est de voir les envahisseurs vaincus en Irak», soulevant l’ire du chef de la diplomatie américaine, Colin Powell. Ce dernier fera une visite éclair ce mardi en Turquie et à Bruxelles, siège de l’Otan, pour livrer de nouvelles batailles diplomatiques.
Un avion qui vient larguer ses bombes sur le palais de la République au centre ville, en plein jour et presque à portée de la DCA irakienne, cela méritait visiblement une intervention télévisée de Saddam Hussein. En moins de trois heures. les images du chef de guerre remplissait l’écran de la télévision irakienne pour montrer une réunion «de travail» à laquelle participait ses fils, Qoussaï qui dirige le corps d’élite de la Garde républicaine, mais aussi l’aîné Oudaï, le chef des miliciens Fedayin de Saddam.
Nul n’avait revu Oudaï depuis le début de la guerre. Et de son côté, la porte-parole du Pentagone, Victoria Clarke ne croit aucune de toutes ces images et assure que des membres de la famille tentent de fuir l’Irak. Pour sa part, le ministre irakien de l’Information donne toujours des bilans. Selon lui, entre dimanche et lundi, les forces irakiennes ont tué 43 soldats ennemis et détruit quatre hélicoptères Apache, deux drones Predator et 13 chars. Le commandement central américain revendique de son côté 100 morts et 50 prisonniers dans les rangs irakiens au cours d’opérations près de Samawa et de Najaf, respectivement à 300 et 150 kilomètres environ au sud de Bagdad. L’Agence France presse rapporte que plus à l’Est, dans la bourgade de Chatrah, les Marines américains ont organisé un commando pour aller récupérer le corps de l’un des leurs, traîné dans les rues avant d’être pendu.
Batailles militaires et diplomatiques
Les forces anglo-américaines travaillent à fortifier l’encerclement de Bagdad. Elles viennent de décréter l’ouest du pays zone militaire interdite de circulation. Au nord, elles assurent avoir pris le contrôle d’un camp du groupe islamiste kurde Ansar Al-Islam accusé de collusion avec Al-Qaïda. Reste les gros morceaux comme Mossoul ou Kirkouk. L’heure n’est pas encore à l’assaut mais aux pilonnages. Au Sud, le port d’Oum Qasr est sous contrôle mais pas encore sécurisé. A Bassorah, les Britanniques se battent toujours dans les faubourg de la ville assiégée. Plus haut, à quelque 350 kilomètres encore de Bagdad, Nassiriya n’est pas tombée non plus. Lundi, selon des journalistes, trois soldats américains ont été blessés dans un village de la région par des tirs en provenance d’une ambulance du Croissant rouge. Des combats encore plus durs se dérouleraient à hauteur de Kerbala, à une centaine de kilomètres au sud de Bagdad, sur une ceinture qui va jusqu’à Al-Kout, à l’Est. Là, la troisième division d’infanterie américaine est engagée contre la Garde républicaine irakienne qui assure la défense de la capitale. Selon le commandant américain, le colonel Grimsley, «le premier contact sérieux» a eu lieu lundi.
Jusqu’à présent, l’aide humanitaire arrivait au compte-gouttes. Mais le programme «pétrole contre nourriture» est débloqué et lundi, le Fonds des Nations unies pour l’enfance, l’Unicef était à la frontière turque avec deux camions chargés de 16 tonnes de compléments nutritionnels et six tonnes de pastilles pour purifier l’eau. Un convoi de quarante poids lourds devrait suivre mercredi ou jeudi pour des distributions au nord de l’Irak. L’Union européenne a décidé une aide de 327 millions d’euros à l’Irak. Elle soutient déjà la Croix rouge et différentes ONG installées en particulier à Bagdad dans le secteur sanitaire. L’office humanitaire de l’Europe, Echo réfléchit à une plate-forme humanitaire en Jordanie. La Libye, elle, lance un pont aérien via la Syrie. En attendant, dans le Sud irakien, les assiégés de Bassora, mais d’autres citadins ou villageois aussi, n’ont plus rien à boire, ni à manger. Un moyen d’action psychologique qui vaut bien le fracas des missiles.
La guerre engendre aussi des batailles diplomatiques. Le chef de la diplomatie américaine, Colin Powell devrait arriver mardi soir à Ankara pour s’expliquer les dirigeants turcs opposés au transit de troupes américaines en Turquie. Il les a déjà rencontrés le mois dernier à Washington, mais les critiques américains reprochent à Powell d’être trop casanier. En outre, la question du front nord reste pressante et un changement d’attitude d’Ankara faciliterait le déploiement des renforts attendus d’ici la fin du mois. Washington va aussi redemander aux Turcs de résister à la tentation d’intervenir dans le Kurdistan irakien malgré l’agitation militaire kurde activée par les forces américaines.
Lundi, l’émissaire américain en Turquie, Zalmay Khalilzad s’est voulu rassurant : «Les milices kurdes sont sous le contrôle des forces américaines », a-t-il expliqué à Ankara. Selon Zalmay Khalilzad, il n’est pas question que les Kurdes prennent pied à Kirkouk, ni même à Mossoul, des pactoles pétroliers qui risqueraient de les encourager à réclamer un Etat indépendant. Pour faire bonne mesure, Colin Powell se rendra ensuite au QG de l’Otan, à Bruxelles pour remettre sur le tapis vert la question controversée de l’assistance militaire à la Turquie qui soulève celle encore plus épineuse de l’appui de l’Alliance atlantique dans la guerre contre l’Irak.
Autre tracas pour Colin Powell : la Syrie qui déclare tout net qu’une défaite américaine ferait son affaire, inquiète qu’elle est de la tournure des événements chez son concurrent et pas vraiment ami irakien. Depuis la semaine dernière en effet, le ton ne cesse pas de monter entre Damas et Washington. Le patron du Pentagone, Donald Rumsfeld a accusé la Syrie «de laisser transiter du matériel militaire» en direction de l’Irak. La veille, il est vrai, le pouvoir syrien avait laissé le plus haut dignitaire religieux du pays, le mufti de Syrie, appeler les musulmans à lancer des «opérations martyrs» contre les «envahisseurs». De fait, Damas s’interroge sur son avenir. Téhéran aussi, qui a déjà dit que l’Iran ne soutiendra pas «un gouvernement mis en place en Irak par les Américains». Le diable iranien de Washington n’est pas sourd aux attaques de Colin Powell quand il en appelle à la communauté internationale pour qu’elle incite l’Iran à «cesser son soutien aux terroristes et notamment aux groupes violemment opposés à Israël» et à «mettre un terme à ses efforts pour acquérir des armes de destruction massive». Quant à la Syrie qui nie toute fourniture d’armes à l’Irak mais proclame son soutien au peuple irakien dont la «résistance héroïque» a fait échouer, selon elle, «le plan de partage de l’Irak» américain, Colin Powell rétorque qu’il lui faudra subir «toutes les conséquences de son soutien aux groupes terroristes et au régime à l’agonie de Saddam Hussein».
Nul n’avait revu Oudaï depuis le début de la guerre. Et de son côté, la porte-parole du Pentagone, Victoria Clarke ne croit aucune de toutes ces images et assure que des membres de la famille tentent de fuir l’Irak. Pour sa part, le ministre irakien de l’Information donne toujours des bilans. Selon lui, entre dimanche et lundi, les forces irakiennes ont tué 43 soldats ennemis et détruit quatre hélicoptères Apache, deux drones Predator et 13 chars. Le commandement central américain revendique de son côté 100 morts et 50 prisonniers dans les rangs irakiens au cours d’opérations près de Samawa et de Najaf, respectivement à 300 et 150 kilomètres environ au sud de Bagdad. L’Agence France presse rapporte que plus à l’Est, dans la bourgade de Chatrah, les Marines américains ont organisé un commando pour aller récupérer le corps de l’un des leurs, traîné dans les rues avant d’être pendu.
Batailles militaires et diplomatiques
Les forces anglo-américaines travaillent à fortifier l’encerclement de Bagdad. Elles viennent de décréter l’ouest du pays zone militaire interdite de circulation. Au nord, elles assurent avoir pris le contrôle d’un camp du groupe islamiste kurde Ansar Al-Islam accusé de collusion avec Al-Qaïda. Reste les gros morceaux comme Mossoul ou Kirkouk. L’heure n’est pas encore à l’assaut mais aux pilonnages. Au Sud, le port d’Oum Qasr est sous contrôle mais pas encore sécurisé. A Bassorah, les Britanniques se battent toujours dans les faubourg de la ville assiégée. Plus haut, à quelque 350 kilomètres encore de Bagdad, Nassiriya n’est pas tombée non plus. Lundi, selon des journalistes, trois soldats américains ont été blessés dans un village de la région par des tirs en provenance d’une ambulance du Croissant rouge. Des combats encore plus durs se dérouleraient à hauteur de Kerbala, à une centaine de kilomètres au sud de Bagdad, sur une ceinture qui va jusqu’à Al-Kout, à l’Est. Là, la troisième division d’infanterie américaine est engagée contre la Garde républicaine irakienne qui assure la défense de la capitale. Selon le commandant américain, le colonel Grimsley, «le premier contact sérieux» a eu lieu lundi.
Jusqu’à présent, l’aide humanitaire arrivait au compte-gouttes. Mais le programme «pétrole contre nourriture» est débloqué et lundi, le Fonds des Nations unies pour l’enfance, l’Unicef était à la frontière turque avec deux camions chargés de 16 tonnes de compléments nutritionnels et six tonnes de pastilles pour purifier l’eau. Un convoi de quarante poids lourds devrait suivre mercredi ou jeudi pour des distributions au nord de l’Irak. L’Union européenne a décidé une aide de 327 millions d’euros à l’Irak. Elle soutient déjà la Croix rouge et différentes ONG installées en particulier à Bagdad dans le secteur sanitaire. L’office humanitaire de l’Europe, Echo réfléchit à une plate-forme humanitaire en Jordanie. La Libye, elle, lance un pont aérien via la Syrie. En attendant, dans le Sud irakien, les assiégés de Bassora, mais d’autres citadins ou villageois aussi, n’ont plus rien à boire, ni à manger. Un moyen d’action psychologique qui vaut bien le fracas des missiles.
La guerre engendre aussi des batailles diplomatiques. Le chef de la diplomatie américaine, Colin Powell devrait arriver mardi soir à Ankara pour s’expliquer les dirigeants turcs opposés au transit de troupes américaines en Turquie. Il les a déjà rencontrés le mois dernier à Washington, mais les critiques américains reprochent à Powell d’être trop casanier. En outre, la question du front nord reste pressante et un changement d’attitude d’Ankara faciliterait le déploiement des renforts attendus d’ici la fin du mois. Washington va aussi redemander aux Turcs de résister à la tentation d’intervenir dans le Kurdistan irakien malgré l’agitation militaire kurde activée par les forces américaines.
Lundi, l’émissaire américain en Turquie, Zalmay Khalilzad s’est voulu rassurant : «Les milices kurdes sont sous le contrôle des forces américaines », a-t-il expliqué à Ankara. Selon Zalmay Khalilzad, il n’est pas question que les Kurdes prennent pied à Kirkouk, ni même à Mossoul, des pactoles pétroliers qui risqueraient de les encourager à réclamer un Etat indépendant. Pour faire bonne mesure, Colin Powell se rendra ensuite au QG de l’Otan, à Bruxelles pour remettre sur le tapis vert la question controversée de l’assistance militaire à la Turquie qui soulève celle encore plus épineuse de l’appui de l’Alliance atlantique dans la guerre contre l’Irak.
Autre tracas pour Colin Powell : la Syrie qui déclare tout net qu’une défaite américaine ferait son affaire, inquiète qu’elle est de la tournure des événements chez son concurrent et pas vraiment ami irakien. Depuis la semaine dernière en effet, le ton ne cesse pas de monter entre Damas et Washington. Le patron du Pentagone, Donald Rumsfeld a accusé la Syrie «de laisser transiter du matériel militaire» en direction de l’Irak. La veille, il est vrai, le pouvoir syrien avait laissé le plus haut dignitaire religieux du pays, le mufti de Syrie, appeler les musulmans à lancer des «opérations martyrs» contre les «envahisseurs». De fait, Damas s’interroge sur son avenir. Téhéran aussi, qui a déjà dit que l’Iran ne soutiendra pas «un gouvernement mis en place en Irak par les Américains». Le diable iranien de Washington n’est pas sourd aux attaques de Colin Powell quand il en appelle à la communauté internationale pour qu’elle incite l’Iran à «cesser son soutien aux terroristes et notamment aux groupes violemment opposés à Israël» et à «mettre un terme à ses efforts pour acquérir des armes de destruction massive». Quant à la Syrie qui nie toute fourniture d’armes à l’Irak mais proclame son soutien au peuple irakien dont la «résistance héroïque» a fait échouer, selon elle, «le plan de partage de l’Irak» américain, Colin Powell rétorque qu’il lui faudra subir «toutes les conséquences de son soutien aux groupes terroristes et au régime à l’agonie de Saddam Hussein».
par Monique Mas
Article publié le 31/03/2003