Etats-Unis
Explosion du sentiment antiaméricain dans le monde
La gestion américaine de la crise irakienne et la décision unilatérale d’engager une guerre contre le régime de Saddam Hussein ont été très mal perçues dans un grand nombre de pays. Une nouvelle enquête réalisée par le Pew Research Center au mois de mai 2003 montre que l’image des Etats-Unis a beaucoup souffert de la politique menée ces deniers mois par le président George W. Bush, sur lequel un grand nombre de critiques se focalisent. Cette perception négative ne se limite pas aux populations des pays musulmans, qui ont manifesté leur soutien à l’Irak, mais elle apparaît aussi au sein de celles de certains alliés traditionnels des Américains comme la France.
En terme d’image, l’intervention militaire en Irak a coûté cher aux Etats-Unis. La nouvelle enquête réalisée dans 20 pays et dans les territoires palestiniens par le Pew Research Center, un organisme indépendant, met en avant les dégâts occasionnés par une guerre dite «préventive» dont les justifications n’ont pas réussi à convaincre les populations. En un an, le pourcentage d’opinions favorables aux Etats-Unis a largement chuté.
Dans les huit pays musulmans où les populations ont été interrogées, l’anti-américanisme est devenu un sentiment extrêmement répandu. Huit Turcs ou Pakistanais sur dix, sept Libanais sur dix, les deux tiers des Marocains affirment désormais avoir une perception négative des Etats-Unis. En Jordanie, on atteint même le pourcentage record de 99% des sondés. Dans certains pays, qui il y a un an n’étaient pas hostiles aux Etats-Unis, le changement est spectaculaire. En Indonésie, par exemple, où le pourcentage d’opinions favorables est passé de 61 % en 2002 à 15 % actuellement. De même au Nigeria, où ce taux a chuté de 71 % à 38 %.
Les Etats-Unis sont désormais souvent considérés comme une menace potentielle pour l’Islam. Il s’agit-là d’un des effets collatéraux de la guerre contre le terrorisme menée par les Américains depuis les attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center et le Pentagone. Dans sept des pays musulmans intégrés dans l’enquête, les personnes interrogées ont ainsi fait part de leurs craintes face à une intervention militaire américaine dans leur pays. Au Pakistan, 64 % des sondés estiment désormais que l’Islam est menacé alors qu’ils n’étaient que 28 % à l’été 2002.
L’explosion du sentiment anti-américain provoquée notamment par l’intervention militaire en Irak a entraîné par ricochet un phénomène d’identification des populations musulmanes avec le dirigeant de l’organisation terroriste Al Qaïda responsable des attentats du 11 septembre, Oussama Ben Laden, qui est perçu comme le seul à avoir tenté de contrecarrer les Etats-Unis. En Indonésie, en Jordanie, au Maroc, au Pakistan, dans les Territoires palestiniens, ce dernier est considéré comme l’une des trois personnalités qui inspirent le plus confiance aux populations pour défendre leurs intérêts.
Non à la guerre préventive
La cote américaine n’a pas fléchi dans les seuls pays musulmans. En Europe aussi, la perception de la politique internationale américaine n’a pas été du goût de tout le monde. Si c’est à George W. Bush qu’est attribuée au premier chef la responsabilité de cette situation, l’hostilité rejaillit aussi sur la population. Et les relations entre les Etats-Unis et certains de leurs alliés traditionnels ne sortent pas indemnes des événements des derniers mois. Les Français ne sont que 43 % à avoir une opinion favorable des Etats-Unis, les Allemands 45 %, les Espagnols, dont le gouvernement s’est pourtant engagé clairement aux côtés de la coalition américano-britannique, 38%. Réciproquement, les Américains n’ont pas apprécié l’absence de soutien de la France et de l’Allemagne qui ont pris la tête du clan des anti-guerre. Les personnes sondées aux Etats-Unis n’ont été que 28 % à déclarer avoir un sentiment favorable à la France (contre 79 % en février 2002) et 44 % à l’Allemagne (contre 83 %).
La crise irakienne a aussi eu des répercussions sur la perception de l’efficacité des Nations unies. Leur incapacité à éviter le conflit a renforcé le sentiment que cette organisation n’a pas les moyens d’exercer une réelle influence sur les affaires du monde. A l’exception d’Israël et du Nigeria, les personnes interrogées dans les autres pays estiment aussi que la politique américaine est trop unilatérale, rejettent le concept de la guerre «préventive» et demandent plus d’indépendance par rapport aux Etats-Unis sur le plan diplomatique.
Paradoxalement, malgré une perception globalement négative des objectifs politiques et des méthodes américaines, l’enquête révèle que les populations interrogées dans les pays musulmans ne jettent pas le bébé avec l’eau du bain, qu’elles aspirent à la liberté et adhèrent généralement aux valeurs défendues par les Américains. Près des 50 % des musulmans sondés estiment ainsi que la démocratie à l’occidentale pourrait fonctionner dans leurs pays, à l’exception des Indonésiens et des Turcs.
Ecoutez également:
Meg Bortin, journaliste au Herald Tribune
Elle est l'invitée de Philippe Lecaplain. 4/06/2003, 6'25"
Dans les huit pays musulmans où les populations ont été interrogées, l’anti-américanisme est devenu un sentiment extrêmement répandu. Huit Turcs ou Pakistanais sur dix, sept Libanais sur dix, les deux tiers des Marocains affirment désormais avoir une perception négative des Etats-Unis. En Jordanie, on atteint même le pourcentage record de 99% des sondés. Dans certains pays, qui il y a un an n’étaient pas hostiles aux Etats-Unis, le changement est spectaculaire. En Indonésie, par exemple, où le pourcentage d’opinions favorables est passé de 61 % en 2002 à 15 % actuellement. De même au Nigeria, où ce taux a chuté de 71 % à 38 %.
Les Etats-Unis sont désormais souvent considérés comme une menace potentielle pour l’Islam. Il s’agit-là d’un des effets collatéraux de la guerre contre le terrorisme menée par les Américains depuis les attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center et le Pentagone. Dans sept des pays musulmans intégrés dans l’enquête, les personnes interrogées ont ainsi fait part de leurs craintes face à une intervention militaire américaine dans leur pays. Au Pakistan, 64 % des sondés estiment désormais que l’Islam est menacé alors qu’ils n’étaient que 28 % à l’été 2002.
L’explosion du sentiment anti-américain provoquée notamment par l’intervention militaire en Irak a entraîné par ricochet un phénomène d’identification des populations musulmanes avec le dirigeant de l’organisation terroriste Al Qaïda responsable des attentats du 11 septembre, Oussama Ben Laden, qui est perçu comme le seul à avoir tenté de contrecarrer les Etats-Unis. En Indonésie, en Jordanie, au Maroc, au Pakistan, dans les Territoires palestiniens, ce dernier est considéré comme l’une des trois personnalités qui inspirent le plus confiance aux populations pour défendre leurs intérêts.
Non à la guerre préventive
La cote américaine n’a pas fléchi dans les seuls pays musulmans. En Europe aussi, la perception de la politique internationale américaine n’a pas été du goût de tout le monde. Si c’est à George W. Bush qu’est attribuée au premier chef la responsabilité de cette situation, l’hostilité rejaillit aussi sur la population. Et les relations entre les Etats-Unis et certains de leurs alliés traditionnels ne sortent pas indemnes des événements des derniers mois. Les Français ne sont que 43 % à avoir une opinion favorable des Etats-Unis, les Allemands 45 %, les Espagnols, dont le gouvernement s’est pourtant engagé clairement aux côtés de la coalition américano-britannique, 38%. Réciproquement, les Américains n’ont pas apprécié l’absence de soutien de la France et de l’Allemagne qui ont pris la tête du clan des anti-guerre. Les personnes sondées aux Etats-Unis n’ont été que 28 % à déclarer avoir un sentiment favorable à la France (contre 79 % en février 2002) et 44 % à l’Allemagne (contre 83 %).
La crise irakienne a aussi eu des répercussions sur la perception de l’efficacité des Nations unies. Leur incapacité à éviter le conflit a renforcé le sentiment que cette organisation n’a pas les moyens d’exercer une réelle influence sur les affaires du monde. A l’exception d’Israël et du Nigeria, les personnes interrogées dans les autres pays estiment aussi que la politique américaine est trop unilatérale, rejettent le concept de la guerre «préventive» et demandent plus d’indépendance par rapport aux Etats-Unis sur le plan diplomatique.
Paradoxalement, malgré une perception globalement négative des objectifs politiques et des méthodes américaines, l’enquête révèle que les populations interrogées dans les pays musulmans ne jettent pas le bébé avec l’eau du bain, qu’elles aspirent à la liberté et adhèrent généralement aux valeurs défendues par les Américains. Près des 50 % des musulmans sondés estiment ainsi que la démocratie à l’occidentale pourrait fonctionner dans leurs pays, à l’exception des Indonésiens et des Turcs.
Ecoutez également:
Meg Bortin, journaliste au Herald Tribune
Elle est l'invitée de Philippe Lecaplain. 4/06/2003, 6'25"
par Valérie Gas
Article publié le 04/06/2003