Epidémie
L’odyssée de 27 Chinois en Afrique de l’Ouest
La psychose de la pneumopathie atypique a gagné l’Afrique de l’Ouest. Un groupe d’hommes d’affaires chinois qui se rendait à Conakry en a fait l’expérience. Pendant 24 heures plusieurs pays africains ont refusé de les accueillir.
De notre correspondant à Bamako
Mercredi matin, suant à grosses gouttes en cette période de canicule, les policiers de l’aéroport de Bamako, assistent comme d’habitude à l’arrivée du vol d’Air Guinée en provenance de Conakry.
Du ventre de l’appareil, les passagers sortent. Parmi eux, des Asiatiques «en grand nombre». «Nous avons tout de suite tiqué», explique le commissaire de l’aéroport. Premier réflexe, il fait conduire les 27 Chinois présents à bord dans un endroit isolé de l’aéroport.
Deuxième démarche de la police malienne, interroger «les encombrants passagers». L’un d’eux explique sans détour: «Notre destination initiale, c’est la Guinée. Nous avons même des visas pour ce pays. Mais arrivés là-bas, la police nous a mis dans un avion pour ici, en disant qu’à cause de la pneumonie atypique nous sommes renvoyés».
Le commissaire de l’aéroport rend immédiatement compte au directeur national de la police malienne. «Donnez-moi cinq minutes de réflexion», gronde ce dernier. Quelques minutes plus tard, le couperet tombe: retour à l’envoyeur. Décision est donc prise de rembarquer tout ce monde vers Conakry.
C’est alors que les diplomates guinéens accrédités à Bamako entrent en scène. Encadré par une poignée de ses collaborateurs, l’ambassadeur de Guinée à Bamako arrive sur les lieux. Tentative de faire accepter au Mali les 27 chinois pour un transit avant qu’ils ne prennent une autre direction. Refus des autorités maliennes.
Jeu de pistes
Après deux longues heures de tractations supplémentaires, l’avion guinéen avec les passagers chinois à bord redécolle: direction annoncée: Conakry.
L’appareil guinéen a à peine disparu dans les nuages bamakois lorsque la tour de contrôle de l’aéroport est informée: «L’avion fait escale à Freetown en Sierra Leone avant d'aller à Conakry, sa destination finale». Cela fait exactement 15 heures que les Chinois venus de leur pays via l’Europe décollent, et atterrissent. Leur odyssée continue…
Décollage de Freetown, l’avion est à un jet de pierre de Conakry, mais il monte en altitude, direction Banjul, capitale gambienne. Banjul ne veut pas non plus des Chinois. La psychose de la pneumonie atypique y règne aussi. Que faire? Les pilotes d’Air Guinée sont exaspérés. «Nous consommons trois tonnes de carburant par heure, et nous n’en pouvons plus» aurait déclaré l’un d’eux. Alors après une vérification technique de l’appareil, ils foncent sur Conakry, au petit matin du jeudi, les 27 ressortissants chinois exténués sont revenus à la case de départ: Conakry, confiés à la garde de leur ambassade.
Mercredi matin, suant à grosses gouttes en cette période de canicule, les policiers de l’aéroport de Bamako, assistent comme d’habitude à l’arrivée du vol d’Air Guinée en provenance de Conakry.
Du ventre de l’appareil, les passagers sortent. Parmi eux, des Asiatiques «en grand nombre». «Nous avons tout de suite tiqué», explique le commissaire de l’aéroport. Premier réflexe, il fait conduire les 27 Chinois présents à bord dans un endroit isolé de l’aéroport.
Deuxième démarche de la police malienne, interroger «les encombrants passagers». L’un d’eux explique sans détour: «Notre destination initiale, c’est la Guinée. Nous avons même des visas pour ce pays. Mais arrivés là-bas, la police nous a mis dans un avion pour ici, en disant qu’à cause de la pneumonie atypique nous sommes renvoyés».
Le commissaire de l’aéroport rend immédiatement compte au directeur national de la police malienne. «Donnez-moi cinq minutes de réflexion», gronde ce dernier. Quelques minutes plus tard, le couperet tombe: retour à l’envoyeur. Décision est donc prise de rembarquer tout ce monde vers Conakry.
C’est alors que les diplomates guinéens accrédités à Bamako entrent en scène. Encadré par une poignée de ses collaborateurs, l’ambassadeur de Guinée à Bamako arrive sur les lieux. Tentative de faire accepter au Mali les 27 chinois pour un transit avant qu’ils ne prennent une autre direction. Refus des autorités maliennes.
Jeu de pistes
Après deux longues heures de tractations supplémentaires, l’avion guinéen avec les passagers chinois à bord redécolle: direction annoncée: Conakry.
L’appareil guinéen a à peine disparu dans les nuages bamakois lorsque la tour de contrôle de l’aéroport est informée: «L’avion fait escale à Freetown en Sierra Leone avant d'aller à Conakry, sa destination finale». Cela fait exactement 15 heures que les Chinois venus de leur pays via l’Europe décollent, et atterrissent. Leur odyssée continue…
Décollage de Freetown, l’avion est à un jet de pierre de Conakry, mais il monte en altitude, direction Banjul, capitale gambienne. Banjul ne veut pas non plus des Chinois. La psychose de la pneumonie atypique y règne aussi. Que faire? Les pilotes d’Air Guinée sont exaspérés. «Nous consommons trois tonnes de carburant par heure, et nous n’en pouvons plus» aurait déclaré l’un d’eux. Alors après une vérification technique de l’appareil, ils foncent sur Conakry, au petit matin du jeudi, les 27 ressortissants chinois exténués sont revenus à la case de départ: Conakry, confiés à la garde de leur ambassade.
par Serge Daniel
Article publié le 11/04/2003