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Epidémie

Pneumonie : après le génome, le vaccin

Le séquençage du génome du virus qui semble être responsable du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), est la première avancée réellement significative de la recherche pour trouver les moyens de lutter contre la propagation de l’épidémie de pneumonie atypique qui touche aujourd’hui les cinq continents. Malgré tout, de nombreuses étapes sont encore nécessaires pour vérifier les données obtenues et éventuellement mettre au point un traitement ou un vaccin.
C’est le Centre Michael Smith, un laboratoire de Vancouver, au Canada, qui a réussi à séquencer le génome du coronavirus qui serait le principal agent pathogène responsable du SRAS. Cette découverte très importante est le résultat d’une mobilisation sans précédent pour gagner la course contre la montre que se livrent actuellement les plus grands laboratoires internationaux et l’épidémie de pneumonie atypique. «Trente de nos chercheurs ont suspendu tous leurs travaux en cours pour établir en un temps record la carte du virus», a expliqué le docteur Marco Marra, le directeur scientifique du centre.

Les scientifiques espèrent que le décodage du génome du coronavirus qui a été identifié chez les patients atteint du SRAS, va permettre de confirmer qu’il s’agit bien de l’agent pathogène responsable de la pneumonie. Deux études publiées en fin de semaine dans The New England Journal of Medicine, ont déjà abouti à la conclusion qu’un nouveau coronavirus était vraisemblablement impliqué dans le syndrome. Le décodage du génome peut donc aider les chercheurs à passer du stade de la forte présomption à celui de la certitude mais aussi à obtenir des données indispensables pour mieux comprendre les caractéristiques de ce virus. Les scientifiques pourront ainsi savoir, selon le docteur Marra, «si le SRAS ressemble à d’autres virus et ouvrir des pistes pour comprendre sa biologie».

Des «super-contaminateurs» ?

Dans un deuxième temps, l’objectif est de réussir à mettre au point un test fiable de dépistage du virus. Celui qui est actuellement utilisé présente un inconvénient majeur : il ne fait que confirmer la présence d’un coronavirus dans l’organisme mais un résultat négatif ne permet pas de certifier que le patient ne va pas développer un SRAS. Les chercheurs veulent donc mettre au point un test qui donne la possibilité de déceler l’infection avant même l’apparition des symptômes de la maladie. La dernière étape est la plus importante, elle consiste à réaliser un vaccin. Pour le docteur Marra, le délai pourrait être très bref, de l’ordre de «quelques semaines».

Cet optimisme a de quoi rassurer mais il est peut-être un peu prématuré car de nombreuses inconnues demeurent, notamment sur le fait de savoir si le coronavirus en question est le seul agent pathogène impliqué dans le syndrome. La piste d’une co-infection a, en effet, été évoquée à plusieurs reprises. Et il ne semble pas encore exclu qu’un autre virus (paramixovirus) ou une bactérie (chlamydia) jouent aussi un rôle, tout au moins dans les formes graves de la pneumonie.

Parmi les autres motifs d’inquiétude, la contagiosité du virus et le rythme de propagation de l’épidémie figurent au premier plan et font craindre aux scientifiques que le SRAS ne devienne une véritable pandémie. Malgré les mesures sanitaires de protection et de contrôle mises en place, la contamination ne connaît pas de répit pour le moment. Les voyages semblent être l’un des éléments qui favorisent la diffusion du syndrome à l’échelle internationale. Chaque jour des dizaines de nouveaux cas sont recensés, en Asie mais aussi dans le reste du monde. Plus de 3 400 personnes ont été infectées dont environ 1 400 en Chine et 1 200 à Hong Kong, les deux régions les plus touchées. Par contre, le taux de mortalité reste stable aux alentours de 4 % et le nombre de victimes a passé lundi la barre des 140 personnes.

Les scientifiques craignent aussi que certaines personnes jouent le rôle de «super-contaminateurs», qui pour une raison encore inconnue, peuvent transmettre le virus à un grand nombre d’individus. D’autre part, il est possible que le syndrome soit diffusé par des «porteurs sains» qui ne présentent pas les symptômes de la maladie. Si ces hypothèses étaient vérifiées, cela pourrait confirmer le caractère difficilement contrôlable de l’épidémie. Cette situation a d’ailleurs fait dire à David Heymann, le directeur exécutif de la division des maladies transmissibles à l’Organisation mondiale de la Santé, que si le SRAS reste aussi contagieux qu’il l’est à l’heure actuelle, il pourrait devenir «la première maladie grave du 21ème siècle».



par Valérie  Gas

Article publié le 14/04/2003