Mondialisation
Les altermondialistes en prélude au G8
Le «Sommet pour un autre monde» a débuté près d’Evian où se tiendra à partir de dimanche le sommet du G8. Contre-sommet dont l’ordre du jour est calqué sur celui des Grands de la planète, cette rencontre de la société civile altermondialiste va présenter ses propositions en faveur d’une globalisation plus juste et plus humaine.
A l’ouverture du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des huit pays les plus industrialisés, le rassemblement des opposants à la mondialisation ultra-libérale prendra, dimanche 1er juin, la forme d’une manifestation où sont attendues plusieurs dizaines de milliers de personnes. Mais cette protestation traditionnelle des altermondialistes, comme on les appelle désormais, s’accompagne à partir de jeudi et pour trois jours d’un contre-sommet dont les conclusions seront remises lundi prochain à un collaborateur du président de la République française, hôte cette année à Evian du sommet du G8.
L’ordre du jour s’est ajusté sur celui de la rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement : solidarité, responsabilité, sécurité, démocratie. Sur chacun de ces thèmes les représentants des associations participantes ont quelque chose à dire, qu’il s’agisse des ONG de développement, de défense de l’environnement, des droits de l’homme. Toutes ont en commun l’affirmation que le G8 est «illégitime» pour gouverner le monde à lui seul, car aucun de ses membres n’a reçu de mandat pour cela. En revanche, leur surface économique, 80% de la richesse mondiale, leur confère des responsabilités, que d’ailleurs ils ne rejettent pas.
La société civile, qui se revendique proche des préoccupations des citoyens mais pour autant ne peut se prévaloir d’une représentativité démocratique, veut faire entendre une autre voix dans le concert des nations et promouvoir une autre voie pour la mondialisation.
Retour au multilatéralisme
En matière de solidarité, les associations qui oeuvrent en faveur du développement des pays du Sud demandent des engagements de la part des pays riches sur le financement de l’aide au développement. Cela s’accompagne de l’arrêt des pratiques des pays riches nuisibles à l’agriculture des pays en développement: ultra-libéralisme pour leur imposer les productions du Nord, d’un côté, subventions favorisant les exportations vers les pays du Sud, de l’autre. Cela passe aussi par l’annulation de la dette qui pèse sur ces pays, alors qu’ils continuent à rembourser près de 400 milliards de dollars par an aux pays du Nord, leurs créanciers. Les pays africains sont les premiers concernés mais le CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde) lance à cette occasion une pétition pour que soit effacée la dette de l’Irak car «le peuple irakien ne peut être tenu pour responsable des dettes contractées par Saddam Hussein et son régime politique». Ce faisant «il faut permettre au peuple irakien et à ses représentants librement élus d’entrer dans une nouvelle étape de son histoire».
Le thème de la responsabilité, celle des Etats mais aussi celle des entreprises multinationales devrait être un temps fort du G8. Le contre-sommet met en avant les propositions de la coalition «Publiez ce que vous payez », destinée à obliger les entreprises pétrolières, gazières et minières à déclarer les flux financiers aux gouvernements des pays dans lesquels elles opèrent. L’objectif est d’aboutir à terme à un instrument juridique international contraignant contre la corruption et le détournement des richesses naturelles. Plus généralement, les organisations au contre-sommet appellent à une économie respectueuse des droits sociaux et environnementaux.
Sur les questions de sécurité, et particulièrement depuis le 11 septembre 2001 la lutte contre le terrorisme, la Fédération internationale des droits de l’homme manifeste son inquiétude: «la lutte contre le terrorisme est de plus en plus détournée de son objectif premier par de nombreux Etats aux seules fins d’asseoir leur pouvoir ou légitimer leurs pratiques répressives». Face à cela les pays du G8 représentent 90% des exportations d’armes dans le monde.
Enfin, pour plus de démocratie dans les relations internationales, et notamment confrontés aux mesures unilatérales des Etats-Unis en Irak, les altermondialistes se prononcent pour un retour au multilatéralisme incarné par les Nations unies. De même les pays pauvres ne sont pas, selon eux, équitablement représentés au sein des institutions financières internationales qui bien souvent décident de leur sort. Les pays du G8 cumulent plus de 50% des droits de vote au FMI ou à la Banque mondiale.
Ecouter également
Bernard Pinaud , l'un des organisateurs du contre-G8 explique les enjeux des manifestations anti-mondialistes au micro de Pierre Ganz. (Invité matin 29 mai 2003, 8'26").
L’ordre du jour s’est ajusté sur celui de la rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement : solidarité, responsabilité, sécurité, démocratie. Sur chacun de ces thèmes les représentants des associations participantes ont quelque chose à dire, qu’il s’agisse des ONG de développement, de défense de l’environnement, des droits de l’homme. Toutes ont en commun l’affirmation que le G8 est «illégitime» pour gouverner le monde à lui seul, car aucun de ses membres n’a reçu de mandat pour cela. En revanche, leur surface économique, 80% de la richesse mondiale, leur confère des responsabilités, que d’ailleurs ils ne rejettent pas.
La société civile, qui se revendique proche des préoccupations des citoyens mais pour autant ne peut se prévaloir d’une représentativité démocratique, veut faire entendre une autre voix dans le concert des nations et promouvoir une autre voie pour la mondialisation.
Retour au multilatéralisme
En matière de solidarité, les associations qui oeuvrent en faveur du développement des pays du Sud demandent des engagements de la part des pays riches sur le financement de l’aide au développement. Cela s’accompagne de l’arrêt des pratiques des pays riches nuisibles à l’agriculture des pays en développement: ultra-libéralisme pour leur imposer les productions du Nord, d’un côté, subventions favorisant les exportations vers les pays du Sud, de l’autre. Cela passe aussi par l’annulation de la dette qui pèse sur ces pays, alors qu’ils continuent à rembourser près de 400 milliards de dollars par an aux pays du Nord, leurs créanciers. Les pays africains sont les premiers concernés mais le CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde) lance à cette occasion une pétition pour que soit effacée la dette de l’Irak car «le peuple irakien ne peut être tenu pour responsable des dettes contractées par Saddam Hussein et son régime politique». Ce faisant «il faut permettre au peuple irakien et à ses représentants librement élus d’entrer dans une nouvelle étape de son histoire».
Le thème de la responsabilité, celle des Etats mais aussi celle des entreprises multinationales devrait être un temps fort du G8. Le contre-sommet met en avant les propositions de la coalition «Publiez ce que vous payez », destinée à obliger les entreprises pétrolières, gazières et minières à déclarer les flux financiers aux gouvernements des pays dans lesquels elles opèrent. L’objectif est d’aboutir à terme à un instrument juridique international contraignant contre la corruption et le détournement des richesses naturelles. Plus généralement, les organisations au contre-sommet appellent à une économie respectueuse des droits sociaux et environnementaux.
Sur les questions de sécurité, et particulièrement depuis le 11 septembre 2001 la lutte contre le terrorisme, la Fédération internationale des droits de l’homme manifeste son inquiétude: «la lutte contre le terrorisme est de plus en plus détournée de son objectif premier par de nombreux Etats aux seules fins d’asseoir leur pouvoir ou légitimer leurs pratiques répressives». Face à cela les pays du G8 représentent 90% des exportations d’armes dans le monde.
Enfin, pour plus de démocratie dans les relations internationales, et notamment confrontés aux mesures unilatérales des Etats-Unis en Irak, les altermondialistes se prononcent pour un retour au multilatéralisme incarné par les Nations unies. De même les pays pauvres ne sont pas, selon eux, équitablement représentés au sein des institutions financières internationales qui bien souvent décident de leur sort. Les pays du G8 cumulent plus de 50% des droits de vote au FMI ou à la Banque mondiale.
Ecouter également
Bernard Pinaud , l'un des organisateurs du contre-G8 explique les enjeux des manifestations anti-mondialistes au micro de Pierre Ganz. (Invité matin 29 mai 2003, 8'26").
par Francine Quentin
Article publié le 29/05/2003