Russie
Les rebelles tchétchènes défient Poutine au cœur de Moscou
La prise d’otage de près d’un millier de personnes, dont une soixantaine d’étrangers, par un commando tchétchène a transporté au cœur de la capitale russe la guerre qui fait rage depuis 1999 dans cette petite république du Caucase. Elle constitue surtout une cuisante humiliation pour le président Poutine à l’origine de cette nouvelle guerre en Tchétchénie et qui jusqu’à présent avait refusé toute négociation avec les séparatistes. Cette opération, dont l’issue risque d’être dramatique, est par ailleurs une condamnation sans appel de la politique du président russe en Tchétchénie, qui avait pourtant reçu l’aval d’une majorité de ses concitoyens au moment de son arrivée au pouvoir. Profitant de ce drame, plusieurs partis politiques russes ont d’ores et déjà dénoncé l’impuissance du pouvoir et des forces de l’ordre.
Le président russe, Vladimir Poutine, a attendu dix-sept heures avant de se prononcer sur la prise d’otages perpétrée mercredi par un commando tchétchène dans un théâtre de Moscou. Selon lui, l’opération a été «planifiée depuis les centres terroristes étrangers». Il a également affirmé que «ce sont les mêmes personnes» qui ont organisé la prise d’otages dans la capitale russe et l’attentat de Bali qui a fait près de 200 morts il y a une quinzaine de jours. «Il n’y a aucun doute que les mêmes criminels qui ont terrorisé pendant de longues années la Tchétchénie appellent maintenant à l’arrêt des opérations de guerre», a-t-il également déclaré en faisant référence à la principale revendication des preneurs d’otages qui réclament «la fin de la guerre» dans la petite république du Caucase. «Ils avaient semé la mort et la destruction en Tchétchénie et hors de ses frontières et ils veulent l’étendre encore d’avantage», a encore affirmé le président russe, qui depuis les attentats du 11 septembre accuse les séparatistes tchétchènes d’appartenir à l’organisation al-Qaïda d’Oussama ben Laden.
Cette prise d’otages intervient pourtant alors qu’une amorce de discussions avec les indépendantistes avaient été récemment menée par le représentant du Kremlin chargé des droits de l’homme dans la petite république du Caucase. Ce dernier avait en effet annoncé avoir rencontré 14 députés tchétchènes proches d’Aslan Maskhadov pour tenter de sortir le conflit de l’enlisement. Le seul député tchétchène de la Douma, Aslabek Aslakhanov, qui tente actuellement de négocier avec les preneurs d’otages, avait également annoncé qu’il devait prochainement rencontrer en Suisse un émissaire du président indépendantiste. L’opinion russe semblait d’autre part de plus en plus favorable aux négociations avec les rebelles pour mettre fin à la guerre. Cette action du commando risque donc de porter un coup fatal à cette reprise de contacts même si le Kremlin avait prévenu que l’action menée en direction des séparatistes «ne reflétait pas la position de la présidence russe». Le président Poutine a en effet toujours refusé de négocier avec les rebelles un statut particulier pour cette république du Caucase.
Les critiques fusent en Russie
La classe politique russe a vivement dénoncé l’incapacité des forces de l’ordre à prévenir l’action du commando tchétchène. «Le chaos est en train de s’emparer du pays», a notamment déclaré Guennadi Ziouganov, le chef du parti communiste estimant que tous les russes «sont otages d’un pouvoir impuissant». Il a également rappelé qu’en une semaine un gouverneur avait été tué et une voituré-piégée avait explosé devant un McDonalds. Vladimir Loukine, du parti libéral de droite Iabloko, a pour sa part estimé que cette prise d’otages «portait un coup au prestige» des forces de l’ordre dont l’efficacité est, selon lui, «égale à zéro». Encore plus dur, l’ultra-nationaliste Vladimir Jirinovski a affirmé que cette opération est «une conséquence de la faiblesse des actions du pouvoir contre les terroristes». Il a préconisé de «répondre à ces actions par la force», estimant que «même s’il y a des victimes parmi les civils, cela permettra de sauver des milliers de vies».
Ces critiques interviennent par ailleurs alors que les preneurs d’otages semblent déterminés à aller jusqu’au bout de leur action. L’un d’entre eux, qui est intervenu en direct sur une radio moscovite, a ainsi affirmé que la petite république indépendantiste était «otage de la Russie depuis trois ans», date à laquelle les russes y sont intervenus militairement. «Les otages ne sont pas seulement dans la salle de spectacle mais aussi en Tchétchénie depuis trois ans et personnes ne se soucie de ces derniers», a-t-il notamment déclaré en précisant également que «trois mille enfants de moins de dix ans y ont été tués et quatre mille autres sont restés handicapés». Il a rappelé que cette opération avait pour principal objectif «l’arrêt immédiat des hostilité en Tchétchénie, l’ouverture de négociations et le retrait progressif des troupes russes». L’homme a enfin estimé que les autorités du Kremlin devaient négocier avec le président indépendantiste Aslan Maskhadov, dont le mouvement a pourtant nié toute relation avec les preneurs d’otages.
Cette prise d’otages intervient pourtant alors qu’une amorce de discussions avec les indépendantistes avaient été récemment menée par le représentant du Kremlin chargé des droits de l’homme dans la petite république du Caucase. Ce dernier avait en effet annoncé avoir rencontré 14 députés tchétchènes proches d’Aslan Maskhadov pour tenter de sortir le conflit de l’enlisement. Le seul député tchétchène de la Douma, Aslabek Aslakhanov, qui tente actuellement de négocier avec les preneurs d’otages, avait également annoncé qu’il devait prochainement rencontrer en Suisse un émissaire du président indépendantiste. L’opinion russe semblait d’autre part de plus en plus favorable aux négociations avec les rebelles pour mettre fin à la guerre. Cette action du commando risque donc de porter un coup fatal à cette reprise de contacts même si le Kremlin avait prévenu que l’action menée en direction des séparatistes «ne reflétait pas la position de la présidence russe». Le président Poutine a en effet toujours refusé de négocier avec les rebelles un statut particulier pour cette république du Caucase.
Les critiques fusent en Russie
La classe politique russe a vivement dénoncé l’incapacité des forces de l’ordre à prévenir l’action du commando tchétchène. «Le chaos est en train de s’emparer du pays», a notamment déclaré Guennadi Ziouganov, le chef du parti communiste estimant que tous les russes «sont otages d’un pouvoir impuissant». Il a également rappelé qu’en une semaine un gouverneur avait été tué et une voituré-piégée avait explosé devant un McDonalds. Vladimir Loukine, du parti libéral de droite Iabloko, a pour sa part estimé que cette prise d’otages «portait un coup au prestige» des forces de l’ordre dont l’efficacité est, selon lui, «égale à zéro». Encore plus dur, l’ultra-nationaliste Vladimir Jirinovski a affirmé que cette opération est «une conséquence de la faiblesse des actions du pouvoir contre les terroristes». Il a préconisé de «répondre à ces actions par la force», estimant que «même s’il y a des victimes parmi les civils, cela permettra de sauver des milliers de vies».
Ces critiques interviennent par ailleurs alors que les preneurs d’otages semblent déterminés à aller jusqu’au bout de leur action. L’un d’entre eux, qui est intervenu en direct sur une radio moscovite, a ainsi affirmé que la petite république indépendantiste était «otage de la Russie depuis trois ans», date à laquelle les russes y sont intervenus militairement. «Les otages ne sont pas seulement dans la salle de spectacle mais aussi en Tchétchénie depuis trois ans et personnes ne se soucie de ces derniers», a-t-il notamment déclaré en précisant également que «trois mille enfants de moins de dix ans y ont été tués et quatre mille autres sont restés handicapés». Il a rappelé que cette opération avait pour principal objectif «l’arrêt immédiat des hostilité en Tchétchénie, l’ouverture de négociations et le retrait progressif des troupes russes». L’homme a enfin estimé que les autorités du Kremlin devaient négocier avec le président indépendantiste Aslan Maskhadov, dont le mouvement a pourtant nié toute relation avec les preneurs d’otages.
par Mounia Daoudi
Article publié le 24/10/2002