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Russie

Les forces de l'ordre ont donné l'assaut

Les forces de l’ordre ont donné l’assaut samedi matin contre le théâtre de Moscou dans lequel des rebelles tchétchènes retenaient sept cents otages depuis mercredi. Le dernier bilan officiel fait état de 90 morts parmi les otages. Cinquante membres du commando auraient aussi été tués, parmi eux leur chef, Movsar Baraïev. Les forces spéciales russes sont intervenues après l’exécution de deux personnes avant la fin de l’ultimatum lancé, hier, par les preneurs d’otages tchétchènes. Elles se sont introduites dans l’édifice après avoir répandu des gaz pour neutraliser le commando.
La nuit a été sanglante à Moscou mais ce matin la prise d’otage en cours dans la capitale russe depuis mercredi soir est terminée. Après avoir tenté de négocier jusqu’à la dernière limite, Vladimir Poutine a finalement donné l’ordre aux forces spéciales de s’introduire dans le théâtre où étaient retenus sept cents otages depuis mercredi. L’exécution de deux d’entre eux dans le court de la nuit et des bruits d’explosion à l’intérieur du théâtre ont entraîné, vers 3h40, le déclenchement de l’intervention des troupes russes malgré les risques de bain de sang liés à cette opération.

L’assaut a été, semble-t-il, assez rapide. Les forces spéciales, qui étaient sur place depuis le début de la prise d’otage, avaient pris position et de petits groupes de militaires ont pénétré, le plus discrètement possible, dans le théâtre pour neutraliser les terroristes. Leur action avait été préparée par l’envoi de gaz paralysant destiné à empêcher les rebelles de réagir et de déclencher les bombes qu'ils avaient posées.

Le premier bilan officiel donné par le vice-ministre russe de l’Intérieur, Vladimir Vassiliev, faisait état de soixante-sept victimes parmi les otages et de «sept cent cinquante vies sauvées». En fin de journée, les autorités ont annoncé quatre-vingt-dix décès. Près de trois cent cinquante personnes ont été hospitalisées dans les établissements de santé de Moscou. Un «grand nombre» d’entre elles seraient dans un état grave. Certains otages qui ont respiré les gaz diffusés avant l’intervention pourraient avoir succombé à leurs effets secondaires (crises cardiaques). Le président Poutine s’est rendu au chevet des victimes samedi matin.

De nombreux otages sont dans un état grave

Cinquante membres du commando ont été tués lors de l’intervention. Leur chef, Movsar Baraïev, fait partie des morts. D’autres ont été arrêtés et le ministre russe de l’Intérieur, Boris Gryzlov, a démenti les informations selon lesquelles certains rebelles tchétchènes auraient réussi à s’échapper dans la ville au moment de l’assaut. Mais des témoins ont affirmé avoir vu deux hommes armés s’échapper.

Le commando avait commencé à faire monter la pression vendredi dans la soirée en lançant un ultimatum aux autorités russes. Ils demandait le retrait immédiat des forces de Moscou en Tchétchénie et promettait, s’il n’obtenait satisfaction, de commencer les exécutions d’otages dès samedi matin. Vladimir Poutine avait réagi très vite en déclarant que son «seul objectif» était de sauver la vie des otages pris au piège dans le théâtre et qu’il était prêt à «tout contact» pour aboutir à un règlement pacifique. Il avait promis la vie sauve aux terroristes s’ils acceptaient de relâcher les otages. Mais dans le même temps, il avait demandé au chef des forces spéciales, Nikoleï Patrouchev, de prendre contact avec les services occidentaux pour connaître leur méthode de gestion de ce type de crise et préparer un éventuel assaut contre le théâtre.

C’est donc finalement par la force et non la négociation que cette crise majeure a été réglée au bout de cinquante-sept heures d’angoisse. Si les autorités russes insistent sur le fait que le carnage a été évité, le nombre de victimes n’en est pas moins important. Et Vladimir Poutine dont la gestion de la guerre en Tchétchénie a été largement remise en cause ces derniers jours, ne sortira pas indemne de cette affaire même s’il est resté fidèle à sa méthode qui prône l’emploi de la manière forte et n’a pas cédé aux terroristes. Le problème tchétchène reste quant à lui entier.



par Valérie  Gas

Article publié le 26/10/2002