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Dominique Baudis : «Une effarante machination!»

Une très grave affaire de mœurs, mettant en cause des notables toulousains, vient d’éclater à la faveur du procès du tueur en série Patrice Alègre. L’ancien maire de Toulouse, Dominique Baudis, a été cité dans le dossier. Il contre-attaque publiquement.
Dimanche soir, 20 heures : sur le plateau du journal de la chaîne de télévision française TF1 l’ancien maire de Toulouse (1983-2001), actuel président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) révèle qu’il est la cible d’une dénonciation calomnieuse de la part de deux anciennes prostituées. Les faits remontent au début des années 90. Dominique Baudis déclare notamment : «Si l’on en croit les déclarations (…), je me serais trouvé, il y a une dizaine d’années à Toulouse, au centre de l’organisation de soirées sadomasochistes avec viols de mineurs, actes de barbarie, trafic de cocaïne et de valises de billets, meurtre d’un travesti. Bref, je serais donc un monstre, un personnage diabolique».

Dominique Baudis précise qu’il a pris l’initiative de révéler lui-même que son nom figure sur des procès-verbaux «théoriquement couverts par le secret de l’instruction, car c’est le seul moyen de lutter contre le poison de la rumeur».

Les deux femmes à l’origine de la dénonciation se sont confiées aux gendarmes responsables de l’enquête sur le tueur en série Patrice Alègre. Ce dernier purge déjà une peine de prison à perpétuité pour cinq meurtres et six viols. Il est mis en examen pour le meurtre de six autres personnes et, selon les déclarations des deux anciennes prostituées, il aurait été l’homme de main d’un réseau de prostitution, organisateur des fameuses soirées en question dont auraient profité des notables toulousains, magistrats, policiers, élus. Selon elles, Patrice Alègre aurait même été «protégé» par des policiers et des magistrats corrompus.

«Un puzzle dont les pièces se mettent en place»

Pour le moment, il se tait. Mais les déclarations de ses anciennes victimes aux gendarmes ont débouché sur l’ouverture d’informations judiciaires pour «viols aggravés et complicités», «proxénétisme en bande organisée», «tortures et actes de barbarie», «viols sur mineures par personne dépositaire d’une autorité publique». Si le nom de Dominique Baudis figure dans le dossier, il n’est toutefois pas spécifié que l’une de ces accusations pèse sur lui. Il n’est d’ailleurs pas mis en examen. Mais la dimension exceptionnelle prise par cette affaire et le sérieux manifesté par les enquêteurs, après de longues années d’attentisme suspect, semblent conforter les défenseurs des prostituées et de Patrice Alègre dans l’idée qu’il ne s’agit pas d’un simple proxénète tueur en série, mais que le pire s’est produit à Toulouse : une monstrueuse affaire de mœurs qui puise ses racines jusqu’au sein même de sa haute société.

«Ces accusations hallucinantes constituent une effarante machination montée de toute pièce contre moi. Il sera facile d’établir que ces actes abominables ne me concernent en rien», rétorque Dominique Baudis cité par l’AFP. «Mais la vraie question est : par qui et comment ces jeunes femmes ont-elles été poussées ou contraintes à formuler contre moi de telles ignominies ?», s’interroge-t-il. Et il suggère l’hypothèse qu’il serait victime d’un lobby de producteurs de films pornographiques en raison de son action au sein du CSA pour la protection de la jeunesse contre ce genre d’œuvre dont il a tenté, en vain, d’obtenir l’interdiction. Dans son édition du 20 mai, France-Soir publie la réponse de l’un des leaders de la production X en France : «C’est tout bonnement aberrant», s’insurge Marc Dorcel.

Dominique Baudis annonce son intention d’apporter son concours à la justice afin que toute la lumière soit faite et que «l’on démasque ceux qui sont derrière cette entreprise ignoble». Précisément, jeudi l’une des deux témoins doit être entendue par un juge d’instruction. Selon son avocate, elle ne reviendra pas sur ses accusations. «Nous sommes en face d’un puzzle dont les pièces se mettent en place petit à petit, un certain nombre de choses risquent encore d’apparaître», déclarait la semaine dernière à l’agence Reuters le procureur de Toulouse.



par Georges  Abou

Article publié le 20/05/2003