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Mondialisation

La confiance à l’ordre du jour du G8

Restaurer la confiance est l’objectif prioritaire fixé par Jacques Chirac au sommet du G8 qui se tient à Evian du 1er au 3 juin. Confiance dans le développement économique, le progrès social, la protection de l’environnement et la démocratie. Vaste programme qui implique, selon le président français, hôte de la rencontre, l’émergence de règles et d’institutions reconnues sur l’ensemble de la planète.
Parmi toutes les tâches que le président Chirac assigne au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des huit pays les plus industrialisés, il en est une, en filigrane, dont dépend en grande partie la réussite des autres : la réconciliation entre les Etats-Unis et les pays du camp de la paix en Irak, dont la France était tête de file. La réunion des ministres de la diplomatie du G8, le 22 mai à Paris, devait contribuer à préparer le terrain, avant la rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement eux-mêmes.

Et c’est pourquoi, dans une intervention solennelle, devant ministres, chefs d’entreprises, ambassadeurs et représentants de la société civile, Jacques Chirac a dressé l’inventaire des priorités de cette rencontre. Sommet qu’il refuse de voir qualifié de «directoire du monde». Bien au contraire, le poids économique totalisé par les huit pays les plus industrialisés (Allemagne, Canada, France, Etats-Unis, Italie, Japon, Royaume-Uni, Russie) leur impose, selon Jacques Chirac, des responsabilités et leur confère une capacité d’impulsion et de mobilisation autour d’objectifs communs.

Ces objectifs communs sont, en premier lieu, le retour de la confiance dans la croissance économique. Chefs d’entreprise et responsables syndicaux des pays du G8 sont d’accord sur ce point. Ces derniers ont d’ailleurs demandé, lors d’une réunion à l’Elysée préparatoire au sommet, que les chefs d'Etat et de gouvernement conviennent à Evian d’un plan de relance mondial de la croissance économique et en faveur de l’emploi. Réduire le sentiment de vulnérabilité face aux effets pervers de la mondialisation, au terrorisme et à la prolifération des armes sont également de nature à redonner de l’élan aux agents économiques inquiets.

Gardes-fous sociaux et environnementaux

D’ores et déjà, Jacques Chirac annonce que le sommet d’Evian fera tout pour que l’économie mondiale redémarre, car toutes les conditions de son rebond sont maintenant réunies. Alan Greenspan, président de la Réserve fédérale américaine est plus nuancé face aux indicateurs conjoncturels décevants qui viennent d’être publiés. Et pour répondre aux «doutes» qui font obstacles a la reprise, le G8 confirmera sa «confiance dans l’économie de marché, pourvu que des gardes-fous existent en matière financière, sociale et environnementale».Pour cela, la prévention et le traitement rapide des crises financières régionales, ainsi que, dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce, des «règles du jeu précises» à la mondialisation, en matière de droit de l’homme de droits sociaux et environnementaux s’imposent. Cette revendication recoupe les préoccupations des organisations altermondialisation qui se réunissent tout près d’Evian en un contre-sommet.

En droite ligne de ses engagements au sommet France-Afrique de février dernier, le président Chirac entend faire une place particulière, parmi les pays pauvres, à l’Afrique. Il réaffirme la nécessité «d’un moratoire sur toutes les formes déstabilisantes de soutien aux exportations agricoles» car cela aussi fait partie des principes d’une économie de marché responsable.

Qu’attendre de ces trois jours de rencontres au sommet, dont une partie élargie aux dirigeants de pays émergents ou en développement comme l’Egypte, l’Algérie, le Nigeria, l’Afrique du sud, le Maroc, le Sénégal, le Brésil, le Mexique, la Malaisie, l’Inde ou la Chine ? La mise en oeuvre du plan d’action pour l’Afrique, adopté lors du précédent G8 à Kananaskis, au Canada, notamment l’ouverture des pays pauvres au marché des pays riches, la mobilisation de ressources financières pour le développement dont l’accès à l’eau potable. Dans la lutte contre le sida et les grandes endémies, Jacques Chirac, répondant aux critiques du président américain Bush, salue l’ampleur de l’engagement financier des Etats-Unis, 15 milliards de dollars sur cinq ans. Mais il relève la «difficile question» de l’accès aux médicaments dans les pays pauvres, point sur lequel les Américains défendent bec et ongles la propriété intellectuelle des laboratoires pharmaceutiques.

Autre pierre jetée dans le jardin de George Bush: la mise en oeuvre du protocole de Kyoto contre le réchauffement climatique dont les Etats-Unis refusent la signature. Là encore, annonçant l’adoption prochaine par la France d’une charte constitutionnelle de l’environnement, Jacques Chirac se veut «exemplaire».

A écouter également:
Anne Toulouse, correspondante à Washington
George W. Bush s'en prend à l'Europe, 22/05/2003



par Francine  Quentin

Article publié le 22/05/2003