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Guerre en Irak

L’aéroport de Bagdad pris d’assaut

L’opération n’est pas encore terminée, mais c’est un fait: les Américains ont pris, dans la nuit de jeudi à vendredi, le contrôle de l’aéroport international Saddam, selon plusieurs journalistes sur place. Une avancée au prix de violents combats et de centaines de tués. Selon un premier bilan fourni par le commandement central américain, cette bataille engagée par les forces américaines pour le contrôle de l'aéroport aurait fait plus de 300 tués parmi les soldats irakiens. Bagdad et ses cinq millions d’habitants s’attendent à une attaque dans les prochaines heures. Selon la presse britannique, des forces spéciales américano-britanniques seraient entrées dans la capitale à la faveur d’une coupure d’électricité. Dans le reste de l’Irak, les combats sont toujours concentrés autour de deux grandes villes : Bassorah au sud et Mossoul au nord.
Au 16ème jour de l’offensive, les Américains ont la capitale à portée de mains. Les marines ont pris, dans la nuit de jeudi à vendredi, le contrôle de l’aéroport international, situé à 20 km de Bagdad. L’aéroport Saddam serait passé sous contrôle américain, affirme un commandant de brigade de la 3ème division d’infanterie américaine. La bataille pour cet objectif stratégique a commencé jeudi soir, les soldats américains se sont emparés vendredi matin de l’aéroport après d'intenses combats terrestres et une nuit de bombardements aériens. Dans la bataille, l’armée américaine affirme avoir tué plus de 300 soldats irakiens. Les premières unités de la coalition se trouvent désormais à une dizaine de kilomètres de la ville. Elles n’ont rencontré aucune résistance des troupes de la Garde républicaine, les troupes d’élite de Saddam Hussein.

Mais pas de triomphalisme non plus du côté de la coalition américano-britannique. Le chef de l'état-major interarmés américain, le général Richard Myers, a estimé que beaucoup de combats difficiles les attendaient. L’échéance d’une guérilla urbaine se rapproche. Le général Myers annonce pour sa part toujours compter sur un éventuel soulèvement de la population chiite de la capitale: «la situation tactique pourrait être très différente ce que l’on imagine, a-t-il expliqué. Vous avez à Bagdad environ 5 millions d’habitants dont la moitié chiite a été persécutée par le régime et ne sera donc probablement pas du côté du régime». De leur côté, les autorités irakiennes démentent une percée de la coalition américano-britannique qui menacerait la capitale, assurant le pays était prêt à faire face à des mois de guerre.

Les forces spéciales déjà dans Bagdad

Pendant ce temps, les bombardements intensifs de Bagdad se sont poursuivis toute la nuit, visant le centre et la périphérie de la capitale. Les raids aériens ont repris de manière très nette sur cette fameuse ceinture qui entoure Bagdad où est campée la garde présidentielle irakienne. Vendredi à l’aube, plusieurs explosions ont retenti dans la capitale qui, pour la première fois depuis le début du conflit, a été plongée dans le noir. Selon la presse britannique, des forces spéciales américaines et britanniques auraient profité de cette coupure d’électricité, pour mener des missions offensives et de renseignements dans la capitale irakienne.

Les unités de la coalition les plus avancées ne seraient qu’à une dizaine de kilomètres au sud de Bagdad. Plus tôt dans la journée de jeudi, les marines ont repoussé deux contre-attaques irakiennes pour le contrôle d’un pont stratégique sur l’Euphrate. Un officier américain aurait dénombré 500 morts dans les rangs irakiens. Les forces régulières poursuivent leurs avancées dans le sillage de l’avant-garde. Au sud de l’Irak, les forces britanniques ont poursuivi leur offensive à Bassorah. Les Britanniques tentent de s’assurer prudemment le contrôle de la deuxième ville du pays. En une semaine, les forces britanniques n’ont progressé que d’un kilomètre en direction du centre ville. Les forces engagées à Bassorah, font face à la résistance d’un millier de miliciens irakiens associés aux troupes régulières qui se sont repliées dans la ville, a indiqué un porte-parole militaire britannique.

Du côté des opérations toujours, au nord, dans le Kurdistan irakien, des premiers combats au sol opposent depuis jeudi les forces irakiennes aux pechmergas (combattants kurdes) épaulés par des hommes des forces spéciales américaines. Les forces irakiennes toujours repliées dans la localité de Khazer ont procédé à des tirs de roquette et d'artillerie vendredi matin sur la zone qu'ils avaient abandonnée la veille, sur la route de Mossoul, à une dizaine de kilomètres de Kalak. Jusqu’à présent, les Kurdes avaient pris des villages et des hameaux abandonnés par l’armée irakienne.

Pour assurer l’arrière des troupes engagées en première ligne, des renforts sont attendus. Dans un premier temps, 12 000 hommes sont arrivés dans la journée de jeudi, et dans quelques jours, ce seront 30 000 hommes au total et 30 bateaux de matériel qui devraient être débarqués à Koweït et remonter vers l’Irak. Selon le plan initial, les hommes de la 4ème division d’infanterie habituellement basée au Texas, auraient dû débarquer il y a plus de trois semaines en Turquie, pour être acheminés vers le nord de l’Irak et y être déployés afin d’ouvrir un deuxième front. Le refus du Parlement turc a donc obligé le commandement américain à réexpédier ses hommes vers le Koweït et surtout vers le front sud.

Débarquement militaire mais également déchargement de l’aide humanitaire à Koweit où des tonnes de vivres, de matériel et d’eau continuent d’arriver. Parallèlement, des représentants d’agences humanitaires des Nations unies ont pu pénétrer en Irak ce vendredi pour la première fois depuis leur retrait avant le début de la guerre, afin d’évaluer la situation dans le pays. Une mission conjointe du Programme alimentaire mondial (Pam), du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) et du Bureau du Coordinateur de l’Onu pour les affaires humanitaires en Irak ainsi que des experts de l’Onu en matière de sécurité ont franchi la frontière à partir du Koweït pour gagner le port irakien d’Oum Qasr, dans l’extrême-sud du pays.



par Myriam  Berber

Article publié le 04/04/2003