Russie
Moscou et Pékin renforcent leurs liens
C’est en Russie que le président chinois Hu Jintao, au pouvoir depuis deux mois, a décidé d’effectuer sa première visite à l’étranger en tant que chef d’Etat. Un séjour destiné à renforcer les liens qui unissent les deux pays, notamment dans le domaine énergétique.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon un rapport de l’Agence internationale de l’Energie, la Chine avait en 2001 une consommation de 5 millions de barils de pétrole par jour. Un chiffre qui devrait doubler au cours des vingt prochaines années, alors que la production pétrolière chinoise devrait, dans le même temps stagner, voire régresser. Les Chinois se trouvent donc confrontés à un défi majeur, celui de trouver les moyens d’assurer sur le plan énergétique leur croissance économique et industrielle. Un besoin qu’ils satisfaisaient jusque-là notamment en achetant du pétrole du Moyen-Orient, près de la moitié de leurs importations provenant de cette région. Mais la mainmise exercée par les Etats-Unis depuis quelques semaines sur l’industrie pétrolière irakienne pourrait radicalement changer la donne, Washington ayant la capacité de contrôler les exportations de brut irakien. D’où la volonté de Pékin de diversifier ses sources d’approvisionnement et de se rapprocher de son voisin russe, deuxième producteur d’or noir après l’Arabie Saoudite.
Après avoir connu douze années de crise entre 1987 et 1999 au cours desquelles la production a baissé de 50%, la Russie compte désormais sur une industrie pétrolifère en plein essor. Elle a ainsi vu se créer le mois dernier une entité prête à jouer un rôle essentiel au niveau mondial, un groupe né de la fusion des entreprises locales Ioukos et Sibneft. Une major 100% russe qui espère réussir à supplanter dans l’avenir les géants du secteur. Elle a d’ailleurs prévu d’augmenter de 26% ses livraisons de brut à la Chine cette année. Un chiffre qui devrait continuer à s’accroître une fois que la Russie aura mené à bien son projet d’oléoduc reliant les champs sibériens à l’Asie Pacifique. Une branche de ce pipeline de 2 400 kilomètres irait jusqu’à Daqing, place forte du pétrole chinois, située dans le nord du pays. Sa construction, dont l’achèvement est prévu pour 2005, permettrait à la Russie de fournir 30 millions de tonnes de pétrole par an. Et le financement de ce projet ne manquera pas d’être abordé lors de la visite en Russie du président Hu Jintao, Moscou semblant espérer que la Chine prenne en charge une partie des dépenses.
La crainte de l’hégémonie américaine
Les présidents russes et chinois ne se limiteront pas dans leurs conversations à la question pétrolière et parleront, de façon plus générale, des relations commerciales qui unissent leurs deux pays. «La croissance du commerce bilatéral a été constante sur les quatre dernières années», a déclaré Hu Jintao avant d’arriver lundi en Russie, où il doit rester six jours. Selon l’agence russe Interfax, ces échanges se montaient à 12 milliards de dollars en 2002, contre dix milliards en 2001. Et Pékin entretiendrait l’espoir de parvenir au chiffre de 20 milliards cette année, soit une augmentation de 60%. Une projection qui s’appuie notamment sur le grand dynamisme économique que connaissent ces deux pays, la Chine anticipant en 2003 un taux de croissance de 7% et la Russie de 5%. Moscou a notamment besoin de la technologie chinoise dans le domaine des communications pour moderniser son économie. En retour, la Chine lui achète beaucoup de matières énergétiques, du pétrole mais aussi beaucoup de gaz, ainsi que des armes.
La visite de Hu Jintao en Russie revêt également une grande importance sur le plan diplomatique. Moscou et Pékin partagent une même crainte de l’hégémonie de Washington et espèrent bien parvenir à contrebalancer la domination des Etats-Unis. Les deux pays s’étaient d’ailleurs opposés au sein du Conseil de sécurité à l’intervention américano-britannique en Irak, défendant l’action essentielle des Nations unies dans le concert international. Une position que le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois ont rappelée mardi en publiant une déclaration commune dans laquelle ils réaffirment la nécessité pour les Nations unies de jouer «un rôle central dans la construction de l’Irak d’après-guerre». Si le nom des Etats-Unis n’est pas mentionné dans ce document, il ne fait pas de doute que les critiques de la Russie et la Chine visent directement Washington dont la politique guerrière est clairement dénoncée. Derniers soutiens du régime de Pyongyang, la Russie et la Chine en ont également profité pour qualifier «d’inacceptable» tout recours à la force qui viserait à régler la crise nucléaire nord-coréenne.
Après avoir connu douze années de crise entre 1987 et 1999 au cours desquelles la production a baissé de 50%, la Russie compte désormais sur une industrie pétrolifère en plein essor. Elle a ainsi vu se créer le mois dernier une entité prête à jouer un rôle essentiel au niveau mondial, un groupe né de la fusion des entreprises locales Ioukos et Sibneft. Une major 100% russe qui espère réussir à supplanter dans l’avenir les géants du secteur. Elle a d’ailleurs prévu d’augmenter de 26% ses livraisons de brut à la Chine cette année. Un chiffre qui devrait continuer à s’accroître une fois que la Russie aura mené à bien son projet d’oléoduc reliant les champs sibériens à l’Asie Pacifique. Une branche de ce pipeline de 2 400 kilomètres irait jusqu’à Daqing, place forte du pétrole chinois, située dans le nord du pays. Sa construction, dont l’achèvement est prévu pour 2005, permettrait à la Russie de fournir 30 millions de tonnes de pétrole par an. Et le financement de ce projet ne manquera pas d’être abordé lors de la visite en Russie du président Hu Jintao, Moscou semblant espérer que la Chine prenne en charge une partie des dépenses.
La crainte de l’hégémonie américaine
Les présidents russes et chinois ne se limiteront pas dans leurs conversations à la question pétrolière et parleront, de façon plus générale, des relations commerciales qui unissent leurs deux pays. «La croissance du commerce bilatéral a été constante sur les quatre dernières années», a déclaré Hu Jintao avant d’arriver lundi en Russie, où il doit rester six jours. Selon l’agence russe Interfax, ces échanges se montaient à 12 milliards de dollars en 2002, contre dix milliards en 2001. Et Pékin entretiendrait l’espoir de parvenir au chiffre de 20 milliards cette année, soit une augmentation de 60%. Une projection qui s’appuie notamment sur le grand dynamisme économique que connaissent ces deux pays, la Chine anticipant en 2003 un taux de croissance de 7% et la Russie de 5%. Moscou a notamment besoin de la technologie chinoise dans le domaine des communications pour moderniser son économie. En retour, la Chine lui achète beaucoup de matières énergétiques, du pétrole mais aussi beaucoup de gaz, ainsi que des armes.
La visite de Hu Jintao en Russie revêt également une grande importance sur le plan diplomatique. Moscou et Pékin partagent une même crainte de l’hégémonie de Washington et espèrent bien parvenir à contrebalancer la domination des Etats-Unis. Les deux pays s’étaient d’ailleurs opposés au sein du Conseil de sécurité à l’intervention américano-britannique en Irak, défendant l’action essentielle des Nations unies dans le concert international. Une position que le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois ont rappelée mardi en publiant une déclaration commune dans laquelle ils réaffirment la nécessité pour les Nations unies de jouer «un rôle central dans la construction de l’Irak d’après-guerre». Si le nom des Etats-Unis n’est pas mentionné dans ce document, il ne fait pas de doute que les critiques de la Russie et la Chine visent directement Washington dont la politique guerrière est clairement dénoncée. Derniers soutiens du régime de Pyongyang, la Russie et la Chine en ont également profité pour qualifier «d’inacceptable» tout recours à la force qui viserait à régler la crise nucléaire nord-coréenne.
par Olivier Bras
Article publié le 27/05/2003