Irak
Des charniers découverts à Babylone
C’est à proximité de la ville d’Al-Hilla, dans la province de Babylone, qu’a été découvert un énorme charnier qui pourrait contenir les corps de plusieurs milliers de prisonniers exécutés sous le régime de Saddam Hussein. Les familles des personnes portées disparues, parfois depuis de nombreuses années, se succèdent sur ces terrains de désolation pour essayer de retrouver la trace de leur proche dans l’espoir de pouvoir enfin leur donner une sépulture décente.
Un vaste terrain rempli de dizaines de trous béants creusés à la pelleteuse, des hommes et des femmes qui errent d’un endroit à l’autre et inspectent désespérément chaque petit tas d’ossements pour essayer d’identifier un parent ou un ami dont ils sont sans nouvelle depuis des mois ou des années, des cris, des pleurs, on assiste à un bien triste spectacle sur le site du charnier qui vient d’être découvert dans la province de Babylone, à une centaine de kilomètres au sud de Bagdad.
Le Congrès national irakien a indiqué que cette gigantesque fosse commune pourrait contenir «jusqu’à 15 000 corps» de personnes massacrées par les hommes de Saddam Hussein. Trois mille cadavres ont déjà été exhumés par des volontaires arrivés des villages de la région. Les ossements des victimes sont regroupés dans des sacs en plastique avec les restes de leurs effets personnels (vêtements, bijoux) ou de leurs papiers d’identité. C’est grâce à la présence de ces preuves sur les dépouilles qu’environ 1 500 d’entre elles ont été identifiées par les familles ou les proches.
Les cadavres qui ont été ensevelis près de Babylone sont certainement, pour la plupart, ceux de chiites exécutés en 1991. Après la première guerre du Golfe, Saddam Hussein a en effet lancé contre cette population qui avait tenté de se rebeller, une terrible répression. Des hommes, militaires et civils, mais aussi des femmes et des enfants font partie des victimes. Les fermiers qui occupent les terrains avoisinants, dont les témoignages ont d’ailleurs permis de mener les recherches pour découvrir ce charnier, commencent à raconter les scènes auxquelles ils ont assisté il y a douze ans. Ils lèvent ainsi une partie du voile sur les exactions commises sous le régime de Saddam Hussein.
Des convois vers la mort
Les prisonniers arrivaient dans des cars qui contenaient 20 ou 40 personnes à chaque voyage. Ils étaient ensuite exécutés par balle, jetés dans des fosses creusées au préalable par des bulldozers et recouverts de terre par le même moyen. Ces sinistres convois vers la mort auraient duré plus d’un mois. Nul ne sait pour l’instant combien des milliers de personnes portées disparues depuis cette époque sont ensevelies dans ce champ. Et on ne le saura peut-être jamais exactement. Car les exhumations se font dans le plus grand désordre et sans aucun contrôle.
Les représentants d’association de défense des droits de l’homme qui se trouvent sur le terrain regrettent d’ailleurs cette situation. Peter Bouckaert, un délégué de Human Rights Watch, a ainsi déclaré : «Nous ne saurons vraisemblablement jamais le nombre exact de corps. Toutes les preuves sont en train d’être détruites». Ces fouilles sont en effet menées dans l’urgence et dans la détresse au milieu des pères, des mères, des frères, des sœurs, des enfants de disparus. Mais comment expliquer à des gens qui vivent depuis des années dans l’angoisse et la peur qu’il faut encore attendre, le jour où ils espèrent enfin savoir la vérité. Tous ceux qui ont identifié le cadavre d’un de leur proche repartent donc sans attendre avec ses restes pour lui donner une sépulture décente. C’est pour le moment la seule préoccupation des populations pour lesquelles le simple fait de découvrir un tel charnier suffit à montrer le caractère sanglant de l’ancien régime irakien. Du coup, il n’est pas possible de recueillir et préserver tous les éléments nécessaires pour pouvoir mener des actions judiciaires contre les responsables de ces actes.
Pour les associations, les Américains portent une grande part de la responsabilité dans cette situation. Ils n’ont pas envoyé de personnels qualifiés sur place mais seulement des soldats. Et en l’absence de médecins légistes, la plupart des corps sortis de terre sans aucune précaution ne pourront jamais être identifiés. Ce charnier, qui pourrait bien être le plus grand découvert en Irak, ne livrera donc sûrement pas tous ses secrets.
Le Congrès national irakien a indiqué que cette gigantesque fosse commune pourrait contenir «jusqu’à 15 000 corps» de personnes massacrées par les hommes de Saddam Hussein. Trois mille cadavres ont déjà été exhumés par des volontaires arrivés des villages de la région. Les ossements des victimes sont regroupés dans des sacs en plastique avec les restes de leurs effets personnels (vêtements, bijoux) ou de leurs papiers d’identité. C’est grâce à la présence de ces preuves sur les dépouilles qu’environ 1 500 d’entre elles ont été identifiées par les familles ou les proches.
Les cadavres qui ont été ensevelis près de Babylone sont certainement, pour la plupart, ceux de chiites exécutés en 1991. Après la première guerre du Golfe, Saddam Hussein a en effet lancé contre cette population qui avait tenté de se rebeller, une terrible répression. Des hommes, militaires et civils, mais aussi des femmes et des enfants font partie des victimes. Les fermiers qui occupent les terrains avoisinants, dont les témoignages ont d’ailleurs permis de mener les recherches pour découvrir ce charnier, commencent à raconter les scènes auxquelles ils ont assisté il y a douze ans. Ils lèvent ainsi une partie du voile sur les exactions commises sous le régime de Saddam Hussein.
Des convois vers la mort
Les prisonniers arrivaient dans des cars qui contenaient 20 ou 40 personnes à chaque voyage. Ils étaient ensuite exécutés par balle, jetés dans des fosses creusées au préalable par des bulldozers et recouverts de terre par le même moyen. Ces sinistres convois vers la mort auraient duré plus d’un mois. Nul ne sait pour l’instant combien des milliers de personnes portées disparues depuis cette époque sont ensevelies dans ce champ. Et on ne le saura peut-être jamais exactement. Car les exhumations se font dans le plus grand désordre et sans aucun contrôle.
Les représentants d’association de défense des droits de l’homme qui se trouvent sur le terrain regrettent d’ailleurs cette situation. Peter Bouckaert, un délégué de Human Rights Watch, a ainsi déclaré : «Nous ne saurons vraisemblablement jamais le nombre exact de corps. Toutes les preuves sont en train d’être détruites». Ces fouilles sont en effet menées dans l’urgence et dans la détresse au milieu des pères, des mères, des frères, des sœurs, des enfants de disparus. Mais comment expliquer à des gens qui vivent depuis des années dans l’angoisse et la peur qu’il faut encore attendre, le jour où ils espèrent enfin savoir la vérité. Tous ceux qui ont identifié le cadavre d’un de leur proche repartent donc sans attendre avec ses restes pour lui donner une sépulture décente. C’est pour le moment la seule préoccupation des populations pour lesquelles le simple fait de découvrir un tel charnier suffit à montrer le caractère sanglant de l’ancien régime irakien. Du coup, il n’est pas possible de recueillir et préserver tous les éléments nécessaires pour pouvoir mener des actions judiciaires contre les responsables de ces actes.
Pour les associations, les Américains portent une grande part de la responsabilité dans cette situation. Ils n’ont pas envoyé de personnels qualifiés sur place mais seulement des soldats. Et en l’absence de médecins légistes, la plupart des corps sortis de terre sans aucune précaution ne pourront jamais être identifiés. Ce charnier, qui pourrait bien être le plus grand découvert en Irak, ne livrera donc sûrement pas tous ses secrets.
par Valérie Gas
Article publié le 15/05/2003