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Aviation

Duel Airbus Boeing au Salon du Bourget

Le 45ème Salon aéronautique international du Bourget pourrait être une cuvée meilleure que prévu pour un secteur économique particulièrement touché par la crise. Les constructeurs civils attendent un redressement du trafic aérien et, côté défense, des perspectives de développement semblent se présenter.
Les compagnies aériennes et, par voie de conséquences, les constructeurs aéronautiques, ont connu la plus grave crise de leur histoire avec, successivement, la morosité économique, les attentats du 11 septembre 2001, la guerre en Irak et l’épidémie de SRAS en Asie. C’est pourquoi l’annonce par Airbus d’une grosse commande de la compagnie aérienne de Dubaï Emirates a été accueillie avec enthousiasme. Cette compagnie du Golfe, tablant sur l’importance grandissante de cette région du monde comme plaque tournante des vols entre l’Atlantique Nord, l’Europe et l’Asie, a conclu avec le consortium européen Airbus un contrat portant sur l’achat de 41 appareils dont 21 exemplaires du futur avion géant A380 de plus de 500 sièges, et 20 gros porteurs de moindre capacité. La commande porte sur une valeur totale d’environ 12,5 milliards de dollars pour des avions livrables entre 2004 et 2009. Le PDG d’Airbus Noël Forgeard s’est félicité de la plus importante commande de gros porteurs jamais faite à Airbus tant en nombre qu’en valeur.

Voilà qui pourrait bien placer la division aviation commerciale du groupe européen d’aéronautique et de défense EADS pour la première fois devant son concurrent américain Boeing. Airbus devrait livrer, cette année, 300 appareils et Boeing seulement 280. Les Européens prévoient aussi de conclure 250 ventes d’ici la fin 2003. De plus, la compagnie aérienne Qatar Airways devrait annoncer mercredi une commande à Airbus mais pas de nouvelles commandes de Boeing.

Le géant américain Boeing n’a cependant pas dit son dernier mot. Le constructeur de Seattle, contrairement à Airbus, fait le pari des avions à capacité moyenne, économiques et destinés aux liaisons dites «point à point» plutôt qu’aux «hubs» ou plateformes de transit qui se sont développées depuis dix ans. L’illustration de cette nouvelle stratégie de Boeing est le Dreamliner, d’une capacité de 200 à 250 passagers.

Projet d’un drone français

L’aéronautique de défense est un secteur industriel sur lequel les constructeurs font peser de grands espoirs. Boeing s’apprête à fêter le premier anniversaire de son nouveau pôle défense qui représente désormais autant que les avions civils. Et le groupe européen EADS prévoit une croissance de plus de 10% par an du chiffre d’affaires de sa toute nouvelle division défense et systèmes de sécurité. Jusqu’au PDG de Dassault Aviation, Charles Adelstenne, qui faisait part, à l’ouverture du Salon du Bourget, de ses incertitudes et interrogations sur l’avenir et s’est vu confier par le gouvernement français la maîtrise d’œuvre d’un programme de prototype d’avion de combat sans pilote ou drone. Ce projet porte sur 300 millions d’euros et devrait permettre d’associer les compétences technologiques d’autres industriels dont le groupe d’électronique Thalès.

On attend également la décision du gouvernement espagnol concernant le plus important investissement militaire de l'Espagne depuis plus d'une décennie. Selon le quotidien El Pais la préférence devrait aller au Tigre d'Eurocopter, filiale d’EADS, plutôt qu'à son concurrent américain Apache, fabriqué par Boeing.

En revanche, tous les acteurs du secteur aéronautique ne pavoisent pas. Arianespace, leader mondial des lancements de satellites commerciaux réduit ses effectifs de 350 à 250 personnes en raison d’une conjoncture internationale difficile. Et le motoriste italien FiatAvio annonce une baisse de son chiffre d’affaires en 2003 de l’ordre de 10%, en raison notamment de la faiblesse du dollar face à l’euro.



par Francine  Quentin

Article publié le 17/06/2003