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Guerre en Irak

La coalition progresse lentement

Les forces américano-britanniques montent en puissance dans leur campagne irakienne. Les Etats-Unis et la Grande Bretagne répondent aux critiques qui émanent de leur propre camp et envisagent d’augmenter les moyens en hommes et en armement. La progression des troupes sur le terrain est lente, mais l’ouverture simultanée de plusieurs fronts se confirme.
Une nouvelle nuit sans répit pour la population de Bagdad. La ville a été pilonnée tôt ce matin par des missiles et des bombardements de l’aviation américaine. Du porte-avions Theodore Roosevelt et de quelques croiseurs et destroyers américains qui naviguent en Méditerranée orientale, des missiles ont été tirés sur la capitale irakienne et sa banlieue. Quelques points sensibles ont été touchés, selon les journalistes présents dans Bagdad. Leur hôtel, en centre-ville a été fortement secoué par les bombardements. Ils indiquent aussi que plusieurs ailes de l’un des palais présidentiels, le long du Tigre, seraient en feu. Une centrale de télécommunication a aussi été touchée par les bombardements. Dans la banlieue de Bagdad, les tirs ont visé une caserne militaire, que les alliés qualifient de «très importante» dans le dispositif irakien de défense de la capitale.

Dans le nord de l’Irak, la ville de Mossoul n’a pas été épargnée par les bombardements. Mais le fait le plus marquant de la nuit est le déploiement des renforts américains en territoire kurde irakien. Le millier de soldats de la 173ème brigade de l’armée de terre américaine parachuté dans le Kurdistan est immédiatement entré en action effectuant des jonctions avec les Peshmergas, (soldats kurdes). Américains et Kurdes descendent maintenant sur la ville de Kirkouk, une des métropoles du nord de l’Irak, qui est aussi un centre pétrolier de première importance. Plus au sud de la capitale, à Najaf et à Kerbala, villes saintes chiites des combats ont opposé les troupes américaines aux premières unités de la garde républicaine d’Irak. Les violents combats signalés dès le 27 mars se sont poursuivis dans la nuit.

La résistance des Irakiens surprend

La résistance des Irakiens, minimisée au départ du conflit, est beaucoup plus ardue aux yeux des Américains. «L’ennemi contre lequel nous nous battons est différent de celui contre lequel nous nous sommes préparés», confesse le général américain, William Wallace. Les méthodes non conventionnelles des troupes irakiennes surprennent les alliés, qui les qualifient de «bizarres, brutales et suicidaires». C’est pourquoi le Pentagone (ministère américain de la Défense) annonce l’envoi sur le terrain de 120 000 soldats supplémentaires. Sur le sol irakien les Etats-Unis compte déjà 90 000 soldats. Les Américains craignent aussi des opérations de commandos suicide de la part des Irakiens. Ils évoquent également l’utilisation des armes de destruction massive, les armes chimiques, dont l’armée irakienne pourrait faire usage. La détention de ces armes qui avait motivé le déclenchement des hostilités, n’est toujours pas avérée. Hans Blix, l’un des inspecteurs en désarmement pour l’Irak confirme ses plus grandes réserves sur la détention par le régime de Bagdad des ces armes.

L’issue de la guerre ne paraît plus aussi rapide aux yeux des alliés américano-britanniques. George Bush avait demandé au Congrès américain, une rallonge budgétaire de 74,7 milliards de dollars pour faire face aux besoins occasionnés par la guerre. Tony Blair, le Premier ministre britannique a aussi revu à la hausse son budget pour la guerre qui passe de 1,75 milliards à 3 milliards de livres (4,41 milliards d’euros). Tony Blair qui était à Camp David pour faire le point de la situation avec George Bush a aussi profité de sa présence aux Etats-Unis pour se rendre au siège des Nations unies où il a rencontré le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan. Le Premier ministre britannique a parlé du rôle de l’ONU dans les opérations humanitaires. Il a également évoqué l’installation d’un gouvernement post-conflit en Irak sous l’égide de l’ONU, contrairement aux plans américains qui prévoient déjà une transition sous la houlette de l’administration américaine. Les Etats-Unis ont déjà demandé une contribution du Japon pour la reconstruction de l’Irak à hauteur de 600 millions de dollars. Soutien technique dans la reconstruction des bâtiments et installations publiques incomberaient au Japon, selon le quotidien Nihon Keizai Shimbun. Mais Dominique de Villepin, le ministre français des Affaires étrangères a plutôt estimé que l’ONU devrait être «au cœur de la reconstruction et de l’administration en Irak».

Tony Blair et George Bush ont, par ailleurs, souhaité la réactivation du programme «pétrole contre nourriture» suspendu depuis le début du conflit. Placée sous l’égide des Nations unies, cette aide humanitaire consiste à prélever le pétrole irakien et à le vendre pour acheter des vivres destinés aux populations. Cette opération appelée «aide humanitaire» est financée par les Irakiens eux-mêmes. Les Britanniques, qui ont pris le port d’Oum Qasr, dans l’extrême sud de l’Irak, s’engagent à favoriser dans les meilleurs délais la mise en place de ce programme. D’ores et déjà, le gouvernement japonais a prévu l’envoi de 160 tentes pouvant recevoir 1 600 personnes en Jordanie pour accueillir les réfugiés irakiens. Le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) a également formulé une demande d’aide en matériels de secours et l’assistance d’une unité médicale à laquelle le gouvernement japonais a répondu favorablement. Deux avions achemineront dès dimanche des vivres à destination d’Amman, en Jordanie. Le Croissant rouge des Emirats arabes unis se mobilise aussi pour installer des bases d’aides humanitaires en Jordanie. Ce pays qui s’apprête à accueillir des vagues de réfugiés appelle à la cessation immédiate des hostilités. Du côté de la diplomatie russe on se dit étonné par la ferveur des Américains et Britanniques à organiser ou susciter des opérations d’aide humanitaire «alors que l’urgence est plutôt d’arrêter cette guerre illégale».



par Didier  Samson

Article publié le 28/03/2003