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Guerre en Irak

Bagdad se prépare à l’assaut

L’avancée des troupes américano-britanniques a été ralentie par la tempête de sable qui a sévi sur la région mais les premières colonnes de chars se trouveraient à moins de 100 kilomètres des portes de la capitale irakienne. Face à cette approche, l’ambiance a changé à Bagdad et la résistance s’organise malgré la persistance de bombardements de plus en plus violents qui cherchent notamment à détruire les positions de la Garde républicaine de Saddam Hussein, les troupes d’élite qui ont mission de défendre la capitale.
Peu à peu, Bagdad a pris des airs de camp retranché. Des sacs de sable, derrière lesquels des militaires ont pris position, ont été disposés dans les rues. Des tranchées ont été creusées. Les commerçants ambulants sont de plus en plus rares. La progression des troupes anglo-américaines n’est pas étrangère à cette évolution. Même si une tempête de sable les a obligé à ralentir leur rythme, il semble que les unités de tête de la 3ème division d’infanterie se trouvent à environ 80 kilomètres de Bagdad. Et 4 000 marines ont déjà traversé l’Euphrate à hauteur de la ville de Nassiriyah située à 350 kilomètres de la capitale irakienne. La bataille pour s’emparer de Bagdad, qui sera déterminante, est proche. Pour préparer le terrain, les Américains ont intensifié leurs bombardements depuis le début de la guerre il y a maintenant sept jours. La ville est désormais en état d’alerte permanente et les bombes tombent de jour comme de nuit.

L’un des principaux objectifs du commandement américain est de détruire les positions de la Garde républicaine de Saddam Hussein, ce corps d’élite entièrement dévoué au raïs et dirigé par l’un de ses fils, qui a été déployé autour et à l’intérieur de Bagdad, dont on ne connaît pas l’état réel mais qui est susceptible d’opposer une résistance farouche aux Anglo-Américains. C’est d’ailleurs ces hommes, les feddayin, que Saddam Hussein a appelé, dans l’un de ses derniers messages à la nation, «à frapper les forces américano-britanniques partout en Irak». Le nombre de soldats d’élite dont dispose le régime est sujet à débat. Ils seraient entre 18 000 et 40 000. Leur détermination ne fait par contre aucun doute. Les feddayin seraient équipés de chars soviétiques de type T72, de défenses antiaériennes, de plusieurs centaines de pièces d’artillerie et de chars, mais aussi d’armes chimiques. C’est l’utilisation éventuelle de ces dernières qui fait d’ailleurs le plus peur aux forces américano-britanniques.

Frapper les feddayin

Mercredi matin, des bombardements ont encore été entendus au sud de la capitale où se trouvent stationnées deux unités mobiles de la Garde républicaine. Une quarantaine d’explosions ont retenti à l’aube dans cette zone clef. Ces raids doivent tenter de toucher les centres de commandement et les casernes qui abritent les feddayin et ainsi essayer de détruire leurs équipements et leurs capacités de communication.

Sans que cela ait été confirmé par le Pentagone, il semble que la télévision irakienne ait aussi été visée lors des dernières vagues de bombardements sur Bagdad. Un émetteur a d’ailleurs été touché et les émissions ont été interrompues pendant trois quarts d’heure.

Même si elle est rapide, la progression des forces américano-britanniques vers Bagdad ne se fait pas sans difficultés. Des combats très violents et, semble-t-il, très meurtriers sont menés dans les villes situées au sud du pays. A Najaf, à 150 kilomètres de la capitale, les forces du 7ème régiment de cavalerie auraient tué entre 150 et 300 Irakiens, selon le Pentagone, 650 selon Bagdad. Les affrontements autour de Nassiriya, 200 kilomètres plus au sud, ont aussi été sanglants. Des témoins ont affirmé avoir vu des dizaines de cadavres jonchant les routes. A Bassorah, la deuxième ville du pays, les combats continuent. Les autorités britanniques ont annoncé qu’une tentative de soulèvement de la population chiite avait eu lieu à l’intérieur de la ville, après la capture du responsable local du parti Baas par un commando, et que les forces irakiennes avaient tiré au mortier contre leurs propres populations. Le ministre irakien de l’Information Mohammed Saïd al-Sahhaf a immédiatement démenti et a parlé «de mensonges provocateurs». Pour le moment, aucune information de source indépendante ne permet de confirmer l’une ou l’autre version. Un fait est par contre avéré, la situation humanitaire à Bassorah est critique et les populations sont en danger.



par Valérie  Gas

Article publié le 26/03/2003