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Guerre en Irak

Pause ou redéploiement ?

Ralentis par une résistance à laquelle ils ne s'attendaient pas, les soldats de la coalition risquent d'être confrontés à une nouvelle forme d’action, les attentats-suicide. Samedi, quatre soldats américains ont été tué par un kamikaze qui s'est fait exploser à un barrage routier près de Najaf. Alors que les bombardements se poursuivent sur Bagdad entraînant leur lot de victimes civiles, l’offensive terrestre américano-britannique va observer une pause pour se réorganiser.
Un attentat-suicide au cours duquel quatre soldats américains ont été tués par un homme qui s'est fait exploser à un barrage routier au nord de Najaf, à 150 km au sud de Bagdad, s'il n'était que le premier du genre, marquerait un tournant dans la guerre en Irak. Déjà, la coalition, ralentie par une résistance inattendue de l'armée irakienne, s'est faite à l'idée d'une intervention militaire terrestre plus longue de prévue. Désormais la population civile irakienne, censée accueillir ses «libérateurs», pourrait représenter un danger potentiel pour les soldats. La «fatwa» appelant les Irakiens à lutter contre les forces américano-britanniques, lancée par le chef de l'association des oulémas musulmans irakiens Cheikh Abdel Karim Al-Moudarress va effectivement dans ce sens. Selon la télévision irakienne le kamikaze est un officier, Ali Jaafar Moussa Hammadi Al-Noumani, qui a voulu «donner une leçon aux envahisseurs à l'exemple de combattants palestiniens de la liberté».

Le commandement central américain au Qatar, marquant sa préoccupation face aux attaques «non-conventionnelles», voit dans cet attentat le «symbole d’un régime désespéré» et affirme qu’il n’aura aucune conséquence sur la suite des opérations sur le terrain. Toutefois, le commandant des forces terrestres américaines le général William Wallace a annoncé une pause dans la marche sur Bagdad en raison de problèmes logistiques et des manœuvres de ralentissement auxquelles les forces irakiennes ont recours contre la coalition. Le porte-parole de l’armée britannique Al Lockwood a repoussé ce terme de pause, parlant de réorganisation du champ de bataille car les forces de la coalition ont besoin de se redéployer, voire de se reposer, avant de reprendre leur progression.

Premiers bilans

De fait, l’avancée terrestre vers Bagdad est toujours ralentie par les opérations de harcèlement de la part des Irakiens, au niveau des villes de Kerbala et Najaf, à une centaine de km au sud de la capitale irakienne, tandis que les combats ne connaissent pas de répit, non plus, à Bassora, dont les Américains ne parviennent pas à se rendre maîtres. Ils ont cependant annoncé la destruction d’un immeuble abritant une réunion de 200 membres du Baas, parti au pouvoir en Irak.

Pendant ce temps, les bombardements aériens se poursuivent sur la capitale. Vendredi après-midi, pour la deuxième fois après la «bavure» du 26 mars, un marché populaire de Bagdad a été atteint par des projectiles, faisant une cinquantaine de morts et plusieurs dizaines de blessés. Le ministère irakien de l’information a également été en partie détruit par des explosions. Samedi le pilonnage avait repris sur la périphérie sud de la ville et un bilan de 62 morts, depuis vendredi soir, était publié par les Irakiens.

Au total, les forces irakiennes revendiquent avoir abattu cinq avions de la coalition, six drones, quatre hélicoptères, 74 chars et 130 missiles. De source militaire américaine, 34 soldats ont été tués depuis le début de l'offensive, le 20 mars, 15 sont portés disparus et 7 sont prisonniers. Selon les Britanniques, 23 militaires ont trouvé la mort durant la même période.

De plus, le Koweit a été pour la première fois atteint par un missile irakien, dans la nuit de vendredi à samedi, qui a endommagé un important centre commercial et blessé deux personnes.



par Francine  Quentin

Article publié le 29/03/2003