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Guerre en Irak

Les Kurdes en renfort

Au moment où les forces de la coalition américano-britannique sont contraintes de revoir leurs plan d’avancée en direction de Bagdad, les combattants kurdes, au nord de l’Irak, font mouvement en direction du sud.
Au nord de l’Irak, un premier mouvement militaire majeur a eu lieu au cours de la journée de vendredi. Au moment où les forces de la coalition américano-britannique piétinent au sud dans leur avancée vers Bagdad, les peshmergas (combattants kurdes) encadrés par des soldats américains, ont réalisé une double opération : avancée en direction de la ville pétrolière de Kirkouk et entrée dans la zone tenue par les islamistes du groupe Ansar al-Islam dans la zone frontalière de l’Iran.

Au Kurdistan, le mouvement le plus significatif sur le plan militaire est celui effectué en direction de Kirkouk. Les positions les plus avancées des peshmergas ne sont plus qu’à 16 km à l’est de la ville selon l’AFP. Les combattants kurdes ont progressé dans une zone abandonnée par les militaires irakiens soumis depuis plusieurs jours à un pilonnage intensif de la part de l’aviation américaine. Selon les responsables militaires kurdes, les forces irakiennes se seraient repositionnées aux limites de la ville et auraient placé des mines pour protéger leur retraite. La ville constitue un objectif autant militaire que politique pour les mouvements kurdes qui ambitionnent de faire de Kirkouk leur «capitale».

Dans l’est du Kurdistan irakien, le long de la frontière iranienne, la seconde opération d’envergure conduite par les peshmergas a consisté à prendre le contrôle de la zone qui était tenue par l’organisation islamiste Ansar al-Islam. Environ 8000 combattants de l’UPK (Union patriotique du Kurdistan) ont investi les villages concernés qui avaient été bombardés par l’aviation américaine ces derniers jours. L’organisation Ansar al-Islam qui contrôlait cette enclave depuis de long mois avait imposé aux habitants un mode de vie semblable a celui en vigueur en Afghanistan au temps des Taliban. Cette organisation avait d’ailleurs été présentée par l’administration américaine comme le lien entre Oussama ben Laden et Saddam Hussein, sans que Washington n’en apporte la preuve.

12000 soldats américains attendus en renfort

Bagdad a de nouveau été la cible de violents bombardements au cours de la journée de vendredi. En fin de matinée, deux missiles de croisière américain ont fait 8 morts et 33 blessés selon les autorités irakiennes. Par ailleurs, en fin d’après-midi, le bombardement d’un hôpital aurait fait 30 morts et 47 blessés selon des sources médicales citées par l’AFP. Une nouvelle vague de bombardements était signalée dans la soirée.

Au sud de l’Irak, le contingent le plus avancé de la coalition américano-britannique se trouve toujours à environ 80 kilomètres de Bagdad. Bloqué pendant deux jours par la tempête de sable qui a balayé l’Irak, les forces de la coalition sont toujours en position inconfortable avec des lignes de ravitaillement qui s’étendent sur des centaines de kilomètres jusqu’à la frontière du Koweït. Une faiblesse dont se servent les combattants irakiens qui harcèlent les forces américaines et britanniques notamment en lisière des villes que les soldats de la coalition ont pourtant tenté de contourner.

Près de Najaf, à 150 kilomètres au sud de Bagdad, la 3e division d’infanterie américaine est la cible d’opérations de harcèlement.

A Bassorah, dans le sud du pays, les combats entre soldats britanniques et miliciens irakiens se sont poursuivis tout au long de la journée de vendredi. Dans la ville, une journaliste de l’AFP a vu des centaines de familles tenter de fuir vers le sud, invoquant le manque d’eau, de vivres et la peur des bombardements. Des fuyards qui ont été visés par des tirs de mortier venus du centre de la ville.

A Oum Qasr, que la coalition contrôle désormais après une semaine de combat, le premier navire transportant de l’aide humanitaire a accosté vendredi. A bord du RFA Sir Galahd, 800 tonnes d’eau, de vivres et de médicaments.

Face à cette situation militaire inconfortable qui suscite des critiques au sein même de l’institution militaire américaine, des renforts sont attendus. Pour épauler les 90000 soldats américains qui sont présents sur le sol irakien, selon le Pentagone, quelque 12000 hommes et femmes sont déjà en route pour le Golfe alors que les corps des premières victimes de la guerre sont de retour aux Etats-Unis. Les dépouilles des 18 premiers soldats américains qui ont trouvé la mort au début des combats ont été discrètement rapatriés vendredi sur la base aérienne de Dover dans le Delaware. Vendredi soir, le bilan s’élevait à 28 morts dans les rangs américains et 18 tués dans les rangs britanniques. Le ministère irakien de l’information chiffre de son côté à 346 le nombre de morts irakiens depuis le début du conflit.



par Philippe  Couve

Article publié le 28/03/2003