Guerre en Irak
La guerre s’installe et change de visage
Selon le porte-parole de l’armée britannique, la coalition est en pleine «réorganisation du champ de bataille» avant l’offensive sur Bagdad. En attendant d’être en ordre de bataille, ses troupes campent toujours à une centaine de kilomètres au sud de la capitale irakienne. Son aviation s’efforce de casser la défense de Bagdad, régulièrement pilonnée. Au Centre, les forces anglo-américaines s’accrochent à Najaf et Kerbala. Au sud, le verrou de Bassorah n’avait toujours pas sauté dimanche. Au nord, des raids visent désormais les métropoles pétrolières Mossoul et Kirkouk. En riposte, le régime irakien tente de maintenir des abcès de fixation, poursuit sa stratégie de guérilla et brandit la menace des attentats-suicide.
Avant l’attaque terrestre promise à Bagdad, les coalisés tentent d’anéantir la résistance irakienne en bombardant des quartiers qui abritent, selon le porte-parole américain, des installations de commandement, des services de renseignement, un centre d’entraînement des forces paramilitaires ainsi que les positions de la garde républicaine dans la périphérie sud. Mais une fois de plus, dimanche, un missile s’est abattu sur le quartier résidentiel Al-Karrada au centre ville. Et une nouvelle vague de bombardement était en cours dans la soirée. Des combats se déroulent également à quelque 150 kilomètres au sud de la capitale irakienne pour le contrôle des villes saintes chiites de Najaf et de Kerbala. Dimanche, l’aviation britannique revendiquait la destruction d’un important dépôt de carburant destiné aux chars irakiens aux abords de Kerbala.
Quant aux officiers américains qui se battent autour de Najaf, ils envisageaient de reprendre la marche sur Bagdad «d’ici une semaine». A l’est de ces deux villes, installées au bord de l’Euphrate, dans une localité du fleuve Tigre, Al-Kout, plus de 5 000 marines ont entrepris de fortifier leurs positions. Au Sud, le siège de la chiite Bassorah se poursuit. La ville a subi d’intensifs raids aériens dans la nuit de samedi à dimanche. Selon la télévision qatarienne Al-Jazira, l’artillerie a pris la relève dimanche matin. Les forces britanniques revendiquent deux prisonniers irakiens importants à Bassorah: «un général et un autre officier supérieur» ainsi que la saisie d’une série de stocks d’armes. De son côté, le ministre irakien de l’Information Mohammad Saïd Al-Sahaf assure qu’un avion à décollage vertical Harrier a été abattu dans la région de Qadissiya (centre) et un hélicoptère Apache à Bassorah. Au nord, des renforts américains ont été acheminés au Kurdistan. L’armée irakienne s’est repliée aux abords de la grande ville pétrolière de Kirkouk, cible de raids aériens dimanche après-midi. Des peshmergas kurdes se sont installés dans les anciennes positions irakiennes au grand dam de la Turquie mais aussi de l’Iran. Dimanche, des bombardements américains ont également frappés l’autre grande ville pétrolière du nord, Mossoul, ainsi que sa région et en particulier la localité kurde de Kalak, à une quarantaine de kilomètres à l’est, sur la ligne de démarcation entre le Kurdistan et le reste de l’Irak.
Menaces kamikazes
La guerre en Irak sera «difficile, exigeante et dangereuse», explique le ministre de la Défense britannique, Geoff Hoon. «Les troupes britanniques peuvent rester là-bas pendant des mois», mais si le conflit traîne en longueur, ajoute-t-il, il faudra bien évidemment organiser la relève des 45 000 hommes actuellement sur le terrain. Mais Londres ne prévoit pas de dépêcher des renforts, «à ce stade». De son côté, le secrétaire d’Etat américain à la Défense, Donald Rumsfeld, indique que «nous n’avons aucun projet de pause ou de cessez-le-feu». A ses yeux, le plan de guerre américain «est excellent» et il en attribue la paternité au général Tommy Franks. Une manière de couper cours aux critiques selon lesquels le politique, Donald Rumsfeld, aurait refusé au commandant des opérations militaires, Tommy Franks, de retarder l’intervention pour donner le temps à la 4e division d'infanterie mécanisée de se redéployer au sud, puisqu’elle ne pouvait pas attaquer au nord via la Turquie. «Je n’ai pas demandé de troupes supplémentaires avant le début de la guerre terrestre», déclare le général Franks. Et si celle-ci a été déclenchée dans le sud irakien 24 heures seulement après le début des opérations, poursuit-il, c’est parce que «nous avons eu la preuve que le régime irakien avait l’intention de détruire les puits de pétrole mais qu’il n’était pas complètement prêt. Nous avons vu une occasion de prendre le contrôle de ces champs pétroliers», dont neuf sur plus de 500 ont été effectivement incendiés. Enfin, non sans agacement, le général assure que les renforts annoncés de quelque 120 000 soldats supplémentaires étaient prévus dans le plan initial.
«Chaque jour, nous diminuons les capacité du régime de commander et contrôler ses forces et nous desserrons l’étau sur le peuple irakien», se félicite le général américain Tommy Franks. D’après lui, rien ne prouve que Saddam Hussein soit toujours aux commandes. Il affirme aussi que des combattants kurdes alliés aux forces américaines auraient «attaqué et détruit un important camp terroriste» dans le nord du pays. Il renvoie à plus tard pour davantage de précisions mais prend au sérieux les menaces d’attentats-suicides, après l’opération kamikaze qui a coûté la vie de quatre soldats américains samedi à un barrage militaire près de Nadjaf. En 1983, un camion piégé avait tué plus de 200 soldats américains à Beyrouth et incité Washington à se retirer du Liban. Mais cette fois, les soldats de Washington ne seront pas pris au dépourvu, assure Tommy Franks qui met en avant les capacités d’adaptation de la force de frappe américaine.
D’ailleurs, si l’on en croit l’analyste militaire du quotidien israélien Yediot Aharonot, Alex Fishman, «des experts israéliens se sont rendus aux Etats-Unis pour leur transmettre leur savoir-faire en matière de lutte contre les kamikazes et des experts américains sont allés à Jenine en Cisjordanie pour voir comment des bulldozers de l’armée peuvent servir en combat urbain». En tout cas, Saddam Hussein en personne a rendu les honneurs de martyr-modèle à l’auteur de l’attentat-suicide de samedi, le premier kamikaze irakien connu, Ali Jaafar Al-Noumani, élevé au grade posthume de colonel. Et le porte parole de l’armée irakienne, le général Rawi a promis à ses adversaires la multiplication des attentats-suicides par «des volontaires dont plus de 4000 sont déjà arrivés en Irak et qui viennent de tous les pays arabes, sans exception».Al-Jazira en aurait déjà filmé à Mossoul.
Quant aux officiers américains qui se battent autour de Najaf, ils envisageaient de reprendre la marche sur Bagdad «d’ici une semaine». A l’est de ces deux villes, installées au bord de l’Euphrate, dans une localité du fleuve Tigre, Al-Kout, plus de 5 000 marines ont entrepris de fortifier leurs positions. Au Sud, le siège de la chiite Bassorah se poursuit. La ville a subi d’intensifs raids aériens dans la nuit de samedi à dimanche. Selon la télévision qatarienne Al-Jazira, l’artillerie a pris la relève dimanche matin. Les forces britanniques revendiquent deux prisonniers irakiens importants à Bassorah: «un général et un autre officier supérieur» ainsi que la saisie d’une série de stocks d’armes. De son côté, le ministre irakien de l’Information Mohammad Saïd Al-Sahaf assure qu’un avion à décollage vertical Harrier a été abattu dans la région de Qadissiya (centre) et un hélicoptère Apache à Bassorah. Au nord, des renforts américains ont été acheminés au Kurdistan. L’armée irakienne s’est repliée aux abords de la grande ville pétrolière de Kirkouk, cible de raids aériens dimanche après-midi. Des peshmergas kurdes se sont installés dans les anciennes positions irakiennes au grand dam de la Turquie mais aussi de l’Iran. Dimanche, des bombardements américains ont également frappés l’autre grande ville pétrolière du nord, Mossoul, ainsi que sa région et en particulier la localité kurde de Kalak, à une quarantaine de kilomètres à l’est, sur la ligne de démarcation entre le Kurdistan et le reste de l’Irak.
Menaces kamikazes
La guerre en Irak sera «difficile, exigeante et dangereuse», explique le ministre de la Défense britannique, Geoff Hoon. «Les troupes britanniques peuvent rester là-bas pendant des mois», mais si le conflit traîne en longueur, ajoute-t-il, il faudra bien évidemment organiser la relève des 45 000 hommes actuellement sur le terrain. Mais Londres ne prévoit pas de dépêcher des renforts, «à ce stade». De son côté, le secrétaire d’Etat américain à la Défense, Donald Rumsfeld, indique que «nous n’avons aucun projet de pause ou de cessez-le-feu». A ses yeux, le plan de guerre américain «est excellent» et il en attribue la paternité au général Tommy Franks. Une manière de couper cours aux critiques selon lesquels le politique, Donald Rumsfeld, aurait refusé au commandant des opérations militaires, Tommy Franks, de retarder l’intervention pour donner le temps à la 4e division d'infanterie mécanisée de se redéployer au sud, puisqu’elle ne pouvait pas attaquer au nord via la Turquie. «Je n’ai pas demandé de troupes supplémentaires avant le début de la guerre terrestre», déclare le général Franks. Et si celle-ci a été déclenchée dans le sud irakien 24 heures seulement après le début des opérations, poursuit-il, c’est parce que «nous avons eu la preuve que le régime irakien avait l’intention de détruire les puits de pétrole mais qu’il n’était pas complètement prêt. Nous avons vu une occasion de prendre le contrôle de ces champs pétroliers», dont neuf sur plus de 500 ont été effectivement incendiés. Enfin, non sans agacement, le général assure que les renforts annoncés de quelque 120 000 soldats supplémentaires étaient prévus dans le plan initial.
«Chaque jour, nous diminuons les capacité du régime de commander et contrôler ses forces et nous desserrons l’étau sur le peuple irakien», se félicite le général américain Tommy Franks. D’après lui, rien ne prouve que Saddam Hussein soit toujours aux commandes. Il affirme aussi que des combattants kurdes alliés aux forces américaines auraient «attaqué et détruit un important camp terroriste» dans le nord du pays. Il renvoie à plus tard pour davantage de précisions mais prend au sérieux les menaces d’attentats-suicides, après l’opération kamikaze qui a coûté la vie de quatre soldats américains samedi à un barrage militaire près de Nadjaf. En 1983, un camion piégé avait tué plus de 200 soldats américains à Beyrouth et incité Washington à se retirer du Liban. Mais cette fois, les soldats de Washington ne seront pas pris au dépourvu, assure Tommy Franks qui met en avant les capacités d’adaptation de la force de frappe américaine.
D’ailleurs, si l’on en croit l’analyste militaire du quotidien israélien Yediot Aharonot, Alex Fishman, «des experts israéliens se sont rendus aux Etats-Unis pour leur transmettre leur savoir-faire en matière de lutte contre les kamikazes et des experts américains sont allés à Jenine en Cisjordanie pour voir comment des bulldozers de l’armée peuvent servir en combat urbain». En tout cas, Saddam Hussein en personne a rendu les honneurs de martyr-modèle à l’auteur de l’attentat-suicide de samedi, le premier kamikaze irakien connu, Ali Jaafar Al-Noumani, élevé au grade posthume de colonel. Et le porte parole de l’armée irakienne, le général Rawi a promis à ses adversaires la multiplication des attentats-suicides par «des volontaires dont plus de 4000 sont déjà arrivés en Irak et qui viennent de tous les pays arabes, sans exception».Al-Jazira en aurait déjà filmé à Mossoul.
par Monique Mas
Article publié le 30/03/2003