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Guerre en Irak

Le conflit s’installe

Au troisième jour de l’opération «Liberté en Irak», cette journée de samedi a été marquée par une très forte activité militaire aéroterrestre. C’est dans le sud du pays que se déroule l’essentiel de l’offensive américano-britannique. La capitale a vécu la journée au rythme des alertes et des frappes aériennes. Lors de sa première rencontre avec la presse depuis l’ouverture des hostilités, le général Tommy Franks s’est déclaré «très satisfait» du déroulement des opérations.
La capitale a été de nouveau bombardée et des explosions ont secoué le nord, l’ouest et le sud de Bagdad. En fin d’après-midi, les autorités irakiennes ont mis le feu à des tranchées remplies de pétrole dans l’espoir de gêner les raids américano-britanniques. En début de soirée, au moins une vingtaine d’épais nuages noirs encerclaient la ville et recouvraient plusieurs quartiers et de nouvelles explosions étaient entendues.

Sur le front sud, l’offensive se poursuit et les forces américano-britanniques s’emploient soit à conquérir les principales localités, soit à les contourner, selon leur importance et leur valeur militaire. Le port stratégique d’Oum Qasr, seul accès de l’Irak à la mer au sud de Bassorah, ne semble pas encore totalement sécurisé pour les soldats de la coalition qui l’ont investi. Les britanniques ont en effet reconnu aujourd’hui la subsistance de poches de résistance.

Plus au nord, le port fluviale de Bassorah a été la cible de bombardements aériens qui, selon la télévision qatariote Al-Jazira, ont fait cinquante morts, dont un ressortissant russe. Lors de son premier point de presse samedi, le commandant en chef américain, Tommy Franks, s’est félicité du bon déroulement des opérations et a déclaré que ses forces n’avaient pas l’intention de «traverser Bassorah» en raison des risques de «créer des confrontations dans cette ville». Par ailleurs 4 journalistes de la chaîne britannique ITN sont portés disparus dans la région. Les forces américano-britanniques ont, en outre, annoncé avoir pris le contrôle de la ville de Nassiriyah, à 180 kilomètres au nord-est du Koweït.

A ce stade du conflit, il est difficile de mesurer la capacité de résistance réelle de l’armée irakienne. Le général Franks estime que ses hommes ont capturé 1 000 à 2 000 combattants irakiens et que des milliers d’autres sont en fuite.

Concernant les puits de pétrole en flamme dans le sud irakien, le commandement des forces coalisées a ramené à 7 le nombre d’unités incendiées. Vendredi le chiffre de 35 puits incendiés avait circulé (sur un total de plus d’un millier). Le porte-parole du quartier général des forces américaines annonce que ses soldats se sont emparés des installations pétrolières de la zone de Roumaila et que des équipements sont en cours d’acheminement pour maîtriser les puits en feu.

Sur le front nord, aucune attaque massive, ni mouvement de troupes n’est signalé. En revanche, samedi matin, l’aviation américaine a bombardé deux groupes kurdes islamistes accusés par Washington d’entretenir des liens avec le réseau terroriste Al-Qaïda. Selon des témoins cités par l’AFP, ces bombardements ont fait au moins 57 morts. D’autre part, la principale base aérienne militaire de Kirkouk et une résidence présidentielle à Mossoul ont subi des frappes aériennes.

Il règne toutefois une vive tension dans la région. Au face-à-face tendue entre kurdes irakiens et soldats de Bagdad, s’ajoute l’incertitude sur l’attitude de la Turquie dont on ignore encore les intentions dans le conflit. D’ailleurs en fin d’après-midi, Washington renonçait à faire transiter ses troupes sur le sol turc et ordonnait à ses transporteurs de troupes de se dérouter vers le Golfe. Témoin de cette tension, un journaliste a été tué samedi dans l’explosion d’une voiture piégée dans cette région.

Dans la matinée, lors de son discours hebdomadaire à la nation, le président des Etats-Unis a averti que la guerre pourrait durer plus longtemps que prévu et qu’elle serait suivie d’un engagement américain à long terme pour établir la démocratie en Irak.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 22/03/2003