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Epidémie

Hong Kong: peur sur la ville

La ville tente de surmonter sa peur du SARS (syndrome aigu respiratoire sévère) alors que la contamination progresse et que les autorités chinoises sont toujours soupçonnées de masquer l’ampleur réelle de l’épidémie.
De notre envoyé spécial à Hong Kong

Le moral est à zéro dans l'ancienne colonie britannique. 42 nouveaux cas et deux décès ont été annoncés mercredi soir, puis trois nouveaux décès et 28 cas annoncés jeudi matin, portant le bilan à 998 cas et 31 morts du virus à Hong Kong depuis le début de l'épidémie.
Les habitants continuent à sortir en portant le masque, le commerce de détail chute de 50% et de nombreuses compagnies aériennes internationales ont réduit le nombre de vols à destination de Hong Kong.
La cité d'Amoy Gardens, dans le quartier populaire de Mongkok, est l'emblème de la morosité ambiante. Deux cent qautre-vingt personnes ont déjà été contaminées dans le bloc E de cet ensemble de HLM décaties, où 16 000 habitants s'entassent, loin du miracle économique hongkongais.

Tous les résidents du bloc E ont été placés en quarantaine, et le secteur a été interdit d'accès, protégé par un cordon sanitaire à l'intérieur duquel n'évoluent que des policiers masqués et du personnel médical en combinaison de protection blanche. Le bloc E a été désinfecté par 150 techniciens de surface et officiellement, les habitants, pour l'instant parqués dans un camp de vacances reconverti en camp de quarantaine, ont le droit d'y revenir jeudi 9 avril à partir de minuit une.
Mais on apprenait mercredi que cinq nouveaux cas de pneumopathie se sont déclarés dans Amoy Gardens, et que deux cités HLM voisines ont aussi été contaminées. Il s'agit de quarante personnes de la cité Ngau Tau Kok Estate, dans laquelle vivent plus de 2000 retraités aux moyens modestes. La contamination aurait cette fois-ci pu se produire par le biais de cafards géants, qui abondent dans ce quartier. D'autre part dans l'immeuble Lee Ki, également proche d'Amoy Gardens, dix personnes ont été hospitalisées mercredi, présentant les premiers symptômes de la pneumonie atypique.

Révélations d'un chirurgien chinois

En Chine continentale, l'équipe de spécialistes de l'OMS dépêchés pendant cinq jours à Canton (foyer de l'épidémie) sont repartis mardi, après avoir visité de nombreux hôpitaux locaux et échangé des données sur le virus avec leurs confrères cantonais.
La nature du virus n'a toujours pas été déterminée avec précision, et il faudra encore «de nombreuses semaines» avant que les analyses d'échantillons sérologiques puissent révéler quelque chose de significatif.
La directrice de l'OMS à Pékin a par ailleurs critiqué l'attitude de Pékin, qui selon elle a tardé à avertir la communauté internationale de l'ampleur de l'épidémie. Malgré des excuses du ministère de la Santé chinois pour la lenteur de leur communication, les journaux officiels chinois tentent toujours de rassurer l'opinion.

Ainsi, les déclarations d'un officiel de l'OMS qui s'est félicité de la capacité de travail des spécialistes chinois, ont été publiées en bonne place, ou celles de responsables de l'hôpital pékinois Youlan, spécialisé dans le traitement des maladies infectieuses, qui ont affirmé qu'aucun agent hospitalier en contact avec les malades n'avait été contaminé. Ce que réaffirmait une dépêche de l'agence Xinhua, reproduite dans de nombreux journaux dont le Quotidien de Pékin du 6 avril, qui précisait qu'aucun des cinquante médecins et infirmières s'occupant des malades contaminés n'avaient été atteints.
Mais alors que Pékin n'admettait que quatre morts et 19 cas jusqu'à présent, Le Dr Jiang Yanyong, ancien chirurgien en chef d'un hôpital militaire pékinois, a affirmé que deux hôpitaux militaires avaient enregistré au moins sept décès, et qu'il y aurait 106 cas du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) dans la capitale. Cette révélation a conforté l'opinion des médias hongkongais et de l'OMS que les autorités chinoises continuent à faire de la rétention d'information dans la gestion de cette crise sanitaire.

Reportage dans un hôpital (C. Ninin, 2'19)



par Abel  Segrétin

Article publié le 10/04/2003