Irak
Armes prohibées: Washington dans l’embarras
Près d’un mois après la chute de Bagdad, les forces de la coalition n’ont toujours pas mis la main sur les armes de destruction massive que le régime de Saddam Hussein était sensé détenir et qui étaient la principale justification à une intervention militaire contre l’Irak. Les troupes américano-britanniques ont certes annoncé à plusieurs reprises la découverte soit d’ogives soit de fûts chimiques en importante quantité mais ces informations, largement reprises par la presse, ont par la suite été démenties. Embarrassée par les critiques qui commencent à se multiplier, l’administration américaine, qui refuse toujours le retour en Irak des experts de l’ONU, continue d’affirmer que ces armes existent bel et bien mais que leur découverte risque de prendre du temps.
«Où est Saddam ? Où sont les arsenaux d’armes de destruction massive s’ils ont existé ? Peut-être Saddam se cache-t-il dans un bunker assis sur une caisse d’armes de destruction massive ?». Ces propos ironiques de Vladimir Poutine, opposé avec Jacques Chirac et Gerhard Schröder à une guerre contre l’Irak, résument aujourd’hui les nombreuses critiques dont sont la cible Américains et Britanniques. Alors que Washington et Londres ont largement justifié leur intervention contre le régime de Saddam Hussein par la menace que représentaient ses armes de destruction massive, aucune trace de leur existence n’a pour l’instant été découverte. Au point où George Bush et les poids lourds de son administration multiplient ces derniers jours les déclarations pour expliquer que retrouver ces armes prohibées «prendra du temps». «Il est bien connu que Saddam Hussein avait des armes de destruction massive. Il a passé quatorze ans à les cacher mais nous les trouverons», a ainsi affirmé le président américain.
«Je n’ai jamais pensé qu’on allait trouver les armes de destruction massive simplement en tombant dessus», a pour sa part affirmé le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld. Selon lui, Saddam Hussein et son régime avaient appris à vivre avec les inspecteurs de l’ONU. «Nos informations montrent qu’ils essayaient systématiquement d’empêcher les experts de les retrouver mais nous y arriverons», a-t-il précisé. Ces déclarations tranchent singulièrement avec les affirmations de Colin Powell devant le Conseil de sécurité où il prétendait démontrer, preuves à l’appui, l’existence d’armes prohibées en Irak et ainsi justifier la guerre. Si le secrétaire d’Etat américain se dit aujourd’hui confiant sur la prochaine découverte de l’arsenal présumé de Saddam Hussein, il tient désormais des propos beaucoup plus mesurés. Concernant les armes nucléaires, il a ainsi déclaré qu’«aucune preuve n’avait jusqu’à présent été découverte» tout en précisant que Washington n’avait jamais accusé l’Irak d’en posséder mais de chercher à s’en doter. Et pour étayer son raisonnement, il a fait valoir que Saddam Hussein «ne s’était jamais séparé des infrastructures ou de la matière grise scientifique assemblée pour les utiliser».
Les dignitaires irakiens silencieux
L’incapacité des Etats-Unis à trouver toute trace d’armes de destruction massive les place dans une position inconfortable. Washington refuse en effet le retour en Irak des inspecteurs des Nations unies. Le sous-secrétaire d’Etat chargé du désarmement, John Bolton, l’a une nouvelle clairement rappelé à Moscou: «Je ne pense pas, a-t-il affirmé, qu’il y ait un rôle, à court terme, pour l’ONU pour chercher ou identifier ou saisir des armes de destruction massive», rejetant ainsi l’argument selon lequel des inspections qui ne seraient pas menées sous l’égide des Nations unies n’auraient aucune valeur. Washington a déjà envoyé 600 experts et analystes américains sur place et affirme avoir identifié quelque 600 sites ayant un rapport avec des armes de destruction massive. 70 auraient d’ores et déjà été examinés sans résultat.
Les services de renseignement américain, qui comptaient visiblement sur la coopération des dignitaires irakiens pour retrouver les armes prohibées, ont par ailleurs admis que les 19 dirigeants actuellement en captivité ne leur avaient fourni aucune information sur le sujet. George Bush a ainsi directement accusé l’ancien vice-Premier ministre Tarek Aziz, aux mains des Américains depuis le 24 avril, de mentir. «Il ne savait pas comment dire la vérité quand il était en fonction, il ne sait pas la dire en tant que prisonnier», a-t-il souligné. Les autorités irakiennes ont toujours affirmé ne pas détenir d’armes biologiques ou chimiques. Le général Hossam Mohamed Amine, ancien chef de l’Organisme national irakien de contrôle (en liaison avec les inspecteurs de l’ONU) et Amer al-Saadi, le conseiller scientifique de Saddam Hussein l’ont réaffirmé au moment de se rendre aux Américains. Washington, qui refuse de prendre en compte ces déclarations, affirme pour se justifier que les renseignements intéressants viendront de responsables moins haut placé dans la hiérarchie.
Ces tentatives d’expliquer pourquoi les armes de destruction massive n’ont toujours pas été découvertes en Irak révèlent l’embarras de l’administration Bush. Et cela d’autant plus que d’anciens experts du renseignement ont appelé le président américain à enquêter sur l’échec de la CIA et d’autres agences à retrouver ces armes prohibées. Un spécialiste des questions de défense, Seymour Hersh, affirme notamment que le numéro deux du Pentagone, Paul Wolfowitz, s’est entouré d’une équipe chargée d’évaluer les données obtenues par les différents services américains et au besoin de les contredire. Baptisée Office des projets spéciaux (OSP), cette équipe qui a supplanté la CIA auprès de la Maison Blanche, s’est appuyée sur les témoignages des transfuges irakiens pour démontrer l’existence des armes de destruction massive. Des armes dont la trace n’a toujours pas été trouvée.
«Je n’ai jamais pensé qu’on allait trouver les armes de destruction massive simplement en tombant dessus», a pour sa part affirmé le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld. Selon lui, Saddam Hussein et son régime avaient appris à vivre avec les inspecteurs de l’ONU. «Nos informations montrent qu’ils essayaient systématiquement d’empêcher les experts de les retrouver mais nous y arriverons», a-t-il précisé. Ces déclarations tranchent singulièrement avec les affirmations de Colin Powell devant le Conseil de sécurité où il prétendait démontrer, preuves à l’appui, l’existence d’armes prohibées en Irak et ainsi justifier la guerre. Si le secrétaire d’Etat américain se dit aujourd’hui confiant sur la prochaine découverte de l’arsenal présumé de Saddam Hussein, il tient désormais des propos beaucoup plus mesurés. Concernant les armes nucléaires, il a ainsi déclaré qu’«aucune preuve n’avait jusqu’à présent été découverte» tout en précisant que Washington n’avait jamais accusé l’Irak d’en posséder mais de chercher à s’en doter. Et pour étayer son raisonnement, il a fait valoir que Saddam Hussein «ne s’était jamais séparé des infrastructures ou de la matière grise scientifique assemblée pour les utiliser».
Les dignitaires irakiens silencieux
L’incapacité des Etats-Unis à trouver toute trace d’armes de destruction massive les place dans une position inconfortable. Washington refuse en effet le retour en Irak des inspecteurs des Nations unies. Le sous-secrétaire d’Etat chargé du désarmement, John Bolton, l’a une nouvelle clairement rappelé à Moscou: «Je ne pense pas, a-t-il affirmé, qu’il y ait un rôle, à court terme, pour l’ONU pour chercher ou identifier ou saisir des armes de destruction massive», rejetant ainsi l’argument selon lequel des inspections qui ne seraient pas menées sous l’égide des Nations unies n’auraient aucune valeur. Washington a déjà envoyé 600 experts et analystes américains sur place et affirme avoir identifié quelque 600 sites ayant un rapport avec des armes de destruction massive. 70 auraient d’ores et déjà été examinés sans résultat.
Les services de renseignement américain, qui comptaient visiblement sur la coopération des dignitaires irakiens pour retrouver les armes prohibées, ont par ailleurs admis que les 19 dirigeants actuellement en captivité ne leur avaient fourni aucune information sur le sujet. George Bush a ainsi directement accusé l’ancien vice-Premier ministre Tarek Aziz, aux mains des Américains depuis le 24 avril, de mentir. «Il ne savait pas comment dire la vérité quand il était en fonction, il ne sait pas la dire en tant que prisonnier», a-t-il souligné. Les autorités irakiennes ont toujours affirmé ne pas détenir d’armes biologiques ou chimiques. Le général Hossam Mohamed Amine, ancien chef de l’Organisme national irakien de contrôle (en liaison avec les inspecteurs de l’ONU) et Amer al-Saadi, le conseiller scientifique de Saddam Hussein l’ont réaffirmé au moment de se rendre aux Américains. Washington, qui refuse de prendre en compte ces déclarations, affirme pour se justifier que les renseignements intéressants viendront de responsables moins haut placé dans la hiérarchie.
Ces tentatives d’expliquer pourquoi les armes de destruction massive n’ont toujours pas été découvertes en Irak révèlent l’embarras de l’administration Bush. Et cela d’autant plus que d’anciens experts du renseignement ont appelé le président américain à enquêter sur l’échec de la CIA et d’autres agences à retrouver ces armes prohibées. Un spécialiste des questions de défense, Seymour Hersh, affirme notamment que le numéro deux du Pentagone, Paul Wolfowitz, s’est entouré d’une équipe chargée d’évaluer les données obtenues par les différents services américains et au besoin de les contredire. Baptisée Office des projets spéciaux (OSP), cette équipe qui a supplanté la CIA auprès de la Maison Blanche, s’est appuyée sur les témoignages des transfuges irakiens pour démontrer l’existence des armes de destruction massive. Des armes dont la trace n’a toujours pas été trouvée.
par Mounia Daoudi
Article publié le 08/05/2003