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Epidémie

Pneumonie: sur la piste de l’agent pathogène

Les équipes de recherche internationales qui tentent d’identifier l’agent pathogène du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) privilégient toujours la piste des coronavirus. Mais les premiers éléments d’information fournis par les Chinois à l’équipe de l’Organisation mondiale de la santé qui enquête dans le pays font penser qu’une bactérie pourrait aussi être impliquée. Les modes de contamination ne sont quant à eux toujours pas identifiés avec certitude mais de nouvelles hypothèses sont envisagées. Alors que l’inquiétude grandit en même que le nombre de personnes contaminées -près de 3000 dans le monde, on ne connaît toujours pas l’origine de cette pneumonie atypique.
Dans la collecte d’informations concernant le syndrome respiratoire aigu sévère à laquelle se livrent les scientifiques des plus grands laboratoires internationaux, chaque nouvelle donnée a son importance. C’est pour cette raison que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a bataillé ferme pour obtenir des autorités chinoises l’autorisation d’envoyer une équipe d’experts dans la province de Guangdong, d’où l’épidémie semble être partie au mois de février.

Depuis leur arrivée sur place, les spécialistes de l’OMS ont été informés du fait que les médecins chinois avaient identifié la présence de coronavirus mais aussi de chlamydia chez les malades atteint du SRAS. Cette information contribue à renforcer l’hypothèse que le principal agent de la pneumonie atypique vient d’une souche de coronavirus qui aurait jusque-là contaminé des animaux. Les coronavirus sont, en effet à l’origine des rhumes mais aussi de certaines pathologies animales. La chlamydia, par contre, est une bactérie qui est responsable d’une maladie sexuellement transmissible qui porte le même nom, mais peut aussi causer des pneumonies. Jusqu’à présent, les laboratoires n’avaient pas identifié sa présence chez les malades atteints du SRAS.

Les cafards vecteurs du virus ?

L’hypothèse d’une combinaison d’agents pathogènes (coronavirus, paramixovirus, bactéries) avait été très rapidement envisagée par les chercheurs internationaux. La présence de la bactérie chlamydia pourrait la confirmer et les prélèvements effectués sur les malades chinois permettre d’obtenir des indications complémentaires sur la nature du ou des virus en cause. Mais pour le moment, et malgré les progrès réalisés dans la collaboration avec l’OMS, les échantillons chinois n’ont toujours pas été transmis aux laboratoires internationaux pour qu’ils les analysent. Le docteur Robert Breiman qui dirige l’équipe de l’OMS envoyée dans la province de Guangdong, a regretté cette situation en expliquant l’enjeu en terme de progrès dans la lutte contre la pneumonie: «L’identification de la source ouvrira tout un tas de portes. Elle permettra la prévention de l’extension parmi les humains et elle devrait permettre de trouver la thérapie».

Les autorités chinoises restent, en effet, très méfiantes et semblent de plus en plus avoir minimisé les chiffres sur la propagation de l’épidémie dans le pays. Officiellement le SRAS a touché 1279 personnes et 53 en sont mortes. Mais les déclarations d’un médecin chinois Jiang Yanyong au magazine américain Time contredisent les bilans officiels sur le nombre de malades à Pékin. Selon lui, il n’y aurait pas, dans la capitale, 19 cas et quatre morts, mais plus de 60 malades et au moins sept décès dans le seul hôpital militaire 309 où il exerce. Ces affirmations font planer le doute sur la version des faits proposées par les autorités chinoises qui affirment que la situation est sous contrôle, notamment dans la province de Guangdong, premier foyer de l’épidémie. Le directeur du bureau de la santé de cette région a ainsi déclaré que «le nombre de cas diminue rapidement», que «les mesures sont efficaces pour prévenir l’extension de la maladie» mais aussi que «la majorité des patients peuvent être soignés».

Il est vrai que le taux de mortalité reste stable notamment à Hong Kong, le deuxième foyer le plus important de l’épidémie, et qu’un certain nombre de patients ne développent pas les symptômes les plus graves de la maladie. Malgré tout, le nombre de cas recensés augmente rapidement et pour le moment, tous les modes de contamination n’ont pas été identifiés avec certitude. L’hypothèse d’une transmission par les gouttelettes (toux, postillons) semble confirmée. Celle du contact indirect avec le virus par les mains paraît aussi vraisemblable. Mais une nouvelle piste est envisagée par les chercheurs de Hong Kong, celle d’une contamination par le biais égouts.

Après avoir pensé que le virus pouvait se propager par l’air ambiant, les autorités de Hong Kong penchent plutôt aujourd’hui pour une propagation par les excréments qui transitent par les toilettes. Les cafards ou d’autres insectes qui circulent dans les égouts pourraient alors jouer le rôle de vecteurs du virus et le ramener jusque dans les appartements. Ce scénario de propagation a été envisagé pour expliquer la contamination très rapide de plusieurs centaines de personnes qui habitent la même résidence à Hong Kong. Cette hypothèse semblerait plutôt rassurer les populations car la mise en œuvre d’un certain nombre de mesures sanitaires pour lutter contre ce type de contamination est tout à fait envisageable.



par Valérie  Gas

Article publié le 09/04/2003