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Guerre en Irak

Donald Rumsfeld critiqué

Face aux difficultés inattendues rencontrées par la coalition en Irak la stratégie mise en œuvre fait l’objet de vives critiques. De hauts responsables militaires américains semblent bien vouloir faire porter le chapeau au secrétaire d'Etat à la Défense Donald Rumsfeld.
«L’ennemi que nous combattons est différent de celui que nous avions prévu dans nos simulations» reconnaît le commandant des forces terrestres en Irak le général William Wallace. Effectivement, les forces américano-britanniques, au onzième jour des hostilités, sont toujours à une centaine de km de Bagdad et leur progression est ralentie par le harcèlement incessant des Irakiens. Les militaires de la coalition sont d’autant plus vulnérables que leur colonne s’étire sur plus de 300 km, causant des problèmes de ravitaillement. D’où la nécessité d’une «pause» afin de réorganiser les positions.

Surpris par une résistance à laquelle ils ne s’attendaient pas, les Américains et les Britanniques ont également été pris de court par les moyens, proches de la guérilla, utilisés par les Irakiens. A cela s’ajoute désormais le danger d’attentats-suicide, à l’image de celui qui a eu lieu samedi à un barrage routier.
Devant cette situation la presse américaine va plus loin que le timide mea culpa du général Wallace. Le New York Times, par exemple, estime que l’administration Bush a mal analysé les Irakiens en tablant sur l’effondrement rapide de toute résistance. Le ministre australien de la Défense Robert Hill a déclaré que le Pentagone avait sous-estimé le rôle des milices irakiennes dans le plan de défense du pays.
Mais, les critiques les plus dures viennent de hauts responsables militaires américains qui, sous le couvert de l’anonymat, ne se gênent pas pour remettre en cause la stratégie adoptée par la coalition et, par la même occasion, le ministre américain de la Défens qu’ils rendent responsable. Ceux que le New Yorker qualifie de stratèges du Pentagone, restés anonymes, reprochent à Donald Rumsfeld d’avoir fait preuve de légèreté dans la préparation de la guerre et d’avoir volontairement limité le nombre d’unités nécessaires pour la mener. Ces hauts responsables militaires déplorent que le secrétaire d’Etat à la Défense ait pris toutes les décisions tout seul, sans tenir compte de leurs recommandations.

Une guerre au rabais

Donald Rumsfeld et ses proches ont beau réaffirmer que leur plan est «brillant» et qu’il se déroule comme prévu, d’autres stratèges déçus affirment dans le New Yorker que c’est Rumsfeld lui-même «qui a créé cette pagaille» en sous-évaluant les troupes au sol et en voulant faire une «guerre au rabais». Ces représentants de la Grande muette américaine sont désormais convaincus que la guerre va durer des mois et nécessitera des effectifs bien plus importants. Le Pentagone semble avoir pris la mesure des difficultés en décidant l’envoi de 120 000 militaires supplémentaires dans la région où se trouvent déjà 250 000 soldats dont près de 100 000 sur le terrain.

Les raids aériens sur Bagdad, Bassora et, au nord, sur Kalak à 40 km de Mossoul, se poursuivent cependant de manière ininterrompue depuis vendredi. Le président Saddam Hussein a décoré, à titre posthume, l’officier auteur de l’attentat-suicide qui a tué quatre soldats américains. Le vice-président Taha Yassine Ramadan a même appelé les Arabes à poursuivre l’ennemi américain et britannique jusque chez lui, affirmant qu’il n’y a pas de moyen légitime ou illégitime pour se défendre. Il a fait état de milliers de volontaires qui selon lui affluent en Irak pour prendre part à la lutte contre la coalition.



par Francine  Quentin

Article publié le 30/03/2003