Economie africaine
Doutes autour du Nepad à Durban
Le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) n’a pas fait que des optimistes, lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial sur l’Afrique, à Durban. Bonne gouvernance, transparence, lutte contre la corruption… En dehors de ces objectifs, les doutes persistent aussi sur les véritables chances d’un décollage économique du continent noir.
De notre correspondante à Johannesburg
«Les États-Unis seront un pays faible, s’ils choisissent de ne pas aider les nations les plus pauvres». Joaquim Chissano, le chef de l’État mozambicain, a donné le ton à Durban. «Les vrais problèmes du monde ont été négligés», a-t-il martelé, soulignant les conséquences de la guerre des États-Unis contre l’Irak, qui focalisent tous les bailleurs de fonds de la planète. Réunis du 11 au 13 juin dans la cité balnéaire sud-africaine, quelque 600 délégués venus de 40 pays se sont demandé, comme chaque année, comment faire prendre la croissance en Afrique. Et, question subsidiaire, concrétiser le Nepad.
Thabo Mbeki, quant à lui, s’est inquiété du manque de financement pour mettre sur pied les nouvelles institutions de l’Union africaine (UA, ex-OUA). Une Cour de justice et un Conseil de paix et de sécurité inspiré par le modèle onusien devraient être créés à Maputo (Mozambique), du 7 au 15 juillet, lors du prochain sommet des chefs d’État africains. De même, le mécanisme de surveillance mutuelle du Nepad, composé de six personnalités éminentes depuis le mois dernier, manque cruellement d’argent.
Cette nouvelle structure n’en a pas moins été présentée par Trevor Manuel, le ministre sud-africain des Finances, comme une «avancée majeure» et une «première mondiale» depuis la fin de la guerre froide. Ce dernier a par ailleurs critiqué les pays riches, en raison du poids «injustifiable» de la dette qu’il font peser sur les pays pauvres.
«Thabo Mbeki tend la main d’un côté, Trevor Manuel rejette la dette de l’autre… Par où commencer le développement ‘par et pour’ les Africains dont il est tant question ?», s’est interrogé le directeur d’une grande maison minière sud-africaine, surtout venu à Durban en «mission d’observation».
D’autres se sont interrogés sur l’avenir du mécanisme de surveillance mutuelle du Nepad, dont dépend la crédibilité de l’ensemble du programme. Pour l’instant, seulement 15 des 53 États membres de l’UA ont accepté de s’y soumettre… Thabo Mbeki, de son côté, a insisté sur le fait que l’acte constitutif de la nouvelle UA mentionne explicitement le respect de la bonne gouvernance et de la démocratie, mais aussi, pour la première fois dans l’histoire de l’Afrique, l’acceptation d’un principe d’intervention et de strictes sanctions.
La pauvreté s’aggrave dans la majorité des pays
Seul problème : pendant toute la réunion de Durban, il n’a pas été question du Zimbabwe, du moins dans le programme officiel. «Nous n’avons pas voulu compromettre les efforts de médiation entrepris dans ce pays», a expliqué Haiko Alfeld, le directeur Afrique du Forum économique mondial. La délégation zimbabwéenne était malgré tout la seconde, en termes d’importance, à être présente à Durban.
Selon une enquête d’opinion menée par les organisateurs avant la réunion, l’immense majorité des délégués estiment le Nepad «central» pour l’avenir de l’Afrique. Mais les trois quarts trouvent que le processus est trop lent. «En dehors du nouvel espoir que le Nepad représente, les projets concrets d’intégration économique, de transports, d’infrastructures, d’énergie restent dans les limbes», s’est plaint un délégué camerounais. «Tout se passe comme si le Nepad était un label apposé sur des projets divers et variés, qui relèvent tous de l’expansion africaine des firmes sud-africaines», a critiqué un homme d’affaires tanzanien.
Kwamena Bartels, ministre ghanéen du Développement du secteur privé, s’est montré moins optimiste que les officiels sud-africains. Il a rappelé que nombre de pays africains éprouvent quelque difficulté à respecter les engagements du Nepad en matière de transparence. «Il est important de laisser les conducteurs du Nepad aller de l’avant, a-t-il poursuivi, dans l’espoir que les autres, qui ne sont pas aussi engagés, se verront laissés à la traîne, et seront soumis à la pression de leur peuple pour commencer à bouger».
En attendant, Prega Ramsamy, le secrétaire exécutif de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a rappelé les délégués à d’autres engagements que le Nepad, mais non moins urgents. Depuis 1990, a-t-il affirmé, seulement 10 pays, en Afrique, ont réussi à réduire la pauvreté. Dans 23 autres, la situation s’est aggravée.
«Les États-Unis seront un pays faible, s’ils choisissent de ne pas aider les nations les plus pauvres». Joaquim Chissano, le chef de l’État mozambicain, a donné le ton à Durban. «Les vrais problèmes du monde ont été négligés», a-t-il martelé, soulignant les conséquences de la guerre des États-Unis contre l’Irak, qui focalisent tous les bailleurs de fonds de la planète. Réunis du 11 au 13 juin dans la cité balnéaire sud-africaine, quelque 600 délégués venus de 40 pays se sont demandé, comme chaque année, comment faire prendre la croissance en Afrique. Et, question subsidiaire, concrétiser le Nepad.
Thabo Mbeki, quant à lui, s’est inquiété du manque de financement pour mettre sur pied les nouvelles institutions de l’Union africaine (UA, ex-OUA). Une Cour de justice et un Conseil de paix et de sécurité inspiré par le modèle onusien devraient être créés à Maputo (Mozambique), du 7 au 15 juillet, lors du prochain sommet des chefs d’État africains. De même, le mécanisme de surveillance mutuelle du Nepad, composé de six personnalités éminentes depuis le mois dernier, manque cruellement d’argent.
Cette nouvelle structure n’en a pas moins été présentée par Trevor Manuel, le ministre sud-africain des Finances, comme une «avancée majeure» et une «première mondiale» depuis la fin de la guerre froide. Ce dernier a par ailleurs critiqué les pays riches, en raison du poids «injustifiable» de la dette qu’il font peser sur les pays pauvres.
«Thabo Mbeki tend la main d’un côté, Trevor Manuel rejette la dette de l’autre… Par où commencer le développement ‘par et pour’ les Africains dont il est tant question ?», s’est interrogé le directeur d’une grande maison minière sud-africaine, surtout venu à Durban en «mission d’observation».
D’autres se sont interrogés sur l’avenir du mécanisme de surveillance mutuelle du Nepad, dont dépend la crédibilité de l’ensemble du programme. Pour l’instant, seulement 15 des 53 États membres de l’UA ont accepté de s’y soumettre… Thabo Mbeki, de son côté, a insisté sur le fait que l’acte constitutif de la nouvelle UA mentionne explicitement le respect de la bonne gouvernance et de la démocratie, mais aussi, pour la première fois dans l’histoire de l’Afrique, l’acceptation d’un principe d’intervention et de strictes sanctions.
La pauvreté s’aggrave dans la majorité des pays
Seul problème : pendant toute la réunion de Durban, il n’a pas été question du Zimbabwe, du moins dans le programme officiel. «Nous n’avons pas voulu compromettre les efforts de médiation entrepris dans ce pays», a expliqué Haiko Alfeld, le directeur Afrique du Forum économique mondial. La délégation zimbabwéenne était malgré tout la seconde, en termes d’importance, à être présente à Durban.
Selon une enquête d’opinion menée par les organisateurs avant la réunion, l’immense majorité des délégués estiment le Nepad «central» pour l’avenir de l’Afrique. Mais les trois quarts trouvent que le processus est trop lent. «En dehors du nouvel espoir que le Nepad représente, les projets concrets d’intégration économique, de transports, d’infrastructures, d’énergie restent dans les limbes», s’est plaint un délégué camerounais. «Tout se passe comme si le Nepad était un label apposé sur des projets divers et variés, qui relèvent tous de l’expansion africaine des firmes sud-africaines», a critiqué un homme d’affaires tanzanien.
Kwamena Bartels, ministre ghanéen du Développement du secteur privé, s’est montré moins optimiste que les officiels sud-africains. Il a rappelé que nombre de pays africains éprouvent quelque difficulté à respecter les engagements du Nepad en matière de transparence. «Il est important de laisser les conducteurs du Nepad aller de l’avant, a-t-il poursuivi, dans l’espoir que les autres, qui ne sont pas aussi engagés, se verront laissés à la traîne, et seront soumis à la pression de leur peuple pour commencer à bouger».
En attendant, Prega Ramsamy, le secrétaire exécutif de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a rappelé les délégués à d’autres engagements que le Nepad, mais non moins urgents. Depuis 1990, a-t-il affirmé, seulement 10 pays, en Afrique, ont réussi à réduire la pauvreté. Dans 23 autres, la situation s’est aggravée.
par Liza Chaboussant
Article publié le 15/06/2003 Dernière mise à jour le 14/06/2003 à 22:00 TU