Reconstruction de l''Irak
Le G7 rectifie le tir
Au terme de leur rencontre à Washington les 12 et 13 avril, les principales puissances industrielles ont reconnu, la nécessité d’un effort «multilatéral» en faveur de la reconstruction de l’Irak. Elles se sont expressément prononcées pour «une nouvelle résolution» du Conseil de sécurité de l’ONU pour régir cette reconstruction.
Tirant ainsi un voile pudique autour des divergences politiques qui ont opposé la coalition militaire menée par les Américains au clan «anti-guerre» européen – la France, l’Allemagne et la Russie - les ministres des finances du Groupe des Sept (G7) ont estimé que le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale devront jouer «leur rôle normal» dans la reconstruction et le développement de l’Irak post-Saddam Hussein.
La tension entre les deux camps semblait s’aviver à la veille des réunions de printemps des deux institutions, alors que les dirigeants français, allemand et russe ont rappelé avec force à Saint Petersbourg la nécessité d’agir dans le cadre des Nations unies. «Elles seules ont la légitimité nécessaire», a rappelé le président français Jacques Chirac, qui accueillera en juin prochain à Evian le sommet annuel des chefs d’Etat et de gouvernement du G7 plus la Russie.
Selon le communiqué publié le samedi 12 avril à l’issue de trois heures de conversations présidées par le secrétaire Américain au Trésor John Snow, les sept ministres ont également reconnu que «c’est en dernier lieu la responsabilité du peuple irakien de mettre en œuvre les bonnes politiques et de construire son propre avenir». Les mêmes formules ont été reprises ensuite par la plus haute instance politique du FMI, le Comité Monétaire et Financier International (CMFI), qui regroupe 24 ministres représentant aussi bien les pays industrialisés que les pays en développement. Le Chancelier de l’Echiquier britannique, Gordon Brown, qui préside le CFMI, a précisé devant la presse que l’accord sur la nécessité de ramener le problème dans la cadre de l’ONU était bien «unanime».
Horst Koehler, le directeur général du FMI, a expliqué de son côté que l’allusion au «rôle normal» des deux institutions portait sur la préparation d’une mission technique visant à faire l’inventaire de la situation de l’Irak dès que la sécurité sera rétablie dans le pays, selon la procédure désormais appliquée aux pays sortant d’un conflit, comme en Bosnie et au Kosovo.
Soulagement des pays en développement
«A la surprise de beaucoup, il y a eu unanimité totale que, quelque soit notre action, elle doit se placer dans le cadre d’une nouvelle résolution de l’ONU», a-t-il ajouté, visiblement soulagé que la volonté de coopération ait ainsi survécu au sein des institutions de Bretton Woods. Au grand dam des Américains, Jim Wolfensohn, le président de la Banque Mondiale, avait auparavant écarté toute intervention de la Banque en Irak sans un mandat clair de l’ONU. Soulagement aussi du côté des pays en développement, dont les ministres s’étaient déclarés alarmés par la destruction et la misère humaine occasionnées par la guerre et les conséquences négatives prévisibles loin au-delà des pays de la région. Francis Mer, le ministre français des Finances, a confié aux journalistes que ses entretiens en tête-à-tête avec son collègue américain John Snow ont eu lieu dans une «ambiance excellente» tout comme les discussions du G7. Celles-ci ont aussi porté sur l’énorme dette laissée par le régime de Saddam Hussein, qui s’est effondré le jour même de l’arrivée des grands argentiers à Washington. Ce qui expliquerait selon certains le ton conciliant des hôtes américains. John Snow a insisté sur le fait que «le peuple irakien ne peut pas porter tout seul le fardeau» de cette dette, qui, selon les estimations d’un institut privé américain, dépasse les 127 milliards de dollars. A ce montant s’ajouteraient plus de 57 milliards pour des équipements d’énergie et de télécommunications livrés au cours de la guerre Irak-Iran, ainsi que près de 200 milliards de réparations réclamées mais non payées à la suite de l’invasion du Koweit et la guerre du Golfe. Le G7 et le CFMI ont demandé aux experts du Club de Paris – enceinte informelle des gouvernements créanciers – de faire rapidement l’inventaire de la dette irakienne. «On ne la connaît pas, et ce sera un processus très long» a estimé Francis Mer. Il a fallu cinq à six ans pour régler le problème de la dette yougoslave.
Avant les réunions, le numéro deux du Pentagone, Paul Wolfowitz, attaquant avec hargne les «colombes» européennes, avait proposé que les Français, les Allemands et les Russes annulent leurs créances sur l’Irak. John Snow a soigneusement évité d’enfoncer le clou, soulignant l’urgence d’une aide humanitaire et une réponse aux défis de la reconstruction. Quant au britannique Gordon Brown, il a mis l’accent sur la «volonté très positive de coopération» au sujet de l’Irak et le rôle des institutions internationales. Selon lui, la nouvelle résolution du Conseil de sécurité, à négocier à l’ONU, portera notamment sur la levée des sanctions contre l’Irak et la libération de ses avoirs gelés à l’étranger. Les ministres se sont réunis au siège du FMI, sous la protection de la police, alors que plusieurs milliers de manifestants anti-guerre ont défilé paisiblement en dénonçant la mainmise de l’armée américaine sur l’Irak et ses réserves pétrolières, les deuxième du monde après celles de l’Arabie saoudite.
La tension entre les deux camps semblait s’aviver à la veille des réunions de printemps des deux institutions, alors que les dirigeants français, allemand et russe ont rappelé avec force à Saint Petersbourg la nécessité d’agir dans le cadre des Nations unies. «Elles seules ont la légitimité nécessaire», a rappelé le président français Jacques Chirac, qui accueillera en juin prochain à Evian le sommet annuel des chefs d’Etat et de gouvernement du G7 plus la Russie.
Selon le communiqué publié le samedi 12 avril à l’issue de trois heures de conversations présidées par le secrétaire Américain au Trésor John Snow, les sept ministres ont également reconnu que «c’est en dernier lieu la responsabilité du peuple irakien de mettre en œuvre les bonnes politiques et de construire son propre avenir». Les mêmes formules ont été reprises ensuite par la plus haute instance politique du FMI, le Comité Monétaire et Financier International (CMFI), qui regroupe 24 ministres représentant aussi bien les pays industrialisés que les pays en développement. Le Chancelier de l’Echiquier britannique, Gordon Brown, qui préside le CFMI, a précisé devant la presse que l’accord sur la nécessité de ramener le problème dans la cadre de l’ONU était bien «unanime».
Horst Koehler, le directeur général du FMI, a expliqué de son côté que l’allusion au «rôle normal» des deux institutions portait sur la préparation d’une mission technique visant à faire l’inventaire de la situation de l’Irak dès que la sécurité sera rétablie dans le pays, selon la procédure désormais appliquée aux pays sortant d’un conflit, comme en Bosnie et au Kosovo.
Soulagement des pays en développement
«A la surprise de beaucoup, il y a eu unanimité totale que, quelque soit notre action, elle doit se placer dans le cadre d’une nouvelle résolution de l’ONU», a-t-il ajouté, visiblement soulagé que la volonté de coopération ait ainsi survécu au sein des institutions de Bretton Woods. Au grand dam des Américains, Jim Wolfensohn, le président de la Banque Mondiale, avait auparavant écarté toute intervention de la Banque en Irak sans un mandat clair de l’ONU. Soulagement aussi du côté des pays en développement, dont les ministres s’étaient déclarés alarmés par la destruction et la misère humaine occasionnées par la guerre et les conséquences négatives prévisibles loin au-delà des pays de la région. Francis Mer, le ministre français des Finances, a confié aux journalistes que ses entretiens en tête-à-tête avec son collègue américain John Snow ont eu lieu dans une «ambiance excellente» tout comme les discussions du G7. Celles-ci ont aussi porté sur l’énorme dette laissée par le régime de Saddam Hussein, qui s’est effondré le jour même de l’arrivée des grands argentiers à Washington. Ce qui expliquerait selon certains le ton conciliant des hôtes américains. John Snow a insisté sur le fait que «le peuple irakien ne peut pas porter tout seul le fardeau» de cette dette, qui, selon les estimations d’un institut privé américain, dépasse les 127 milliards de dollars. A ce montant s’ajouteraient plus de 57 milliards pour des équipements d’énergie et de télécommunications livrés au cours de la guerre Irak-Iran, ainsi que près de 200 milliards de réparations réclamées mais non payées à la suite de l’invasion du Koweit et la guerre du Golfe. Le G7 et le CFMI ont demandé aux experts du Club de Paris – enceinte informelle des gouvernements créanciers – de faire rapidement l’inventaire de la dette irakienne. «On ne la connaît pas, et ce sera un processus très long» a estimé Francis Mer. Il a fallu cinq à six ans pour régler le problème de la dette yougoslave.
Avant les réunions, le numéro deux du Pentagone, Paul Wolfowitz, attaquant avec hargne les «colombes» européennes, avait proposé que les Français, les Allemands et les Russes annulent leurs créances sur l’Irak. John Snow a soigneusement évité d’enfoncer le clou, soulignant l’urgence d’une aide humanitaire et une réponse aux défis de la reconstruction. Quant au britannique Gordon Brown, il a mis l’accent sur la «volonté très positive de coopération» au sujet de l’Irak et le rôle des institutions internationales. Selon lui, la nouvelle résolution du Conseil de sécurité, à négocier à l’ONU, portera notamment sur la levée des sanctions contre l’Irak et la libération de ses avoirs gelés à l’étranger. Les ministres se sont réunis au siège du FMI, sous la protection de la police, alors que plusieurs milliers de manifestants anti-guerre ont défilé paisiblement en dénonçant la mainmise de l’armée américaine sur l’Irak et ses réserves pétrolières, les deuxième du monde après celles de l’Arabie saoudite.
par Jan Kristiansen
Article publié le 13/04/2003