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Guerre en Irak

Au Nord, l’ouverture d’un front se précise

Les conditions météorologiques s'étant améliorées après trois jours de tempête de sable, la coalition américano-britannique a repris de plus belle, sous le soleil, sa marche vers Bagdad où de nombreux bombardements ont de nouveau secoué la capitale irakienne. En outre, des troupes américaines ont été parachutées au Kurdistan irakien et des peshmergas - des combattants kurdes - auraient franchi, ce jeudi, les lignes de front séparant la zone autonome kurde du territoire irakien, laissant présager de l'ouverture imminente du front nord. Pendant ce temps, à travers le monde, les manifestations anti-guerre se sont déroulées rassemblant plusieurs dizaines de milliers de personnes.
A Bagdad et ses environs, les bombardements se sont succédés et intensifiés tout au long de la journée de jeudi. Le centre de presse de la capitale irakienne aurait été touché et au sud de la ville, un important camp militaire aurait été la cible de la coalition américano-britannique ainsi qu’un bâtiment du complexe présidentiel sur l'une des rives du Tigre. La DCA a immédiatement riposté. Tout en reconnaissant que les unités américaines et britanniques étaient à quelques kilomètres de Bagdad et qu’elles pourraient l’encercler d'ici 5 à 10 jours, Sultan Hachem Ahmed, le ministre irakien de la Défense a toutefois déclaré que la capitale était «imprenable».

Au Nord, après le parachutage d’un millier de soldats américains de la 173ème brigade de l’armée de terre, dans la nuit de mercredi à jeudi, un journaliste de l’AFP a constaté que sur la route menant à Kirkouk, des milices kurdes avaient pris le contrôle d’une position irakienne située aux abords de la ligne de démarcation entre le Kurdistan autonome et le territoire sous contrôle de Bagdad. Une information que le ministre irakien de l’Information a démentie. De l’avis de plusieurs analystes, ce déploiement de l’armée américaine dans le Nord viserait à stabiliser la région, d’où pourrait être lancée une offensive terrestre pour prendre notamment le contrôle des champs pétrolifères.

Rencontre entre Bush et Blair à Camp David

Sur le front sud, les forces américaines ont poursuivi leur progression vers Bagdad, en vue de déloger le régime de Saddam Hussein, en dépit de l’envoi de troupes irakiennes. Ainsi dans la région de Najaf et Kerbala, de violents combats ont opposé les forces de la coalition aux premiers éléments de la Garde présidentielle irakienne. Treize personnes ont été tuées et 56 autres blessées dans ces deux villes, a indiqué la défense civile. Les combats auraient donc été intenses. Plus au Sud, vers Bassorah, les Britanniques rencontraient toujours une vive résistance. Par ailleurs, les Américains et les Britanniques auraient pris partiellement le contrôle d’Oum Qsar, selon Lucas Menget, l’envoyé spécial de RFI sur place. Bien qu’il soit difficile d’obtenir des chiffres réels et objectifs, on déplore, depuis le début de la guerre, plus de 350 civils irakiens tués et 3 650 blessés, selon le ministre irakien de la Santé, 24 morts du côté américain, selon le commandement central basé au Qatar, et 18 du côté britannique, selon l’armée anglosaxone.

Du côté du pouvoir irakien, une réunion s’est tenue autour de Saddam Hussein, a annoncé la télévision d’Etat. Etaient notamment présents : son fils cadet, Qouissaï qui dirige la Garde républicaine, le vice-président Taha Yassine Ramadan et le vice-président Tarek Aziz. Aucune précision n’a cependant été donnée sur la teneur de cette rencontre. La dernière apparition télévisée du Raïs remonte au début de la semaine.

Sur le plan diplomatique, une première rencontre entre les deux alliés s’est tenue à Camp David, aux Etats-Unis. C’est la première depuis le début de la guerre. Lors d’une conférence de presse commune, George W. Bush et Tony Blair ont plaidé en faveur de la reprise immédiate du programme «pétrole contre nourriture», arrêté depuis le déclenchement de la guerre. Interrogé sur la durée probable du conflit en raison de la résistance rencontrée par les troupes anglo-américaines dans la première semaine de la guerre, le président américain a répondu que «cela prendra le temps qu'il faudra», c’est-à-dire plus longtemps que prévu. Au siège des Nations unies, à New York, le débat sur l’Irak s’est achevé en mettant en relief l’isolement de Washington et de Londres au sein de la communauté internationale, préoccupée avant tout par les conséquences humanitaires de ce conflit.

D’autre part, Geoff Hoon, le ministre britannique de la Défense, a affirmé, ce jeudi, lors d’une conférence de presse, que ses forces avaient fait des «découvertes importantes» sur le sol irakien qui «montrent de façon catégorique que les troupes irakiennes sont prêtes à utiliser» des armes de destruction massive. Cependant, le chef des inspecteurs en désarmement de l'Onu, Hans Blix, a estimé qu'il était trop tôt pour dire si l'Irak disposait ou non de ces armements.

Pendant ce temps, à travers le monde, les manifestations anti-guerre ont battu leur plein. Ainsi, 10 000 personnes s’étaient rassemblées en Egypte, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues en Algérie, au Liban, en Espagne, en Colombie et en France. A New York, une centaine d’Américains ont bloqué, jeudi matin, pendant quelques minutes, la circulation sur la 5ème Avenue en s'allongeant sur la chaussée. Et vendredi, plusieurs semaines après le reste du monde, l’Iran, pays voisin de l'Irak, connaîtra ses premières grandes manifestations.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 27/03/2003