Irak
Bush déclare la fin des combats
En annonçant officiellement la fin «des opérations majeures de combat» en Irak, le président Bush devrait également donner le coup d’envoi à la phase de reconstruction du pays. L’annonce de cette nouvelle ère intervient alors que le sentiment anti-américain se fait de plus en plus croissant au sein de la population. A Falloujah, où 16 civils ont été tués par les forces américaines, la tension est de plus en plus vive tandis qu’à Bagdad les manifestations sont désormais quasi-quotidiennes pour réclamer le départ des Américains. Si l’administration Bush fait du rétablissement de la sécurité sa priorité avec notamment l’envoi de quelque 3 000 à 4 000 soldats supplémentaires, elle n’avance que très prudemment sur le terrain politique. Une rencontre réunissant quelque 300 opposants irakiens à l’ancien régime a certes été organisée lundi dernier. Mais les participants n’ont réussi à ce mettre d’accord que sur un point: la sécurité doit être assurée par les forces de la coalition.
George Bush a choisi de faire son annonce depuis le porte-avion USS Abraham Lincoln, de retour du Golfe après dix mois passés en mer pour essentiellement préparer puis participer à l’intervention militaire contre l’Irak. Dans son allocution retransmise à la télévision, le président américain ne devait pas annoncer la fin de la guerre mais celle «des opérations majeures de combat». Une subtilité qui a son importance puisque le porte-parole de la Maison Blanche, Ari Fleischer, a en effet tenu à préciser que le discours du chef de l’Etat «ne représentait pas, d’un point de vue légal, la fin des hostilités». Selon lui en effet, les forces américaines «continuent à essuyer des tirs et à riposter» et dans ce contexte, la guerre ne peut donc pas être considérée comme terminée. George Bush, qui devait justement faire allusion à la persistance de «poches de résistance», devrait surtout insister sur le fait que le peuple irakien jouit désormais de la liberté et que l’un des buts essentiels de la guerre lancée le 19 mars dernier a été atteint, à savoir le renversement du régime de Saddam Hussein.
Six semaines après avoir annoncé le début des hostilités, le président américain reprend donc la parole, non pas pour signifier que la guerre est finie ou que la coalition a remporté la victoire, mais pour annoncer aux Irakiens une nouvelle ère, celle de la reconstruction. Son discours intervient toutefois alors qu’un sentiment anti-américain est de plus en plus perceptible au sein de la population. A Falloujah, une petite ville située à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Bagdad, la tension est de plus en plus vive après la mort de seize civils, tués par des soldats américains. Dans la nuit de mercredi à jeudi et en signe de représailles, deux individus ont lancé des grenades par dessus le mur du bâtiment où sont installées les forces de la coalition, blessant sept militaires. Ce sentiment anti-américain est également largement perceptible à Tikrit, la ville natale de Saddam Hussein, où certains n’hésitent pas afficher ouvertement leur soutien au dictateur déchu. Les manifestations réclamant le départ des troupes de la coalition sont en outre désormais quasi-quotidiennes à Bagdad où la vie n’a toujours pas repris son cours normal. L’électricité n’a été rétabli que dans moins de la moitié des quartiers de la capitale et l’eau courante n’est distribuée que quelques heures par jour.
Priorité à la sécurité
Dans ce contexte de plus en plus tendu, la Maison Blanche veut faire du rétablissement de la sécurité sa priorité. L’équipe de Jay Garner a ainsi annoncé l’arrivée prochaine de 3 000 à 4 000 soldats supplémentaires dont la mission sera «de protéger Bagdad» où 12 000 militaires sont déjà présents. Ces hommes devront essentiellement prévenir les pillages, les incendies criminels et les vols à main armée qui se sont multipliés et ce malgré l’instauration d’un couvre-feu dans la capitale. Mais si les Irakiens sont certes excédés par l’insécurité qui règne dans la majeure partie du pays, ils commencent surtout à s’élever contre les problèmes qu’ils rencontrent au quotidien. L’équipe de Jay Garner s’efforce certes de résoudre pêle-mêle des questions aussi variées que le ramassage des ordures ou le rétablissement des services publics. Mais ces problèmes techniques se doublent la plupart du temps de problèmes politiques car les nouveaux administrateurs de l’Irak doivent faire un choix difficile, celui d’intégrer des Irakiens dans leur démarche. La question est en effet épineuse car il leur faut choisir des hommes qui ne soient pas compromis avec l’ancien régime et qui soient suffisamment connus de la population. Il est en effet primordial pour les Américains de ne pas apparaître comme des occupants plaçant à la tête des administrations du pays des hommes à leur solde.
Sur le terrain purement politique, l’administration Bush, qui affirme ne pas vouloir rester en Irak plus qu’il n’est nécessaire, doit faire face à une tâche encore plus ardue. Cette mission délicate devrait revenir à Paul Bremer, un fonctionnaire du département d’Etat proche de Colin Powell et qui pourrait dans les jours qui viennent être nommé administrateur civil de l’Irak. L’homme aura autorité sur le général Jay Garner en charge des questions humanitaires et de la reconstruction de l’Irak. Sa principale tâche sera d’aider à la mise en place d’un gouvernement intérimaire. Jay Garner a certes convoqué en début de semaine une réunion à laquelle ont participé quelque 300 anciens opposants à Saddam Hussein. Mais au vu de cette rencontre, le chemin semble bien long avant que ces participants, dont le critère de sélection demeure à ce jour inconnu, n’arrivent à se mettre d’accord. Même si Washington affirme que c’est aux Irakiens de choisir leurs dirigeants, Paul Bremer devra sans doute jouer le rôle d’arbitre entre les différents protagonistes de l’échiquier politique irakien aujourd’hui plus que jamais divisé. «Un congrès général national» doit se tenir dans quatre semaines pour définir les modalités de formation d’un gouvernement intérimaire. Des responsables politiques organisent d’ores et déjà des réunions pour parvenir à un consensus avant cette rencontre. Mais rien n’indique que ce consensus aura le soutien de la population irakienne.
Outre ces problèmes d’ordre technique et politique, Washington est également confronté à des difficultés sur le plan diplomatique. La Maison Blanche souhaite en effet une levée des sanctions internationales contre l’Irak mais elle se heurte à des pays comme la France et la Russie qu’elle a décidé d’écarter de la reconstruction de l’Irak. Sur le plan de la légalité internationale, l’une des conditions de la levée de ces sanctions est la constatation par le Conseil de sécurité que l’Irak, sur rapport des inspecteurs, ne possède plus d’armes de destruction massive. Or Washington s’oppose au retour des experts en désarmement des Nations unies. L’administration américaine qui n’a eu de cesse de clamer que le régime de Saddam Hussein possédait des armes prohibées n’a en outre à ce jour toujours pas prouvé leur existence.
Six semaines après avoir annoncé le début des hostilités, le président américain reprend donc la parole, non pas pour signifier que la guerre est finie ou que la coalition a remporté la victoire, mais pour annoncer aux Irakiens une nouvelle ère, celle de la reconstruction. Son discours intervient toutefois alors qu’un sentiment anti-américain est de plus en plus perceptible au sein de la population. A Falloujah, une petite ville située à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Bagdad, la tension est de plus en plus vive après la mort de seize civils, tués par des soldats américains. Dans la nuit de mercredi à jeudi et en signe de représailles, deux individus ont lancé des grenades par dessus le mur du bâtiment où sont installées les forces de la coalition, blessant sept militaires. Ce sentiment anti-américain est également largement perceptible à Tikrit, la ville natale de Saddam Hussein, où certains n’hésitent pas afficher ouvertement leur soutien au dictateur déchu. Les manifestations réclamant le départ des troupes de la coalition sont en outre désormais quasi-quotidiennes à Bagdad où la vie n’a toujours pas repris son cours normal. L’électricité n’a été rétabli que dans moins de la moitié des quartiers de la capitale et l’eau courante n’est distribuée que quelques heures par jour.
Priorité à la sécurité
Dans ce contexte de plus en plus tendu, la Maison Blanche veut faire du rétablissement de la sécurité sa priorité. L’équipe de Jay Garner a ainsi annoncé l’arrivée prochaine de 3 000 à 4 000 soldats supplémentaires dont la mission sera «de protéger Bagdad» où 12 000 militaires sont déjà présents. Ces hommes devront essentiellement prévenir les pillages, les incendies criminels et les vols à main armée qui se sont multipliés et ce malgré l’instauration d’un couvre-feu dans la capitale. Mais si les Irakiens sont certes excédés par l’insécurité qui règne dans la majeure partie du pays, ils commencent surtout à s’élever contre les problèmes qu’ils rencontrent au quotidien. L’équipe de Jay Garner s’efforce certes de résoudre pêle-mêle des questions aussi variées que le ramassage des ordures ou le rétablissement des services publics. Mais ces problèmes techniques se doublent la plupart du temps de problèmes politiques car les nouveaux administrateurs de l’Irak doivent faire un choix difficile, celui d’intégrer des Irakiens dans leur démarche. La question est en effet épineuse car il leur faut choisir des hommes qui ne soient pas compromis avec l’ancien régime et qui soient suffisamment connus de la population. Il est en effet primordial pour les Américains de ne pas apparaître comme des occupants plaçant à la tête des administrations du pays des hommes à leur solde.
Sur le terrain purement politique, l’administration Bush, qui affirme ne pas vouloir rester en Irak plus qu’il n’est nécessaire, doit faire face à une tâche encore plus ardue. Cette mission délicate devrait revenir à Paul Bremer, un fonctionnaire du département d’Etat proche de Colin Powell et qui pourrait dans les jours qui viennent être nommé administrateur civil de l’Irak. L’homme aura autorité sur le général Jay Garner en charge des questions humanitaires et de la reconstruction de l’Irak. Sa principale tâche sera d’aider à la mise en place d’un gouvernement intérimaire. Jay Garner a certes convoqué en début de semaine une réunion à laquelle ont participé quelque 300 anciens opposants à Saddam Hussein. Mais au vu de cette rencontre, le chemin semble bien long avant que ces participants, dont le critère de sélection demeure à ce jour inconnu, n’arrivent à se mettre d’accord. Même si Washington affirme que c’est aux Irakiens de choisir leurs dirigeants, Paul Bremer devra sans doute jouer le rôle d’arbitre entre les différents protagonistes de l’échiquier politique irakien aujourd’hui plus que jamais divisé. «Un congrès général national» doit se tenir dans quatre semaines pour définir les modalités de formation d’un gouvernement intérimaire. Des responsables politiques organisent d’ores et déjà des réunions pour parvenir à un consensus avant cette rencontre. Mais rien n’indique que ce consensus aura le soutien de la population irakienne.
Outre ces problèmes d’ordre technique et politique, Washington est également confronté à des difficultés sur le plan diplomatique. La Maison Blanche souhaite en effet une levée des sanctions internationales contre l’Irak mais elle se heurte à des pays comme la France et la Russie qu’elle a décidé d’écarter de la reconstruction de l’Irak. Sur le plan de la légalité internationale, l’une des conditions de la levée de ces sanctions est la constatation par le Conseil de sécurité que l’Irak, sur rapport des inspecteurs, ne possède plus d’armes de destruction massive. Or Washington s’oppose au retour des experts en désarmement des Nations unies. L’administration américaine qui n’a eu de cesse de clamer que le régime de Saddam Hussein possédait des armes prohibées n’a en outre à ce jour toujours pas prouvé leur existence.
par Mounia Daoudi
Article publié le 01/05/2003