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Guerre en Irak

Oum Qasr résiste dans le sud

La résistance rencontrée notamment par les Américains et les Britanniques dans le petit port d’Oum Qasr a sans doute décidé l’état-major des forces coalisées à adopter une nouvelle stratégie en contournant certaines villes pour parvenir rapidement à la capitale. Les troupes terrestres américano-britanniques ont traversé l’Euphrate et seraient à quelque 200 km de Bagdad. L’Irak a connu une nouvelle nuit de bombardements mais d’une intensité moindre. Sur le front nord, la situation semble calme.
Bagdad a connu dans la nuit de samedi à dimanche des bombardements sporadiques mais violents, sans aucune mesure toutefois avec les frappes qui ont secoué la ville au deuxième jour de l’offensive américano-britannique. Pour la première fois plusieurs quartiers sud de la capitale ont été plongés dans l’obscurité mais le courant électrique a très rapidement été rétabli. Un nuage noir, émanant des tranchées emplies de pétrole qui se consumait encore autour de la ville, recouvrait dimanche Bagdad. Une explosion violente a été entendue peu après 9 heures (6h00 TU) suivie par des tirs de la DCA irakiennes. La circulation était presque normale dans le centre de la ville où certains commerces comme les boulangeries, les pharmacies ou les épiceries étaient ouverts.

Sur le front sud, la localité de Oum Qasr était dimanche matin toujours le théâtre de combats d’artillerie entre les forces coalisées et des soldats irakiens. La résistance n’avait donc pas cessé puisque des Marines américains essuyaient encore des tirs nourris. La chaîne al-Jazira a diffusé des images de chars américains tirant des obus tandis que crépitaient des détonations de mitrailleuses provenant de bâtiments situés dans la ville. Le correspondant de la télévision qatariote a affirmé en outre avoir entendu les troupes américaines réclamer des renforts en chars.

Les forces terrestres américano-britanniques poursuivaient dimanche leur avancée vers le centre de l’Irak et se trouveraient désormais à quelque 200 km de la capitale. Samedi soir, certaines troupes étaient dans les environs de Najaf mais le gros des forces se trouvait un peu plus au sud près de Nassirya. Contredisant les premières informations de l’état-major américain affirmant que cette ville était tombée, le général Stanley McChrystal, a indiqué que cet important nœud routier et ferroviaire avait été contourné par les forces coalisées. Selon lui, il s’agissait d’éviter des combats susceptibles de faire des victimes civiles ou des dommages aux infrastructures. Cette stratégie a été annoncée la veille par le général Tommy Franks, qui commande l’opération «Liberté de l’Irak».

Les bombardements sur la ville de Bassorah auraient fait 77 morts et 366 blessés, tous des civils, a annoncé le ministre de l’Information Mohammed Saïd al-Sahhaf. La chaîne qatariote al-Jazira avait la veille fait état de 50 victimes dont un ressortissant russe. L’opposition chiite irakienne, basée en Iran, a par ailleurs affirmé que les frappes américano-britanniques ont atteint samedi un centre de commandement à Bassorah, tuant 18 membres des services de sécurité irakiens. Parmi les victimes figureraient quatre officiers.

Tikrit touché dans la nuit

Les villes du nord ont également été la cible des bombardements alliés. Quatre étudiants jordaniens ont été tués samedi soir à Mossoul lorsqu’un missile est tombé près de leur voiture et à Kirkouk, où les frappes ont également été nombreuses, aucun bilan n’a été fourni. Les forces coalisées ont par ailleurs bombardé la ville d’origine de Saddam Hussein, Tikrit. Leurs frappes ont visé, selon des témoins, des locaux du parti Baas au pouvoir, un hôtel et un musée. Quatre Irakiens ont été tués dans ces raids. Selon un photographe de l’AFP, un fort déploiement de soldats et de membres du corps paramilitaire des Fedayin de Saddam , dirigé par le fils aîné du président irakien, Oudai, était visible samedi dans les rues de la ville. Fief de Saddam Hussein d’où sont originaires plusieurs membres de son cercle rapproché, Tikrit, pourrait être une ville de repli pour le dirigeant irakien si Bagdad tombe aux mains des forces américano-britanniques.

Dans le camp de la coalition, plusieurs incidents, dont certains graves, ont été signalés au cours de ces dernières 24 heures. Un avion de la Royal Air Force a été abattu par un missile Patriot. L’appareil, un chasseur-bombardier Tornado, a disparu près de la frontière koweïtienne, côté irakien. Cette disparition intervient au lendemain de la collision de deux hélicoptères britanniques au dessus des eaux du Golfe qui a fait sept mort. Vendredi, huit soldats britanniques et 4 américains avaient été tués lors de la chute d’un hélicoptère de transport de troupes.

Une explosion a par ailleurs été entendue dimanche à proximité de l’entrée du Commandement central américain (Centcom) au Qatar. Cette explosion était d’origine accidentelle, a affirmé une source militaire en précisant que ce n’était «rien de sérieux car elle n’était pas située sur le périmètre de la base». Cet incident intervient toutefois dans un contexte tendu. Au Koweït, un soldat américain a en effet été tué et 12 autres blessés par une grenade lancée par un GI. L’attaque est survenue dans le camp Pensylvania dans la nuit. Un journaliste du magazine Time, présent sur place, a affirmé que l’assaillant était un sergent d’une unité d’ingénierie dont le nom a «une consonance arabe». Il aurait reconnu les faits.

L’incertitude demeure par ailleurs sur le sort de deux pilotes qui se seraient éjectés, selon al-Jazira, après la chute de leur avion au-dessus de Bagdad. La chaîne qatariote a diffusé des images montrant des habitants de la capitale participant à leur recherche. Le Pentagone a toutefois catégoriquement démenti qu’un appareil des forces coalisées soit manquant à l’appel.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 23/03/2003