Tabac
De nombreuses manifestations anti-tabac
Récent signataire de la convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la lutte anti-tabac, le Burkina entend marquer le coup de la journée mondiale placée sous le thème «cinéma et mode sans tabac». A l’initiative des organisations de la société civiles en collaboration avec le ministère de la Santé et l’OMS, plusieurs manifestations dont une marche sont au programme pour dénoncer le parrainage des événements culturels et des compétitions sportives par les firmes de tabac.
De notre correspondant au Burkina Faso
Ce fut l’une des images les plus insolites du dernier Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) : un petit groupe de manifestants brandissant des banderoles à la sortie de la salle de conférence du CBC où on vient de proclamer les prix spéciaux. Sur ces banderoles, on peut lire des messages contre le tabac dans le cinéma. Brève, la manifestation est peut-être passée inaperçue. Mais elle aura été plus que symbolique d’autant que le Fespaco est sponsorisé depuis quelques années par la marque de cigarettes Hamilton. En plus, c’est ce cigarettier qui donne officiellement le prix du meilleur court-métrage dont le trophée, taillé en bronze, représente tout simplement le logo de la marque Hamilton.
Un trophée que le lauréat de l’édition 2003, le jeune cinéaste burkinabè Adama Rouamba, ne s’est pas prié de brandir haut devant les officiels et les milliers de spectateurs réunis le 2 mars au stade municipal de Ouagadougou pour la clôture du Festival. Hamilton et le Fespaco ont même organisé quelques jours plus tard une réception bien médiatisée pour la remise du chèque qui accompagne le prix. Pour les associations burkinabè anti-tabac, ce furent sans doute les gestes de trop de la part de la direction du Fespaco. Le thème de la journée mondiale de cette année, «cinéma et mode sans tabac» ne pouvait trouver meilleure justification.
Pour marquer le coup de la journée mondiale, ces associations se montrent cette fois-ci plus actives. Regroupées à neuf au sein d’un collectif, elles envisagent une série de manifestations à compter du 31 mai à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays. D’abord dans la capitale, elles ont appelé à «une marche anti-tabac» dans l’après-midi du 31 mai. Les manifestants devaient quitter la place des Nations et remettre une déclaration au ministre du Commerce dénonçant les différentes alliances avec les firmes de cigarettes. Parallèlement, des banderoles avec des messages anti-tabac sont déployées devant une dizaine de salles de cinéma de la ville.
Soustraire le sport burkinabé de l’influence du tabac
A Bobo-Dioulasso, la plus importante manifestation prévue pour sensibiliser les populations contre les dangers de la cigarette est un cross populaire au cours duquel les coureurs devraient porter des tee-shirts sur lesquels on peut lire des messages liés à la journée mondiale sans tabac. Les associations nationales en relation avec l’OMS et le ministère burkinabè de la Santé entendent profiter des manifestations populaires prévues pour célébrer les 75 ans de la municipalité de Bobo-Dioulasso. C’est ainsi que les concerts programmés à cette occasion seront organisés pour faire passer des messages anti-tabac. Et au cours du défilé prévu ce 31 mai dans le cadre de ces festivités, les élèves de l’école de santé publique de la ville brandiront des banderoles avec des messages de sensibilisation.
Et comme le parrainage par les marchands de cigarettes s’étend au monde du sport, une course cycliste est organisée à Ouagadougou par les différents partenaires engagés dans la lutte contre le tabagisme. Le choix du cyclisme n’est pas un fait du hasard au Burkina Faso. Cette discipline est en manque de compétitions depuis le retrait de son sponsor, qui était un cigarettier ! La situation du cyclisme explique la forte dépendance des manifestations sportives et culturelles à l’égard du sponsoring des firmes de cigarettes. En effet, au Burkina, où l’Etat ne consacre que 0,6 % du budget national au sport (et qui plus est va essentiellement à l’équipe nationale de football), il est difficile d’imaginer une régularité dans les compétitions sportives sans un appui des marques de cigarettes. Ces dernières sont sollicitées à tous les niveaux : dans les championnats au sommet comme dans les tournois locaux. Par exemple, depuis 1999, la marque Excellence est le sponsor officiel de la fédération burkinabè de football avec une enveloppe annuelle de 200 millions de FCFA.
D’autres disciplines telles que la boxe, le basket-ball et bien sûr le cyclisme ont déjà bénéficié des largesses des cigarettiers. «Le retrait du sponsoring du sport par le tabac… constituerait un coup difficilement surmontable pour un certain nombre de disciplines dont le sevrage risque de signer le retour au tâtonnement», déclarait le directeur des sports de compétition lors d’une journée de réflexion sur le «sport sans tabac» au Burkina organisée en mai 2002. Pour autant, il ne se fait pas de doute que la pression est si forte qu’il va falloir tourner le dos aux firmes de cigarettes. Et pour cela, il propose aux pouvoirs publics d’envisager le plus rapidement des mesures d’accompagnement aux structures sportives… et culturelles.
Ce fut l’une des images les plus insolites du dernier Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) : un petit groupe de manifestants brandissant des banderoles à la sortie de la salle de conférence du CBC où on vient de proclamer les prix spéciaux. Sur ces banderoles, on peut lire des messages contre le tabac dans le cinéma. Brève, la manifestation est peut-être passée inaperçue. Mais elle aura été plus que symbolique d’autant que le Fespaco est sponsorisé depuis quelques années par la marque de cigarettes Hamilton. En plus, c’est ce cigarettier qui donne officiellement le prix du meilleur court-métrage dont le trophée, taillé en bronze, représente tout simplement le logo de la marque Hamilton.
Un trophée que le lauréat de l’édition 2003, le jeune cinéaste burkinabè Adama Rouamba, ne s’est pas prié de brandir haut devant les officiels et les milliers de spectateurs réunis le 2 mars au stade municipal de Ouagadougou pour la clôture du Festival. Hamilton et le Fespaco ont même organisé quelques jours plus tard une réception bien médiatisée pour la remise du chèque qui accompagne le prix. Pour les associations burkinabè anti-tabac, ce furent sans doute les gestes de trop de la part de la direction du Fespaco. Le thème de la journée mondiale de cette année, «cinéma et mode sans tabac» ne pouvait trouver meilleure justification.
Pour marquer le coup de la journée mondiale, ces associations se montrent cette fois-ci plus actives. Regroupées à neuf au sein d’un collectif, elles envisagent une série de manifestations à compter du 31 mai à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays. D’abord dans la capitale, elles ont appelé à «une marche anti-tabac» dans l’après-midi du 31 mai. Les manifestants devaient quitter la place des Nations et remettre une déclaration au ministre du Commerce dénonçant les différentes alliances avec les firmes de cigarettes. Parallèlement, des banderoles avec des messages anti-tabac sont déployées devant une dizaine de salles de cinéma de la ville.
Soustraire le sport burkinabé de l’influence du tabac
A Bobo-Dioulasso, la plus importante manifestation prévue pour sensibiliser les populations contre les dangers de la cigarette est un cross populaire au cours duquel les coureurs devraient porter des tee-shirts sur lesquels on peut lire des messages liés à la journée mondiale sans tabac. Les associations nationales en relation avec l’OMS et le ministère burkinabè de la Santé entendent profiter des manifestations populaires prévues pour célébrer les 75 ans de la municipalité de Bobo-Dioulasso. C’est ainsi que les concerts programmés à cette occasion seront organisés pour faire passer des messages anti-tabac. Et au cours du défilé prévu ce 31 mai dans le cadre de ces festivités, les élèves de l’école de santé publique de la ville brandiront des banderoles avec des messages de sensibilisation.
Et comme le parrainage par les marchands de cigarettes s’étend au monde du sport, une course cycliste est organisée à Ouagadougou par les différents partenaires engagés dans la lutte contre le tabagisme. Le choix du cyclisme n’est pas un fait du hasard au Burkina Faso. Cette discipline est en manque de compétitions depuis le retrait de son sponsor, qui était un cigarettier ! La situation du cyclisme explique la forte dépendance des manifestations sportives et culturelles à l’égard du sponsoring des firmes de cigarettes. En effet, au Burkina, où l’Etat ne consacre que 0,6 % du budget national au sport (et qui plus est va essentiellement à l’équipe nationale de football), il est difficile d’imaginer une régularité dans les compétitions sportives sans un appui des marques de cigarettes. Ces dernières sont sollicitées à tous les niveaux : dans les championnats au sommet comme dans les tournois locaux. Par exemple, depuis 1999, la marque Excellence est le sponsor officiel de la fédération burkinabè de football avec une enveloppe annuelle de 200 millions de FCFA.
D’autres disciplines telles que la boxe, le basket-ball et bien sûr le cyclisme ont déjà bénéficié des largesses des cigarettiers. «Le retrait du sponsoring du sport par le tabac… constituerait un coup difficilement surmontable pour un certain nombre de disciplines dont le sevrage risque de signer le retour au tâtonnement», déclarait le directeur des sports de compétition lors d’une journée de réflexion sur le «sport sans tabac» au Burkina organisée en mai 2002. Pour autant, il ne se fait pas de doute que la pression est si forte qu’il va falloir tourner le dos aux firmes de cigarettes. Et pour cela, il propose aux pouvoirs publics d’envisager le plus rapidement des mesures d’accompagnement aux structures sportives… et culturelles.
par Alpha Barry
Article publié le 31/05/2003