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Guerre en Irak

«Choc et effroi»

Les avions américains et britanniques ont fait mille frappes et tiré mille missiles de croisière sur l'Irak au cours d’une campagne de bombardements massifs surnommée «Choc et effroi». Après le déluge de feu qui a déferlé sur la capitale irakienne et sur les principales villes du pays dans la nuit de vendredi à samedi, les Bagdadis ont été réveillé au lever du jour par de puissantes explosions qui ont frappé la banlieue de la ville. Sur le front sud, les forces américano-britanniques seraient aux portes de Bassorah et dans le nord du pays un millier de soldats turcs auraient contre l’avis de Washington pris position dans le Kurdistan irakien.
La campagne «Choc et effroi» a été déclenchée à partir de plusieurs centaines d’avions américains et britanniques qui avaient décollé auparavant d’une trentaine de bases situées dans une douzaine de pays et à partir de cinq porte-avions qui croisent dans le Golfe. Quelque 1500 cibles –essentiellement des centres de commandement de l'armée et du régime irakiens ainsi que des sites pouvant abriter des armes de destruction massive– ont été visées durant cette opération. Les bombardiers furtifs B-2, partis de leur base de Witheman dans le Missouri, ont largué des bombes à guidage satellite d’une tonne et les bombardiers stratégiques B-52, qui avaient décollé d’Angleterre et de l’île de Diego Garcia dans l’océan indien, ont tiré des missiles de croisières conventionnels aériens. En tout l’aviation anglo-américaine a effectué plus de 2 000 sorties en 24 heures. Selon le Pentagone, mille frappes de bombardiers et autant de missiles tirés se sont abattus sur Bagdad et sur les villes de Bassorah dans le sud et Kirkouk et Mossoul dans le nord. Les habitants de la capitale irakienne ont été réveillés au petit jour par de puissantes explosions qui ont touché la banlieue de la ville.

Deux-cent sept personnes ont été blessées à Bagdad dans la nuit de vendredi à samedi par les bombardements anglo-américains, a affirmé le ministre irakien de l’Information, qui a précisé qu’il s’agissait essentiellement de civils, en majorité des femmes et des enfants. Mohammed Saïd al-Sahhaf, qui s’exprimait au cours d’une conférence de presse, a déclaré que les blessés avaient été répartis dans cinq hôpitaux de la capitale et a invité les journalistes à s’y rendre. Il a en outre affirmé que l’armée irakienne avait infligé de «lourdes pertes» aux forces américano-britanniques. «Nos forces sont toujours à leurs places à Oum Kasr», a-t-il ainsi déclaré en démentant la prise de cette ville portuaire. Notre envoyé spécial Lucas Menget a toutefois affirmé que si les Américains et les Britanniques étaient bien entrés à Oum Kasr, cette dernière n’était toujours pas pacifiée. Selon des témoignages des habitants, il y auraient plusieurs morts et de nombreux blessés.

Une collision accidentelle entre deux hélicoptères de la Royal Navy au dessus des eaux internationales dans le Golfe a fait sept morts samedi, tous des soldats britanniques, selon le ministère de la Défense à Londres. Huit «Royal Marines» britanniques, ainsi que quatre militaires américains avaient péri vendredi dans un premier accident d'hélicoptère et deux Marines américains ont été tués au combat vendredi.

Une division de l’armée régulière irakienne se serait rendue aux forces anglo-américaines, a affirmé le Pentagone. Il s’agit de la 51ème division mécanisée basée près de Bassorah, la grande ville du sud menacée depuis vendredi par les Américains et les Britanniques après le déclenchement jeudi de l’offensive terrestre depuis le Koweït. Les autorités irakiennes ont démenti l’information en affirmant que «la vaillante 51ème division, avec ses braves commandant, officiers et soldats, se battent avec courage». Elles ont affirmait qu’elle infligeait toujours «des dégâts matériels aux chars d’assaut ennemis» et faisait «des victimes parmi les mercenaires dans sa zone d’opérations».Une division irakienne compte généralement entre 8 000 et 10 000 soldats. Toujours sur le front sud, «des milliers» de soldats irakiens appartenant à la 11ème division auraient été fait prisonniers par la Troisième division d’infanterie de l’armée américaine (3ID) après une bataille sur les bords de l’Euphrate. «Des milliers d’Irakiens ont été obligés de se rendre» après cet affrontement a affirmé le capitaine Andrew Valles, le porte-parole de la 3ID.

La Turquie a envoyé ses premières troupes dans le nord de l’Irak. Malgré l’opposition affichée de Washington, un millier de soldats ont pris position dans le Kurdistan irakien, a affirmé la chaîne de télévision CNN-Turc. Ils seraient entrés dans les premières heures de samedi depuis Cukurca (extrême sud-est) située juste à la frontière turco-irakienne et doivent préparer le terrain pour l'arrivée d'un contingent plus important. le chef de la diplomatie turque avait indiqué quelques heures auparavant que les soldats turcs iront dans le nord de l'Irak «pour empêcher la création d'une vacance» de pouvoir et mener des missions humanitaires. Le ministre britannique de la Défense Geoff Hoon a pour sa part indiqué qu'un «nombre limité» de forces turques pourraient pénétrer dans le nord irakien mais qu'il n'y a pas d'«arrangement» avec le gouvernement d’Ankara aux dépens de l'intégrité territoriale de l'Irak. La Turquie avait ouvert vendredi dans la soirée son espace aérien aux avions américains et britanniques.

Des positions d’Ansar al-Islam, un groupe islamiste opérant au Kurdistan irakien et accusé par Washington de liens avec l’organisation terroriste al-Qaïda, ont été la cibles de bombardements américains dans le nord de l’Irak, ont affirmé des sources kurdes. Ce groupe regrouperait plusieurs centaines de membres opérant dans une zone frontalière de l’Iran.

Un millier de puits de pétrole irakien seraient sous le contrôle des forces américano-britanniques, a annoncé le chef d’Etat-major interarmes Richard Myers. L’Irak avait démenti auparavant les accusations américaines et britanniques selon lesquelles il avait mis le feu à une trentaine de puits dans le sud du pays. Washington et Londres avaient revu à la baisse leur chiffre en annonçant que sept puits avaient été incendiés.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 22/03/2003