Mondialisation
Le G8 pratique la méthode Coué
A l’issue du G8 d’Evian les associations organisatrices du sommet pour un autre monde clament leur déception. De fait, peu de décisions nouvelles dans la déclaration finale des huit pays les plus industrialisés. Reste le rapprochement entre Jacques Chirac et George W. Bush après les tensions de la guerre en Irak et la volonté de relancer la croissance économique en affichant confiance dans l’avenir.
En l’absence du président américain, déjà parti pour le Proche-Orient, les dirigeants des huit pays les plus industrialisés (l'Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, la France, l'Italie, le Japon, le Royaume-Uni et la Russie) ont clos le sommet du G8 d’Evian par une déclaration finale marquant leur confiance dans les capacités de croissance de leurs économies. L’hypothèque de la guerre en Irak levée, les chefs d’Etat et de gouvernement ne voient plus de raison pour que la croissance mondiale ne reparte pas à la hausse.
Cet optimisme affiché, destiné à lever les obstacles irrationnels à la consommation et l’investissement relèvent quelque peu de l’autosuggestion, dite méthode Coué. Le Fonds monétaire international est plus nuancé et ne croit pas que l’Irak ait été la seule explication à la morosité et les dirigeants des deux pays les moins dynamiques actuellement, l’Allemand Schröder et le Japonais Koizumi ne tablent pas sur une reprise immédiate. La faiblesse du dollar qui nuit aux économies européennes et japonaise a fait l’objet de discussions entre les Huit. Le président Bush est d’accord sur le principe d’un dollar fort, mais il s’empresse d’ajouter qu’il ne peut pas grand chose, le cours des changes relevant de la Réserve fédérale américaine.
A en croire le site internet officiel de la présidence française du sommet d’Evian, le G8 a adopté un nombre conséquent de plans d’action dans tous les domaines : l’eau, la santé, l’environnement, le développement durable, la lutte contre la pauvreté, la prolifération des armes et le terrorisme. Mais ces plans consistent, pour la plupart, en la réaffirmation d’engagements déjà pris lors de réunions internationales antérieures. Cet aspect est abondamment critiqué par les organisations altermondialistes, organisatrices du contre-sommet d’Annemasse. En cette fin de G8, les ONG affirment que «définitivement, le G8 ne sert à rien» et en donnent pour preuve le manque de garantie de financement de la lutte contre le sida ou de l’accès des pays pauvres aux médicaments génériques, l’absence de nouvelle initiative sur la dette et la réaffirmation d’une «réthorique néo-libérale» en matière d’ouverture du commerce mondial. Le prochain rendez-vous sur ce thème est donc fixé dans quatre mois à Cancun au Mexique, lors du sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Un dialogue renoué
Ce jugement sévère est nuancé par l’adoption de quelques mesures nouvelles en matière de lutte contre les armes de destruction massive et le terrorisme : renforcement des contrôles pour éviter la vente de missiles portables à des entités non étatiques et amélioration de la localisation des éléments radioactifs pour empêcher leur prolifération.
Le président Chirac a plaidé pour ces réunions au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement estimant «indispensable que les représentants des pays les plus puissants se rencontrent pour coopérer». En bref, «ce n’est pas le G8 mais l’absence de G8 que tous ceux qui sont attachés à la construction d’un monde plus juste et plus sûr devraient redouter». Ainsi, le G8 d’Evian ne restera probablement pas dans les mémoires comme le plus productif des sommets mais comme le moment où s’est renoué le dialogue entre les Etats-Unis et ses partenaires européens opposés à l’intervention militaire en Irak, à commencer par la France.
Cet optimisme affiché, destiné à lever les obstacles irrationnels à la consommation et l’investissement relèvent quelque peu de l’autosuggestion, dite méthode Coué. Le Fonds monétaire international est plus nuancé et ne croit pas que l’Irak ait été la seule explication à la morosité et les dirigeants des deux pays les moins dynamiques actuellement, l’Allemand Schröder et le Japonais Koizumi ne tablent pas sur une reprise immédiate. La faiblesse du dollar qui nuit aux économies européennes et japonaise a fait l’objet de discussions entre les Huit. Le président Bush est d’accord sur le principe d’un dollar fort, mais il s’empresse d’ajouter qu’il ne peut pas grand chose, le cours des changes relevant de la Réserve fédérale américaine.
A en croire le site internet officiel de la présidence française du sommet d’Evian, le G8 a adopté un nombre conséquent de plans d’action dans tous les domaines : l’eau, la santé, l’environnement, le développement durable, la lutte contre la pauvreté, la prolifération des armes et le terrorisme. Mais ces plans consistent, pour la plupart, en la réaffirmation d’engagements déjà pris lors de réunions internationales antérieures. Cet aspect est abondamment critiqué par les organisations altermondialistes, organisatrices du contre-sommet d’Annemasse. En cette fin de G8, les ONG affirment que «définitivement, le G8 ne sert à rien» et en donnent pour preuve le manque de garantie de financement de la lutte contre le sida ou de l’accès des pays pauvres aux médicaments génériques, l’absence de nouvelle initiative sur la dette et la réaffirmation d’une «réthorique néo-libérale» en matière d’ouverture du commerce mondial. Le prochain rendez-vous sur ce thème est donc fixé dans quatre mois à Cancun au Mexique, lors du sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Un dialogue renoué
Ce jugement sévère est nuancé par l’adoption de quelques mesures nouvelles en matière de lutte contre les armes de destruction massive et le terrorisme : renforcement des contrôles pour éviter la vente de missiles portables à des entités non étatiques et amélioration de la localisation des éléments radioactifs pour empêcher leur prolifération.
Le président Chirac a plaidé pour ces réunions au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement estimant «indispensable que les représentants des pays les plus puissants se rencontrent pour coopérer». En bref, «ce n’est pas le G8 mais l’absence de G8 que tous ceux qui sont attachés à la construction d’un monde plus juste et plus sûr devraient redouter». Ainsi, le G8 d’Evian ne restera probablement pas dans les mémoires comme le plus productif des sommets mais comme le moment où s’est renoué le dialogue entre les Etats-Unis et ses partenaires européens opposés à l’intervention militaire en Irak, à commencer par la France.
par Francine Quentin
Article publié le 03/06/2003