Pakistan
Attentat de Karachi: les terroristes condamnés à mort
Le tribunal antiterroriste chargé de juger les auteurs de l’attentat perpétré le 8 mai 2002 à Karachi qui avait coûté la vie à onze Français, a rendu son verdict lundi. Les trois terroristes reconnus coupables ont été condamnés à mort. Le quatrième a été acquitté faute de preuve. Leurs avocats ont tout de suite fait part de leur intention de faire appel devant la Haute cour.
«C’était un complot bien organisé. Un véhicule a été précipité contre le bus transportant les ingénieurs français. Il s’agissait d’un acte terroriste.» Pour le juge Feroze Mahmoud Bhatti, la culpabilité des accusés ne fait aucun doute. Ils ont bien participé à l’organisation de l’attentat suicide contre un car qui transportait des techniciens français de la Direction des constructions navales. Cette attaque a fait onze morts français, trois pakistanais et 23 blessés, le 8 mai 2002, à Karachi. En conséquence, la sentence -la peine de mort par pendaison- est totalement justifiée pour Assif Zahir, Ahmed Bachir et Mohammad Sohail, les trois terroristes qui répondaient aux accusations de meurtre, terrorisme, possession d’explosifs et complot.
Les deux premiers ont été arrêtés et ont assisté à leur procès organisé, pour des raisons de sécurité, dans un tribunal ad hoc à l’intérieur de la prison centrale de Karachi où ils sont incarcérés. Le troisième, toujours en fuite, a été condamné par contumace. C’est lui qui aurait été le cerveau de l’attentat de Karachi mais aussi d’autres actions terroristes contre des occidentaux organisées dans le courant de l’année 2002 au Pakistan. Les trois hommes font partie d’une organisation baptisée Harkat-oul Moudjahidine al-Alami, qui a changé de nom après que les Etats-Unis l’ont classée à la fin des années 90 sur la liste des organisations terroristes, et qui s’appelait auparavant Harkat-oul Ansar.
«Mon fils est jihadi… il n’a commis aucun crime»
La sentence suit les réquisitions de l’accusation qui avait réclamé la peine de mort pour les trois accusés, le 16 juin dernier. La défense a quant à elle fait part, dès l’énoncé du verdict, de son intention de faire appel auprès de la Haute cour pour obtenir l’acquittement d’Assif Zahir et d’Ahmed Bachir qu’elle avait déjà demandé lors du procès. L’un de leurs avocats a d’ailleurs déclaré : «Nous sommes sûrs à 100 % que la Haute cour va les acquitter». Les deux accusés, qui avaient pourtant fait des aveux durant leur détention préventive dans lesquels ils avaient d’ailleurs déclaré qu’ils voulaient en fait atteindre des Américains et non des Français, ont choisi de plaider non coupable des faits qui leur étaient reprochés.
A l’annonce du verdict, les familles des condamnés qui se trouvaient à l’extérieur de la prison ont laissé éclater leur désespoir. La mère d’Assif Zahir a ainsi justifié la participation de son fils, qui pour elle est innocent, à l’attentat de Karachi : «Mon fils est un jihadi [guerrier musulman] parce que c’est un devoir de l’islam, il n’a commis aucun crime». Elle a aussi mis en cause directement le régime de Pervez Musharraf accusé d’être complaisant à l’égard des Etats-Unis et a déclaré : «Ce procès a été organisé uniquement pour faire plaisir à l’Amérique». La grand-mère d’Ahmed Bachir a quant à elle estimé que le président Musharraf est en train «de provoquer la colère d’Allah».
La condamnation des trois terroristes qui ont participé à l’attentat de Karachi contre les techniciens français fait suite à d’autres verdicts sévères dans des affaires similaires au Pakistan. L’un des responsables de l’enlèvement et du meurtre du journaliste américain Daniel Pearl, l’islamiste Ahmed Omar Saïd Cheïkh, a ainsi été lui aussi condamné à mort l’année dernière. Quatre autres terroristes responsables de l’attentat suicide contre le consulat des Etats-Unis à Karachi ont d’autre part été reconnus coupables par un tribunal pakistanais en 2003.
En France, l’annonce du verdict n’a pas soulagé véritablement les familles des victimes de l’attentat qui restent sceptiques sur l’impact réel qu’il peut avoir. Gisèle Leclerc qui a perdu son mari Jean-Yves, âgé de 52 ans, lors de cette attaque suicide a ainsi déclaré : «Ils ont condamné les responsables mais pas tous les responsables : les commanditaires de l’attentat, ils sont en liberté, ils peuvent recommencer quand ils le veulent». La condamnation à mort des terroristes n’efface pas la douleur des familles qui regrettent de n’avoir pas été autorisées à rencontrer le président pakistanais Pervez Musharraf, en visite officielle en France à partir du 2 juillet, lors de son passage à Paris… «Comme par hasard la semaine où le verdict est rendu».
Les deux premiers ont été arrêtés et ont assisté à leur procès organisé, pour des raisons de sécurité, dans un tribunal ad hoc à l’intérieur de la prison centrale de Karachi où ils sont incarcérés. Le troisième, toujours en fuite, a été condamné par contumace. C’est lui qui aurait été le cerveau de l’attentat de Karachi mais aussi d’autres actions terroristes contre des occidentaux organisées dans le courant de l’année 2002 au Pakistan. Les trois hommes font partie d’une organisation baptisée Harkat-oul Moudjahidine al-Alami, qui a changé de nom après que les Etats-Unis l’ont classée à la fin des années 90 sur la liste des organisations terroristes, et qui s’appelait auparavant Harkat-oul Ansar.
«Mon fils est jihadi… il n’a commis aucun crime»
La sentence suit les réquisitions de l’accusation qui avait réclamé la peine de mort pour les trois accusés, le 16 juin dernier. La défense a quant à elle fait part, dès l’énoncé du verdict, de son intention de faire appel auprès de la Haute cour pour obtenir l’acquittement d’Assif Zahir et d’Ahmed Bachir qu’elle avait déjà demandé lors du procès. L’un de leurs avocats a d’ailleurs déclaré : «Nous sommes sûrs à 100 % que la Haute cour va les acquitter». Les deux accusés, qui avaient pourtant fait des aveux durant leur détention préventive dans lesquels ils avaient d’ailleurs déclaré qu’ils voulaient en fait atteindre des Américains et non des Français, ont choisi de plaider non coupable des faits qui leur étaient reprochés.
A l’annonce du verdict, les familles des condamnés qui se trouvaient à l’extérieur de la prison ont laissé éclater leur désespoir. La mère d’Assif Zahir a ainsi justifié la participation de son fils, qui pour elle est innocent, à l’attentat de Karachi : «Mon fils est un jihadi [guerrier musulman] parce que c’est un devoir de l’islam, il n’a commis aucun crime». Elle a aussi mis en cause directement le régime de Pervez Musharraf accusé d’être complaisant à l’égard des Etats-Unis et a déclaré : «Ce procès a été organisé uniquement pour faire plaisir à l’Amérique». La grand-mère d’Ahmed Bachir a quant à elle estimé que le président Musharraf est en train «de provoquer la colère d’Allah».
La condamnation des trois terroristes qui ont participé à l’attentat de Karachi contre les techniciens français fait suite à d’autres verdicts sévères dans des affaires similaires au Pakistan. L’un des responsables de l’enlèvement et du meurtre du journaliste américain Daniel Pearl, l’islamiste Ahmed Omar Saïd Cheïkh, a ainsi été lui aussi condamné à mort l’année dernière. Quatre autres terroristes responsables de l’attentat suicide contre le consulat des Etats-Unis à Karachi ont d’autre part été reconnus coupables par un tribunal pakistanais en 2003.
En France, l’annonce du verdict n’a pas soulagé véritablement les familles des victimes de l’attentat qui restent sceptiques sur l’impact réel qu’il peut avoir. Gisèle Leclerc qui a perdu son mari Jean-Yves, âgé de 52 ans, lors de cette attaque suicide a ainsi déclaré : «Ils ont condamné les responsables mais pas tous les responsables : les commanditaires de l’attentat, ils sont en liberté, ils peuvent recommencer quand ils le veulent». La condamnation à mort des terroristes n’efface pas la douleur des familles qui regrettent de n’avoir pas été autorisées à rencontrer le président pakistanais Pervez Musharraf, en visite officielle en France à partir du 2 juillet, lors de son passage à Paris… «Comme par hasard la semaine où le verdict est rendu».
par Valérie Gas
Article publié le 30/06/2003