Russie
Les otages du théâtre demandent réparation
Une quarantaine de personnes ont décidé d’attaquer en justice la mairie de la capitale russe en dommages et intérêts après le dénouement tragique de la prise d’otages du théâtre de la Doubrovka au cours duquel 127 spectateurs ont été tués le 26 octobre. Jamais auparavant les victimes d’un acte terroriste n’avaient recouru à la justice.
Deux mois après la fin de la prise d’otages du théâtre de la Doubrovka par un commando tchétchène, la capitale russe vivait mardi une situation paradoxale. Alors que les guichets de cette salle de spectacle rouvraient pour vendre des billets de la comédie musicale Nord-Ost qui reprendra le 8 février, un tribunal de la capitale devait se pencher sur les plaintes de 38 anciens otages qui réclament de lourdes indemnisations financières.
L’examen de ces plaintes a finalement été repoussé au 16 janvier en raison de l’absence du représentant de la mairie de Moscou à cette audience. La municipalité de la capitale russe est directement visée par cette action judiciaire qu’elle n’a pas prise au sérieux dans un premier temps, qualifiant notamment les requêtes des victimes d’ «injustes et non fondées». Un tribunal moscovite a ensuite estimé que ce groupe d’anciens otages était dans son bon droit, donnant ainsi le feu vert à une procédure judiciaire qui s’annonce très longue.
Le dépôt de ces plaintes résulte du travail mené depuis plusieurs semaines par l’avocat russe Igor Trounov qui s’est efforcé de convaincre les otages de réclamer des dommages et intérêts à la municipalité de Moscou. Sa démarche s’appuie sur la loi de 1998 visant à lutter contre le terrorisme. D’après ce texte, il revient à la ville dans laquelle s’est produit un acte terroriste de dédommager les victimes. Proposant gratuitement ses services, Igor Trounov a été jusqu’à passer une petite annonce dans la presse locale pour réussir à contacter le plus grand nombre possible d’anciens otages.
Dans une interview accordée au quotidien français Libération, Igor Trounov explique pourquoi il s’est lancé dans cette lutte, épaulé par le cabinet de 24 avocats qu’il dirige. «Il y a de plus en plus d’actes terroristes en Russie et de plus en plus de victimes, et personne ne s’en préoccupe. Ainsi nous avons expliqué aux victimes leurs droits. Les plus courageux ont foncé, d’autres vont les suivre».
Un gaz toujours mystérieux
La libération du théâtre de Doubrovka par les forces spéciales russes s’est soldée par la mort de 129 otages, pratiquement tous tués par un gaz incapacitant utilisé pendant l’assaut. Le très lourd bilan de cette intervention militaire avait amené le président russe Vladimir Poutine à présenter ses excuses à la population. «Pardonnez-nous, nous n’avons pas pu sauver tout le monde», avait-il déclaré lors d’une intervention télévisée. Il avait alors également promis que l’Etat viendrait en aide aux familles des victimes et des centaines de blessés. Des promesses qui ne se sont traduites que par le versement de faibles sommes d’argent : chaque ancien otage a ainsi perçu 50.000 roubles (1525 euros), et chaque famille comptant un mort le double.
Le coût exorbitant des soins médicaux semble lui avoir été complètement oublié dans ces calculs. C’est en tout cas ce qu’affirment certains des plaignants défendus par Igor Trounov. Libération relate ainsi le calvaire d’un retraité âgé de 71 ans, Nikolaï Lioubimov, qui souffre depuis l’intervention des forces spéciales d’une paralysie progressive du côté gauche et qui doit désormais débourser chaque mois environ 1500 roubles (58 euros) en médicaments. Des dépenses que l’argent versé par les autorités russe ne parviendra jamais à rembourser.
Les plaintes en dommages et intérêts portent du coup sur des montants très élevés, les demandes variant de 450.000 à 1,5 million de dollars pour un total d’environ 40 millions de dollars. Une somme qui pourrait continuer à enfler avec la grande médiatisation de cette action judiciaire qui concerne les quelques 800 personnes prises en otage au théâtre de la Doubrovka. Au-delà de la simple indemnisation financière, un éventuel procès ne manquerait pas d’éveiller un intérêt majeur dans le monde entier. Car les autorités russes seraient alors probablement obligées de livrer des détails sur l’intervention des forces spéciales qui n’ont jusqu’à présent toujours pas révélé la composition du gaz utilisé le 26 octobre dernier.
L’examen de ces plaintes a finalement été repoussé au 16 janvier en raison de l’absence du représentant de la mairie de Moscou à cette audience. La municipalité de la capitale russe est directement visée par cette action judiciaire qu’elle n’a pas prise au sérieux dans un premier temps, qualifiant notamment les requêtes des victimes d’ «injustes et non fondées». Un tribunal moscovite a ensuite estimé que ce groupe d’anciens otages était dans son bon droit, donnant ainsi le feu vert à une procédure judiciaire qui s’annonce très longue.
Le dépôt de ces plaintes résulte du travail mené depuis plusieurs semaines par l’avocat russe Igor Trounov qui s’est efforcé de convaincre les otages de réclamer des dommages et intérêts à la municipalité de Moscou. Sa démarche s’appuie sur la loi de 1998 visant à lutter contre le terrorisme. D’après ce texte, il revient à la ville dans laquelle s’est produit un acte terroriste de dédommager les victimes. Proposant gratuitement ses services, Igor Trounov a été jusqu’à passer une petite annonce dans la presse locale pour réussir à contacter le plus grand nombre possible d’anciens otages.
Dans une interview accordée au quotidien français Libération, Igor Trounov explique pourquoi il s’est lancé dans cette lutte, épaulé par le cabinet de 24 avocats qu’il dirige. «Il y a de plus en plus d’actes terroristes en Russie et de plus en plus de victimes, et personne ne s’en préoccupe. Ainsi nous avons expliqué aux victimes leurs droits. Les plus courageux ont foncé, d’autres vont les suivre».
Un gaz toujours mystérieux
La libération du théâtre de Doubrovka par les forces spéciales russes s’est soldée par la mort de 129 otages, pratiquement tous tués par un gaz incapacitant utilisé pendant l’assaut. Le très lourd bilan de cette intervention militaire avait amené le président russe Vladimir Poutine à présenter ses excuses à la population. «Pardonnez-nous, nous n’avons pas pu sauver tout le monde», avait-il déclaré lors d’une intervention télévisée. Il avait alors également promis que l’Etat viendrait en aide aux familles des victimes et des centaines de blessés. Des promesses qui ne se sont traduites que par le versement de faibles sommes d’argent : chaque ancien otage a ainsi perçu 50.000 roubles (1525 euros), et chaque famille comptant un mort le double.
Le coût exorbitant des soins médicaux semble lui avoir été complètement oublié dans ces calculs. C’est en tout cas ce qu’affirment certains des plaignants défendus par Igor Trounov. Libération relate ainsi le calvaire d’un retraité âgé de 71 ans, Nikolaï Lioubimov, qui souffre depuis l’intervention des forces spéciales d’une paralysie progressive du côté gauche et qui doit désormais débourser chaque mois environ 1500 roubles (58 euros) en médicaments. Des dépenses que l’argent versé par les autorités russe ne parviendra jamais à rembourser.
Les plaintes en dommages et intérêts portent du coup sur des montants très élevés, les demandes variant de 450.000 à 1,5 million de dollars pour un total d’environ 40 millions de dollars. Une somme qui pourrait continuer à enfler avec la grande médiatisation de cette action judiciaire qui concerne les quelques 800 personnes prises en otage au théâtre de la Doubrovka. Au-delà de la simple indemnisation financière, un éventuel procès ne manquerait pas d’éveiller un intérêt majeur dans le monde entier. Car les autorités russes seraient alors probablement obligées de livrer des détails sur l’intervention des forces spéciales qui n’ont jusqu’à présent toujours pas révélé la composition du gaz utilisé le 26 octobre dernier.
par Olivier Bras
Article publié le 26/12/2002