Proche-Orient
Mahmoud Abbas investi par le parlement palestinien
Le Conseil législatif palestinien s’est réuni mardi à Ramallah pour voter sa confiance au Premier ministre désigné Mahmoud Abbas et à son nouveau gouvernement. Le président Yasser Arafat a appelé les députés palestiniens à soutenir le cabinet de «son ami Abou Mazen» (nom de guerre de Mahmoud Abbas) et encouragé ce dernier à «poursuivre le dialogue» avec les différentes composantes de la société civile et politique, une mise en garde à peine voilée contre les dangers d’un affrontement inter-palestinien. Dans son discours devant les parlementaires, le nouveau Premier ministre a néanmoins appelé à l’arrêt de toute forme de violence, s’engageant notamment à saisir les armes illégales trouvées dans les territoires palestiniens. Cet appel a aussitôt été rejeté par les groupes radicaux palestiniens qui le jugent «non applicable».
C’est un Yasser Arafat détendu et offensif qui a pris la parole mardi matin devant le Conseil législatif palestinien réuni en session extraordinaire à Ramallah. Alors qu’Américains et Israéliens s’acharnent à le déclarer «hors jeu», le vieux leader semble avoir retrouver une nouvelle jeunesse politique. Isolé depuis plusieurs mois dans son QG, la Mouqataa, Yasser Arafat s’est en effet de nouveau retrouvé sur le devant de la scène. Dans son discours aux élus, il a rappelé son attachement à «une paix juste» qui permettrait enfin la création d’un Etat palestinien avec pour capitale Jérusalem. Il a surtout dénoncé les violences dont sont victimes au quotidien les civils palestiniens. Mêlant humour et gravité, le vieux chef politique a donc retrouvé son ton de tribun. Il en a notamment usé pour encourager les députés à apporter leur soutien à son vieux compagnon Mahmoud Abbas. Mais en vieux routier de la politique, Yasser Arafat a vivement conseillé à son Premier ministre de poursuivre le dialogue avec les différentes factions palestiniennes généralement opposées à un arrêt de l’Intifada, le mettant implicitement en garde contre les dangers d’un affrontement inter-palestinien.
Conscient du peu de popularité dont il jouit dans la rue palestinienne, Mahmoud Abbas a tenu à rappeler que son gouvernement était celui du président Arafat. Il a une nouvelle fois réclamé la levée du siège qui frappe le vieux leader et s’est engagé à tout faire pour que soient libérés les quelque 10 000 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. Il a notamment cité le nom de Marwan Barghouti, actuellement jugé par un tribunal israélien. Mais fidèle à ses convictions, le nouveau Premier ministre a de nouveau plaidé pour un désarmement de l’Intifada. Il a en effet affirmé aux députés réunis à Ramallah qu’il n’y avait pas de solution militaire au conflit qui oppose les Palestiniens aux Israéliens. «L’un des premiers objectifs du gouvernement sera de mettre fin à l’anarchie des armes», a-t-il ainsi affirmé en précisant que seules les forces de sécurité seront désormais autorisées à porter des armes. «Le gouvernement va s’attacher, a-t-il précisé, à garantir la sécurité des Palestiniens dans leur patrie et ne tolérera aucune infraction aux lois régissant l’emploi des armes».
Colère des mouvements radicaux
Cette mise en garde était principalement destinée aux différentes factions palestiniennes qui ont, ces dernières semaines, violemment marqué leur opposition à un arrêt de l’Intifada. S’adressant à elles sans détour, Mahmoud Abbas a en outre annoncé qu’il ne tolérerait pas, dans l’avenir, «un langage de provocation» de leur part. «Nous appelons les factions de l’opposition au dialogue et à stopper le langage de la provocation», a-t-il ainsi déclaré. Sur un ton très ferme, il a également dénoncé «le terrorisme d’où qu’il vienne», en allusion aux violences non seulement israéliennes mais également palestiniennes. «Nous dénonçons le terrorisme sous toutes ses formes parce qu’il est contraire à nos convictions morales et religieuses et parce que nous sommes convaincus que de telles méthodes nuisent à la cause juste qui est la notre», a-t-il également tenu à préciser.
L’appel de Mahmoud Abbas a aussitôt été rejeté par les groupes radicaux palestiniens. «Je ne crois pas que cet appel soit applicable parce que nos vies sont menacées par l’ennemi sioniste et qu’il est impératif de défendre notre terre», a ainsi affirmé l’un des dirigeants du Hamas, Abdelaziz al-Rantissi. Selon lui, rendre les armes aujourd’hui serait «une action suicidaire». «Nous résistons actuellement à une occupation qui se poursuit», a-t-il en outre rappelé en soulignant que le jour où cette occupation prendra fin, il sera alors temps de parler de désarmer. Abdelaziz al-Rantissi a toutefois affirmé que son mouvement tenterait autant que possible d’«éviter les confrontations» si les forces de sécurité essayaient de désarmer les militants du Hamas. Le Jihad islamique, un autre groupe radical palestinien, a de son côté insisté sur la nécessité de protéger «les armes de la résistance». «Le peuple palestinien est la cible d’agressions continues et l’occupation se poursuit», a dénoncé l’un de ses porte-parole. Dans ce contexte, a-t-il précisé, «il est impératif que l’une de nos priorités soit de faire face aux agressions». Cette réaction immédiate des islamistes palestiniens confirme l'ampleur monumentale de la tâche qui attend Mahmoud Abbas.
Le Premier ministre a certes obtenu sans trop de difficultés la confiance du parlement palestinien. Cinquante et un député ont voté son investiture, 18 s’y sont opposés et 3 parlementaires se sont abstenus. Mais il devra faire ses preuves sur le plan intérieur. Dans son discours aux députés, il s’est certes engagé à s’attaquer à la corruption. «Le gouvernement n’hésitera pas à juger les personnes accusées de corruption», a-t-il notamment affirmé. Mais de nombreuses voix s’élèvent d’ores et déjà pour dénoncer le choix de ses ministres, dont certains traînent une réputation sulfureuse.
Conscient du peu de popularité dont il jouit dans la rue palestinienne, Mahmoud Abbas a tenu à rappeler que son gouvernement était celui du président Arafat. Il a une nouvelle fois réclamé la levée du siège qui frappe le vieux leader et s’est engagé à tout faire pour que soient libérés les quelque 10 000 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. Il a notamment cité le nom de Marwan Barghouti, actuellement jugé par un tribunal israélien. Mais fidèle à ses convictions, le nouveau Premier ministre a de nouveau plaidé pour un désarmement de l’Intifada. Il a en effet affirmé aux députés réunis à Ramallah qu’il n’y avait pas de solution militaire au conflit qui oppose les Palestiniens aux Israéliens. «L’un des premiers objectifs du gouvernement sera de mettre fin à l’anarchie des armes», a-t-il ainsi affirmé en précisant que seules les forces de sécurité seront désormais autorisées à porter des armes. «Le gouvernement va s’attacher, a-t-il précisé, à garantir la sécurité des Palestiniens dans leur patrie et ne tolérera aucune infraction aux lois régissant l’emploi des armes».
Colère des mouvements radicaux
Cette mise en garde était principalement destinée aux différentes factions palestiniennes qui ont, ces dernières semaines, violemment marqué leur opposition à un arrêt de l’Intifada. S’adressant à elles sans détour, Mahmoud Abbas a en outre annoncé qu’il ne tolérerait pas, dans l’avenir, «un langage de provocation» de leur part. «Nous appelons les factions de l’opposition au dialogue et à stopper le langage de la provocation», a-t-il ainsi déclaré. Sur un ton très ferme, il a également dénoncé «le terrorisme d’où qu’il vienne», en allusion aux violences non seulement israéliennes mais également palestiniennes. «Nous dénonçons le terrorisme sous toutes ses formes parce qu’il est contraire à nos convictions morales et religieuses et parce que nous sommes convaincus que de telles méthodes nuisent à la cause juste qui est la notre», a-t-il également tenu à préciser.
L’appel de Mahmoud Abbas a aussitôt été rejeté par les groupes radicaux palestiniens. «Je ne crois pas que cet appel soit applicable parce que nos vies sont menacées par l’ennemi sioniste et qu’il est impératif de défendre notre terre», a ainsi affirmé l’un des dirigeants du Hamas, Abdelaziz al-Rantissi. Selon lui, rendre les armes aujourd’hui serait «une action suicidaire». «Nous résistons actuellement à une occupation qui se poursuit», a-t-il en outre rappelé en soulignant que le jour où cette occupation prendra fin, il sera alors temps de parler de désarmer. Abdelaziz al-Rantissi a toutefois affirmé que son mouvement tenterait autant que possible d’«éviter les confrontations» si les forces de sécurité essayaient de désarmer les militants du Hamas. Le Jihad islamique, un autre groupe radical palestinien, a de son côté insisté sur la nécessité de protéger «les armes de la résistance». «Le peuple palestinien est la cible d’agressions continues et l’occupation se poursuit», a dénoncé l’un de ses porte-parole. Dans ce contexte, a-t-il précisé, «il est impératif que l’une de nos priorités soit de faire face aux agressions». Cette réaction immédiate des islamistes palestiniens confirme l'ampleur monumentale de la tâche qui attend Mahmoud Abbas.
Le Premier ministre a certes obtenu sans trop de difficultés la confiance du parlement palestinien. Cinquante et un député ont voté son investiture, 18 s’y sont opposés et 3 parlementaires se sont abstenus. Mais il devra faire ses preuves sur le plan intérieur. Dans son discours aux députés, il s’est certes engagé à s’attaquer à la corruption. «Le gouvernement n’hésitera pas à juger les personnes accusées de corruption», a-t-il notamment affirmé. Mais de nombreuses voix s’élèvent d’ores et déjà pour dénoncer le choix de ses ministres, dont certains traînent une réputation sulfureuse.
par Mounia Daoudi
Article publié le 29/04/2003