Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Guerre en Irak

Le bilan humain s’alourdit rapidement

Les pertes humaines ont considérablement augmenté en Irak avec, à Bagdad, le tir de missiles sur un marché faisant des morts et des blessés civils. Et, dans leur marche vers Bagdad, les forces armées américano-britanniques ont livré à Najaf, à 150 km au sud de la capitale irakienne, leur bataille la plus dure et la plus meurtrière. Au sud de l'Irak la coalition tentait de s'implanter solidement afin de permettre la sécurité de l'accès aux humanitaires.
Les forces américano-britanniques se heurtent, à tout moment, à de nouveaux obstacles. Mercredi soir, la coalition a dû affronter une importante colonne de blindés irakiens, venus de Bassorah. Cette ville est, depuis plusieurs jours, disputée entre les deux camps et l'aviation alliée a effectué de nombreuses sorties contre la colonne composée de chars et de pièces d'artillerie.

Déjà, le bilan des pertes humaines civiles et militaires s'est considérablement accru, en quelques heures, avec la bataille meurtrière menée par l'infanterie américaine près de Najaf à 150 km au sud de Bagdad faisant, de source américaine, 650 tués irakiens en 24 heures, un millier en trois jours et aucune victime côté américain. Cette bataille a été présentée comme la plus importante depuis le début de la guerre, il y a une semaine.

Mais c’est l’explosion de deux missiles mercredi en fin de matinée dans une rue commerçante et le marché d'un quartier populaire de Bagdad, tuant, de source irakienne, 14 civils et en blessant une trentaine, qui a créé l'émotion au plan international. Depuis le début des hostilités un millier de personnes ont été blessées dans les bombardements de la capitale irakienne par la coalition et accueillis dans les hôpitaux de la ville et sa périphérie. Le ministre britannique de la Défense Geoff Hoon a affirmé que le marché n’avait en aucun cas été pris pour cible et le secrétaire d'Etat américain Colin Powell que les alliés tentaient de minimiser le nombre des victimes civiles. L’enquête se poursuivait sur les circonstances exactes de cette «bavure» que le commandement central américain ne reconnaissait, avec retard, que du bout des lèvres.

Les raids ont toutefois repris dans la soirée sur Bagdad où de violentes déflagradations ont été entendues signalant de nouveaux bombardements.

Après une semaine de guerre la réaffirmation par le président Bush, depuis le centre de commandement de Floride, que la guerre n’était pas terminée même si des progrès étaient enregistrés est bien passée dans l’opinion publique américaine. Selon un sondage New York Times/CBS, les Américains sont désormais majoritaires à penser que le conflit sera long et coûteux, y compris en vies humaines.

Renforts US et troupes d’élites irakiennes

Les informations diffusées ces derniers jours sur le déroulement des opérations militaires vont bien dans ce sens. La chaîne de télévision du Qatar Al Jazira a montré des images présentées comme celles de prisonniers et de morts britanniques, tués au cours des combats dans le secteur de Bassorah. La progression des soldats américains et britanniques, en route pour la prise de Bagdad, est ralentie par des accrochages répétés avec des groupes armés irakiens qui résistent à cette avancée.

Alors qu’un porte-parole militaire irakien annonçait le premier engagement sur le terrain des unités spéciales de la Garde républicaine, troupes d'élite du régime, les Etats-Unis décidaient d'envoyer 30 000 hommes en renfort dans le Golfe, dont les 12 000 soldats qui devaient initialement opérer depuis la Turquie et commenceront d’être redéployés jeudi dans la région.

A 300 km au sud de Bagdad, à Al-Chatra, un appel au soutien aérien a été rendu nécessaire pour s’opposer au feu irakien, alors que la marche était déjà difficile en raison de la tempête de sable qui sévit dans la région. Là encore, des journalistes ont pu voir des cadavres d’Irakiens habillés en civils. A titre préventif contre le harcèlement de leurs troupes, les marines américains ont fait évacuer les quartiers périphériques de la ville de Nassiriya.

A Bassorah où le soulèvement de la population s’est finalement avéré un mouvement très limité, la distribution d’eau potable a été partiellement rétablie. Les organisations humanitaires avaient tiré la sonnette d’alarme face à la dégradation des conditions de vie du 1,2 million d’habitants. Le secrétaire
général des Nations Unies, Kofi Annan, s'est déclaré «de plus en plus préoccupé par les victimes humanitaires».

Toute la difficulté du côté américain consiste à rendre les zones prises par la coalition suffisamment sûres pour permettre l’accès des convois humanitaires. A Oum Qasr, cinq jours de combats ont été nécessaires pour s’établir sur le seul port en eaux profondes de l’Irak et, après déminage, espérer acheminer le plus rapidement possible l’aide humanitaire. Cette maîtrise totale de la ville continuait cependant d’être contestée par les autorités irakiennes. Un premier convoi chargé d’eau et de nourriture a passé la frontière terrestre entre le Koweït et l’Irak, sous l’égide du Croissant rouge, immédiatement pris d’assaut par des populations démunies.



par Francine  Quentin

Article publié le 26/03/2003