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Guerre en Irak

La guerre entre dans sa deuxième semaine

Une semaine après l’ouverture des hostilités, la guerre bat son plein et l’avance rapide des forces anglo-américaines sur Bagdad ne leur a pas encore donné un avantage décisif.
Plusieurs centaines de militaires, sans doute plus d’un millier selon les médias américains, appartenant à la 13e brigade aéroportée de l’armée de terre américaine ont été parachutés mercredi soir dans le nord et ont pris le contrôle d’un aérodrome à une cinquantaine de kilomètres de la ville d’Erbil, dans le Kurdistan irakien. La prise de ce terrain d’aviation devrait permettre à l’armée américaine d’acheminer rapidement des renforts en hommes et en véhicules blindés permettant l’ouverture d’un front nord. Ce dernier avait été retardé par le refus du parlement turc d’autoriser le passage de 62 000 soldats américains.

L’absence de ce front nord avait permis à l’armée irakienne de concentrer ses forces au sud de Bagdad afin de contrer l’offensive anglo-américaine qui a rencontré une résistance plus vigoureuse que prévue par les états-majors américain et britanniques. Le secrétaire américain à la Défense, sans donner davantage de précisions, a indiqué lors d’une réunion à huis clos avec des membres du Congrès que les États-Unis renforçaient leurs forces au nord et au sud comme prévu, et non en réaction à l’évolution de la situation sur le terrain.

Le dispositif anglo-américain monte en puissance et les renforts actuellement dépêchés vers le Golfe pourraient rapidement faire passer les effectifs globaux de la coalition à quelque 300 000 militaires. Le déminage par les Britanniques des eaux menant au port d’Oum Qasr, seul débouché maritime de l’Irak, devrait permettre sous peu aux navires américains et britanniques de décharger hommes et matériels directement en territoire irakien sans avoir à transiter par le Koweït. Ce n’est qu’aujourd’hui que les premiers éléments de la 4e division d’infanterie américaine quitte les États-Unis pour le Golfe où elle ne sera pas à pied d’œuvre avant un mois.

Sortie avortée à Bassorah

Dans la soirée de mercredi, les Irakiens se sont trouvés un allié : le vent de sable persistant qui a recouvert la région de Bagdad toute la journée d’un épais halo de couleur ocre, diminuant la visibilité et restreignant considérablement la possibilité pour les Américains et les Britanniques de mettre à profit leur écrasante supériorité aérienne. Ainsi dissimulés, du moins partiellement, par la tempête de sable, des unités irakiennes ont quitté la zone de Bagdad pour faire route vers le sud, en direction de Kerbala, pour aller à la rencontre des forces anglo-américaines et renforcer les unités irakiennes déjà en place. Mais selon le chef d’état-major interarmes américain, le général Myers, contrairement à ce qui avait été initialement annoncé, il ne s’agirait pas de blindés mais de véhicules légers qui ont été pris pour cible par les forces américaines.

Plus tôt dans l’après-midi, on a également assisté à une sortie de chars irakiens de la ville de Bassorah, dans le sud du pays. Une colonne de blindés, constituée de 120 chars T-55 de fabrication soviétique, de transports de troupes et de pièces d’artillerie ont quitté la ville par surprise avant même la tombée de la nuit. Si les Irakiens ont bénéficié de l’effet de surprise (un officier britannique ne cachait pas sa surprise devant une sortie effectuée en plein jour, «suicidaire», disait-il, elle fut de courte durée : l’aviation américano-britannique est intervenue immédiatement, détruisant les véhicules de tête de la colonne tandis que celle-ci se dispersait dans les marais.

Pour l’heure, alors que la bataille de Bagdad n’a pas encore vraiment commencé et que le siège de Bassorah se poursuit, l’essentiel des combats se concentre dans la région centre, dans le Moyen Euphrate, autour des villes saintes chiites de Najaf et Kerbala, où, pour la première fois, les forces coalisées ont affronté les troupes d’élite de Saddam Hussein appartenant à la Garde républicaine. De source américaine, on indiquait mercredi que les combats acharnés qui se sont déroulés depuis lundi autour de Najaf ont fait un millier de morts parmi les soldats irakiens. De leur côté, les forces anglo-américaines reconnaissent la perte d’une quarantaine de combattants depuis le début de la guerre. Les autorités de Londres et de Washington ont vivement réagi après la diffusion par Al Jazira d’images montrant les cadavres de deux soldats britanniques appartenant aux «Rats du désert». Par ailleurs, selon l’AFP, des dizaines de marines auraient été blessés mercredi près de Nassirya dans des échanges de «tirs amis» enter deux unités de Marines

Jeudi matin, la ville de Bagdad était à nouveau ébranlée par des bombardements de la périphérie sud de la capitale. La guerre est entrée dans sa deuxième semaine.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 27/03/2003