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Guerre en Irak

Bush se prépare à une longue guerre

Après cinq jours de guerre, la coalition américano-britannique a le triomphe modeste. Les plans d’occupation de l’Irak et de renversement de Saddam Hussein sont quelque peu contrariés, mais l’avancée est certaine. Tout porte à croire que la guerre ne sera pas courte.
Le président des Etats-Unis George Bush a choisi les locaux du ministère de la Défense de son pays, le Pentagone, pour s’adresser à la nation au cinquième jour de la guerre en Irak. L’intervention du président avait pour but d’impliquer davantage le citoyen américain dans l’effort de guerre. Il a demandé au Congrès un collectif budgétaire de 74,7 milliards de dollars pour financer la guerre. Autrement dit, les Américains sont invités à mettre la main à la poche. La réduction d’impôt promise par le candidat George Bush ne pourra donc pas être tenue. Le Sénat vient d’annoncer l’adoption d’un amendement ramenant la réduction d’impôt prévue de 726 milliards de dollars à 350 milliards. Sur les 74,7 milliards de dollars demandés par George Bush, 63 milliards seront directement affectés au financement des opérations militaires. Il a annoncé ses intentions de consacrer 8 milliards à l’assistance humanitaire d’urgence et à l’aide aux pays voisins de l’Irak. Enfin le président entend consacrer les 4 milliards restants à une politique de prévention et de protection contre d’éventuelles attaques terroristes sur le sol américain.

Cette intervention du président américain et la rallonge budgétaire qu’il demande, laissent croire que la guerre ne sera pas courte, comme ses initiateurs l’avaient imaginée. «Nous ne pouvons pas prévoir la durée du conflit, mais en connaissons l’issue», déclare George Bush qui se félicite du travail accompli par les soldats américains en Irak. Sur le plan militaire l’avancée des troupes de la coalition américano-britannique a connu des fortunes diverses. Au sud de l’Irak, le port d’Oum Qasr n’est pas entièrement contrôlé par les alliés. De nombreuses poches de résistance au cœur de la ville ont empêché le total contrôle de la ville portuaire. Les opérations de guérilla urbaine ont conduit les forces terrestres britanniques à solliciter l’appui des moyens aériens. Les différents états-majors reconnaissent la violence des combats et sont naturellement divisés sur le bilan des affrontements. Cette ville portuaire, en frontière avec le Koweit, est le seul débouché maritime du l’Irak.

Bagdad, l’objectif final

Un peu plus au nord d’Oum Qasr, la ville de Bassorah est le théâtre d’âpres combats. Son aéroport serait tombé aux mains des forces britanniques le 25 mars dans la matinée. Mais elles ont dû battre en retraite sous les assauts des unités spéciales irakiennes. Les alliés, selon le porte-parole des forces britanniques ont reculé de 15 kilomètres et se préparent à un assaut final sur la ville. En revanche, le chef local du parti Baas au pouvoir, terreur des Chiites de la région aurait été capturé par les commandos britanniques qui l’ont exhibé pour leur annoncer «la fin de leur cauchemar». C’est ainsi que les forces britanniques ont suscité quelques manifestations anti-Saddam. L’opération commando aurait fait une vingtaine de morts côté irakien et un tué dans les rangs alliés. Par ailleurs, une bavure des forces alliées aurait coûté la vie à deux des leurs, des Britanniques.

Bassorah, la deuxième ville d’Irak avec 1,2 millions d’habitants est au bord d’une autre catastrophe, humanitaire celle-là. Le programme alimentaire mondiale et des organisations humanitaires réclament pour cette ville l’approvisionnement en eau potable et en produits alimentaires dont les populations sont privées depuis le début du conflit. Le ministère de la Défense de Belgique a annoncé qu’il mettra bientôt à disposition de l’Unicef des installations d’épuration de l’eau destinées aux populations du sud de l’Irak. Ces installations basées en Jordanie seront acheminées à Koweit-city. D’ores et déjà, les Britanniques qui prennent le contrôle de Bassorah assurent les organisations humanitaires qu’ils ne mettraient aucune entrave à l’approvisionnement des populations.

Sur l’axe sud-nord, en direction de Bagdad, 4 000 soldats américains ont franchi le fleuve Euphrate. La ville de Nassiriya serait aussi tombée aux mains des alliés qui ont installé autour d’elle d’importants cortèges de chars. Les Américains annoncent des centaines victimes dans les rangs ennemis et déplorent la perte de trois hélicoptères sans donner de chiffre sur les victimes dans leur camp. Annoncées à quelque 70 kilomètres de Bagdad, les troupes américano-britanniques ont été stoppées dans leur progression par une violente tempête de sable. Mais les intempéries n’ont pas empêché l’aviation américaine de poursuivre ses intenses bombardements de Bagdad et de sa périphérie. La grande bataille annoncée est celle de la capitale qui déterminera l’issue de la guerre. Les alliés amassent leurs troupes autour d'elle pour cette attaque mais craignent que Saddam Hussein ne déclenche une guerre chimique. Dans l’extrême nord du pays les bombardements se poursuivent aussi et les Américains envisageraient de prendre Bagdad en étau en ouvrant un front nord et un front sud. Une importante logistique aurait été transportée et positionnée dans le Kurdistan irakien. Par les bombardements intensifs, les Américains entendent affaiblir les positions irakiennes avant de mener l’assaut de la capitale. Mais côté irakien on se prépare également à cette confrontation. L’unité d’élite de l’armée irakienne, la garde présidentielle aurait fait le bouclage de Bagdad avec des milliers de pièces d’artillerie et des centaines de véhicules blindés. L’armée irakienne concentre actuellement ses forces sur la capitale pour un combat au sol inévitable.



par Didier  Samson

Article publié le 25/03/2003