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Aviation

Dernier atterrissage de <i>Concorde </i>à Paris

Concorde fait son ultime vol New-York-Paris : à 18 H 45 ce samedi, le commandant de bord abaissera pour la dernière fois la poignée des gaz, avant que les différents exemplaires ne soient dispersés dans des musées. British Airways va encore exploiter le Concorde pendant cinq mois, mais Air France met fin à une page mythique de son histoire.
Imaginé en 1960, Concorde est l'unique appareil supersonique de l'aviation civile. Il y a 40 ans, de nombreuses compagnies aériennes avaient commandé des Concordes, mais de désaccords économiques en pressions politiques, seules les compagnies Air France et British Airways ont finalement utilisé l’appareil en vols réguliers. Le nombre d'appareils en service n'a pas permis de réaliser les économies d'échelle indispensables pour amortir la recherche et la maintenance. Concorde restera un appareil mythique mais ses avancées technologiques réelles masquent mal une errance économique.

L'appareil compte peu de sièges, 92 passagers seulement, et son exploitation est très chère. L'aller-retour Paris New York atteint aujourd'hui 8 726 euros. Une somme, même pour des hommes d'affaires pressés de franchir l'Atlantique en trois heures (3H45 dans le sens New-York-Paris). Le Concorde ne s’est jamais vraiment remis de la catastrophe de Gonesse, au nord de Paris, le 25 juillet 2000, qui a fait 113 morts. Avec la crise économique mondiale, la réduction des coûts de transports, dans toute les entreprises, a tari cette source de passagers. Dans le même temps, les coûts de maintenance ont encore augmenté, ils ont même explosé de 72% au cours des derniers 18 mois, en raison du vieillissement de l'appareil. L'an dernier la remise à niveau permanente des équipements et des équipages, le manque de remplissage de l'appareil, et les augmentations du carburant (le supersonique est un gouffre en kérosène) ont coûté 50 millions d' euros à Air France. Le poids économique a eu raison du mythe.

Concorde dans un hangar

Air France a décidé de donner ses appareils à des institutions aéronautiques : le Technik Museum de Sinsheim (Allemagne), le National Air and Space Museum de la Smithsonian Institution de Washington, le Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget (nord de Paris) et le groupe aéronautique européen Airbus à Toulouse (sud-ouest de la France). Un cinquième appareil, qui servait à alimenter les quatre autres exemplaires en pièces détachées, devrait être exposé sur le site de l’aéroport Charles de Gaule, à Roissy.

British Airways, de son côté, va poursuivre son exploitation du supersonique jusqu’au 31 octobre grâce aux liaisons Londres-New-York, mieux remplies que les liaisons New-York-Paris. Mais la compagnie britannique a également décidé de confier ses huit appareils à des musées. Pas question de les vendre à qui que ce soit, même si le président-fondateur du groupe Virgin, Sir Charles Branson, se démène depuis un mois pour racheter au moins un appareil. Les mauvaise langues parlent de publicité sur le dos du mythe et souligne que la formation et les coûts de maintenance du Concorde dépassent les moyens de la compagnie aérienne Virgin Atlantic Airways. Sans successeur, le supersonique devrait rester une page glorieuse de l’histoire de l’aéronautique mondiale, et un souvenir inoubliable, pour ses passagers comme pour ses équipages.

A écouter :
La fin d'une épopée longue de 34 ans
La chronique Aviation de Philippe Lecaplain (31/05/2003).



par Annie  Fave

Article publié le 31/05/2003