Guerre en Irak
Les civils otages des combats
Les soldats anglo-américains ont ouvert le feu lundi sur un véhicule suspect dans la région de Najaf. Mais à l’intérieur, ils ont trouvé des femmes et des enfants. Le commandement central des forces (Centcom), installé au Qatar, a expliqué cette erreur des soldats par les très fortes pressions qu'ils supportent depuis l’attentat suicide de samedi dernier et les risques engendrés par la présence de nombreux militaires irakiens en civil à laquelle ils doivent faire face. Bagdad a subi sa treizième nuit de bombardements dont l’intensité ne fait qu’augmenter. Mais la progression des troupes vers la capitale reste au point mort, alors que des combats de plus en plus violents ont lieu aux alentours des principales villes du sud que les forces américano-britanniques tentent de sécuriser.
Le porte-parole du commandement américain a reconnu l’erreur des soldats qui ont tiré sur un véhicule à bord duquel se trouvaient 13 personnes civiles, des femmes et des enfants uniquement. Sept d’entre elles sont décédées, deux sont blessées et quatre sont indemnes. Le général Buford Blount, commandant de la 3ème division d'infanterie dont font partie les soldats responsables des tirs, s'est dit «préoccupé» et «profondément désolé» que cet incident se soit produit. Une enquête a été dilligentée pour éclaircir les conditions dans lesquelles les tirs ont eu lieu. Mais selon les Américains, «les rapports préliminaires indiquent que les soldats ont réagi conformément aux règles d’engagement afin de se protéger». Ils ont fait signe de s’arrêter à la voiture qui arrivait à un point de contrôle près de Najaf. Le véhicule a continué sa route. Ils ont effectué un tir de sommation, toujours sans effet. Ils ont alors tiré sur le moteur, la voiture ne s’est pas arrêtée. Ils ont enfin visé l’habitacle. Une autre bavure est à déplorer mardi matin. Un Irakien sans arme a été abattu alors qu’il conduisait lui aussi une voiture et a refusé de s’arrêter à un barrage routier près de Chatra, dans le sud du pays.
Depuis l’attentat suicide qui a fait quatre victimes américaines près de Najaf, samedi dernier, la tension est importante et les procédures de contrôle ont été renforcées pour éviter le passage des kamikazes. Le commandement central américain a aussi mis en avant le fait que les troupes de la coalition américano-britannique doivent faire face à la présence, parmi les populations, de nombreux soldats irakiens en civil dont ils sont obligés de se méfier. «Dans certains cas, le même mouvement vers vous peut présenter des aspects menaçants et d’autres non. C’est très difficile à trier», a expliqué le général Vincent Brooks, un responsable du Centcom. Un autre incident a échaudé les Américains. Des soldats irakiens ont ouvert le feu sur leurs troupes à partir d’une ambulance du Croissant-Rouge dans un village au nord de Nassiriya et ont blessé trois militaires.
La guerre des villes
Les civils ne sont pas épargnés par la guerre. A Bagdad, les bombardements ont frappé à plusieurs reprises des quartiers populaires et ont fait des victimes. Dans les combats qui se déroulent autour des villes du sud du pays traversées par les forces anglo-américaines en chemin pour la capitale, les populations se trouvent souvent prises au piège. A Bassorah, la deuxième ville du pays, les troupes britanniques des commandos des Royal Marines qui assiègent la ville depuis plusieurs jours, ont lancé depuis lundi des «actions agressives» contre le parti Baas. Elles attendent des renforts avant de lancer une véritable offensive pour tenter de prendre le contrôle de cette ville stratégique du sud du pays. La bourgade d’Abou al-Khassib, à 10 kilomètres de la ville, serait déjà passée aux mains des britanniques. Mais au cœur de Bassorah, les forces de Saddam Hussein résistent toujours farouchement. Les populations semblent prises en otage de ces combats violents et des tirs croisés des belligérants. De plus en plus de familles tentent de s’échapper de la ville où la situation sanitaire est désastreuse et où les feddayin de Saddam Hussein feraient, selon certains témoignages, régner la terreur en embrigadant tous les hommes sous la menace. Selon les militaires britanniques, les civils qui sortent de la ville seraient soumis à des tirs de mortiers et à des attaques de francs-tireurs de la part des milices irakiennes qui voudraient les empêcher de fuir.
Les affrontements terrestres ont, semble-t-il, commencé à changer de nature. De véritables combats de rue ont eu lieu à Hindiah, un ville située à 80 kilomètres de Bagdad, au nord de Najaf. Les troupes anglo-américaines se heurtent à la résistance de soldats embusqués ou enterrés dans le sable et doivent opérer en pleine ville. Dans les zones situées autour de Nassiriya, Karbala, Najaf, les affrontements sont aussi de plus en plus violents. Des pertes ont lieu des deux côtés. Des hélicoptères d’assaut de la 101ème division aéroportée ont détruit, selon le colonel Greg Gass, «l’équivalent d’un bataillon de soldats irakiens» au nord de Najaf où auraient lieu des combats particulièrement difficiles. Les forces américano-britanniques essaient actuellement de sécuriser les lignes de ravitaillement et de communication sur la route de Bagdad.
Sur le terrain, les troupes anglo-américaines ne rencontrent pas, pour le moment, le soutien des populations et les tirs récents sur des véhicules appartenant à des civils risquent d'augmenter encore l'animosité et la méfiance à l'égard des soldats de la coalition. Malgré tout, le discours politique reste celui d’une guerre de libération menée pour le bien des Irakiens contre la dictature de Saddam Hussein considéré par le Pentagone comme «le pire dirigeant qu’ait connu l’humanité dans l’histoire mondiale». David Blunkett, le ministre britannique de l’Intérieur, a d’ailleurs réaffirmé sa conviction de voir rapidement les populations changer de camp même si pour le moment les Américains et les Britanniques sont considérés comme «les méchants». Le président George W. Bush lui-même a rappelé, lundi, que le but de la guerre en Irak était «de désarmer un régime dangereux et de libérer un peuple opprimé». «Notre victoire répondra aux demandes justes des Nations unies et du monde civilisé. Et lorsqu’elle arrivera, elle sera partagée par le peuple irakien qui souffre depuis longtemps et mérite la liberté et la dignité».
Malgré cette intime conviction dans le bien-fondé de l’intervention militaire en Irak, les Américains savent que la guerre est loin d’être finie et qu’elle sera difficile. Mais d’après le commandement central du Qatar, les Etats-Unis sont «prêts à payer un prix très élevé» en hommes. «S’il doit y avoir beaucoup de pertes, alors il y aura beaucoup de pertes».
Depuis l’attentat suicide qui a fait quatre victimes américaines près de Najaf, samedi dernier, la tension est importante et les procédures de contrôle ont été renforcées pour éviter le passage des kamikazes. Le commandement central américain a aussi mis en avant le fait que les troupes de la coalition américano-britannique doivent faire face à la présence, parmi les populations, de nombreux soldats irakiens en civil dont ils sont obligés de se méfier. «Dans certains cas, le même mouvement vers vous peut présenter des aspects menaçants et d’autres non. C’est très difficile à trier», a expliqué le général Vincent Brooks, un responsable du Centcom. Un autre incident a échaudé les Américains. Des soldats irakiens ont ouvert le feu sur leurs troupes à partir d’une ambulance du Croissant-Rouge dans un village au nord de Nassiriya et ont blessé trois militaires.
La guerre des villes
Les civils ne sont pas épargnés par la guerre. A Bagdad, les bombardements ont frappé à plusieurs reprises des quartiers populaires et ont fait des victimes. Dans les combats qui se déroulent autour des villes du sud du pays traversées par les forces anglo-américaines en chemin pour la capitale, les populations se trouvent souvent prises au piège. A Bassorah, la deuxième ville du pays, les troupes britanniques des commandos des Royal Marines qui assiègent la ville depuis plusieurs jours, ont lancé depuis lundi des «actions agressives» contre le parti Baas. Elles attendent des renforts avant de lancer une véritable offensive pour tenter de prendre le contrôle de cette ville stratégique du sud du pays. La bourgade d’Abou al-Khassib, à 10 kilomètres de la ville, serait déjà passée aux mains des britanniques. Mais au cœur de Bassorah, les forces de Saddam Hussein résistent toujours farouchement. Les populations semblent prises en otage de ces combats violents et des tirs croisés des belligérants. De plus en plus de familles tentent de s’échapper de la ville où la situation sanitaire est désastreuse et où les feddayin de Saddam Hussein feraient, selon certains témoignages, régner la terreur en embrigadant tous les hommes sous la menace. Selon les militaires britanniques, les civils qui sortent de la ville seraient soumis à des tirs de mortiers et à des attaques de francs-tireurs de la part des milices irakiennes qui voudraient les empêcher de fuir.
Les affrontements terrestres ont, semble-t-il, commencé à changer de nature. De véritables combats de rue ont eu lieu à Hindiah, un ville située à 80 kilomètres de Bagdad, au nord de Najaf. Les troupes anglo-américaines se heurtent à la résistance de soldats embusqués ou enterrés dans le sable et doivent opérer en pleine ville. Dans les zones situées autour de Nassiriya, Karbala, Najaf, les affrontements sont aussi de plus en plus violents. Des pertes ont lieu des deux côtés. Des hélicoptères d’assaut de la 101ème division aéroportée ont détruit, selon le colonel Greg Gass, «l’équivalent d’un bataillon de soldats irakiens» au nord de Najaf où auraient lieu des combats particulièrement difficiles. Les forces américano-britanniques essaient actuellement de sécuriser les lignes de ravitaillement et de communication sur la route de Bagdad.
Sur le terrain, les troupes anglo-américaines ne rencontrent pas, pour le moment, le soutien des populations et les tirs récents sur des véhicules appartenant à des civils risquent d'augmenter encore l'animosité et la méfiance à l'égard des soldats de la coalition. Malgré tout, le discours politique reste celui d’une guerre de libération menée pour le bien des Irakiens contre la dictature de Saddam Hussein considéré par le Pentagone comme «le pire dirigeant qu’ait connu l’humanité dans l’histoire mondiale». David Blunkett, le ministre britannique de l’Intérieur, a d’ailleurs réaffirmé sa conviction de voir rapidement les populations changer de camp même si pour le moment les Américains et les Britanniques sont considérés comme «les méchants». Le président George W. Bush lui-même a rappelé, lundi, que le but de la guerre en Irak était «de désarmer un régime dangereux et de libérer un peuple opprimé». «Notre victoire répondra aux demandes justes des Nations unies et du monde civilisé. Et lorsqu’elle arrivera, elle sera partagée par le peuple irakien qui souffre depuis longtemps et mérite la liberté et la dignité».
Malgré cette intime conviction dans le bien-fondé de l’intervention militaire en Irak, les Américains savent que la guerre est loin d’être finie et qu’elle sera difficile. Mais d’après le commandement central du Qatar, les Etats-Unis sont «prêts à payer un prix très élevé» en hommes. «S’il doit y avoir beaucoup de pertes, alors il y aura beaucoup de pertes».
par Valérie Gas
Article publié le 01/04/2003